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La correspondance entre Frédéric Mistral et Stéphane Mallarmé
Mistral, Frédéric (1830-1914)

Qui est Stéphane Mallarmé ?


Poète français, aux origines bourguignonnes et lorraines. Il est considéré comme le maître du symbolisme. Son métier de professeur d’anglais lui pèse et ses exigences littéraires très ambitieuses lui causent un fort sentiment d'impuissance. En octobre 1867, il obtient une mutation à Avignon, où il retrouve ses amis félibres Mistral, Roumanille et surtout Aubanel, avec lesquels il entretiendra une correspondance régulière. En 1871, il part à Paris et c'est là, au centre de la vie littéraire, qu'il commence à se dégager de son sentiment d'impuissance. Il se met à publier en abondance, et tous les mardis, il accueille chez lui les poètes et artistes de son temps.

Description de la correspondance

La correspondance de Frédéric Mistral à Stéphane Mallarmé est constituée d’une dizaine de lettres et cartes envoyées entre 1865 et 1879 qui traduisent une certaine proximité entre les deux hommes : à partir d’une date située entre 1868 et 1873 Mistral passe au tutoiement, ce qui dénote une certaine familiarité. Les échanges sont principalement d’ordre privé, voire intime : il est souvent question de la famille de Mallarmé et Mistral s’ouvre sur certains sujets sentimentaux. Plusieurs invitations de Mistral semblent montrer que les deux hommes devaient se rencontrer souvent dans le cadre privé, notamment à Maillane. Concernant la poésie, ce dernier encourage son ami à “sortir de la pénombre” et à se “laisser envahir par la nature”, on retrouve là le poète attaché au soleil et à la lumière qu’est Mistral : “le bonheur fait la lumière et la lumière fait la poésie”. Il parle aussi de sa propre démarche poétique, ce qui est finalement assez rare dans ses correspondances : “mon poème provençal plaira-t-il? Je l’ignore mais je le fais avec plaisir, avec passion, émotion même”.

Dans l’une des lettres, datée du 20 novembre 1873, Mistral répond à un “projet” de Mallarmé, dont il serait très difficile, à partir de cette seule lettre, de connaître les termes exacts. Mallarmé veut-il intégrer le Félibrige à un réseau plus large de poètes de toutes les nationalités qui se feraient les critiques et traducteurs les uns des autres? En tout cas l’idée ne séduit pas Mistral : la tâche serait trop importante, le poète deviendrait “l’employé d’une compagnie d’exploitation réciproque”, réduit “en servitude”, et cela nuirait à la poésie occitane, ce serait “la mort de toute spontanéité, de toute poésie sérieuse”. Mistral insiste au passage sur le manque d’institutions dont souffrent les poètes occitans, les lieux officiels de circulation de la langue et de la culture, parfaitement fonctionnels pour le français, ignorent complètement l’occitan et les Félibres ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour se faire connaître et apprécier du public : “pas un de nous n’a une minute de son temps à employer au service d’autre chose que de la Cause provençale”. Si Mistral reste attaché à l’idée de s’ouvrir et d’établir des liens avec les représentants d’autres cultures, il ne veut pas le faire au détriment de la sienne : les poètes occitans doivent concentrer leurs énergies sur la création poétique et la défense de la langue.

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