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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 3
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Jean Hebrard. Interprète
Gaspa, Marie. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète

Texte de l'épisode 3 :

Qui pouvait bien appeler à cette heure ? 

Sur l’écran du téléphone, on pouvait lire : Funérarium. J'avais oublié !

 Mathilde était assise sur une chaise de l'autre côté du salon. Elle avait l’air complètement épuisée : bouche ouverte et yeux mi clos. Toujours jeune et belle mais il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez cette petite jeune fille : peut être avait-elle faim ? C'était l'heure du repas, midi et demi. 

Pour le moment, je devais répondre : 

- "Allo ! Mademoiselle Belcaire ?" 

- "Bonjour ! C'est bien elle !"

- "Vous n'oubliez pas que la cérémonie se tiendra demain à quinze heures. " 

- "Oui, je sais" 

- "Nous avons besoin de quelques renseignements pour tout organiser."

- "Je vous écoute" 

- "Combien de personnes avez-vous invitées – pour les chaises ? Est-ce que vous avez prévu un sermon avec un curé – pour savoir combien de temps ça durera. Vous n'avez pas encore choisi l'urne pour les cendres.... " (La femme ne s'arrêtait pas...)

 

- "Alors : 25 personnes, pas de curé, deux discours de 5 minutes. Pour l'urne, je la choisirai demain. Nous arriverons aux alentours de deux heures et demie. "(C'était tout, mais la femme continuait et Mathilde était en train de tourner de l'oeil : elle avait besoin de manger.) 

- "Bon madame, j'ai un millier de choses à faire : au revoir. Nous reparlerons de tout ça demain. Bonne après-midi ! " 

Et cric et crac, je reposai le téléphone. 

- "Eh bien ! C'est pas trop tôt!" 

Je me dirigeai vers la cuisine. 

- "Mathilde, vous avez faim ? " 

- "Oui, si vous avez un petit quelque chose à grignoter, ça me ferait plaisir. Je pense qu'il y a longtemps que je n'ai rien mangé."

Je préparai une casserole de pâtes/pesto avec un peu de parmesan. Puis nous avons mangé, ou plutôt, elle a englouti deux assiettes pleines sans prendre le temps de respirer. Je n'osais rien dire et, de toute manière, je ne savais pas ce que j'aurais pu dire : on a le droit d'avoir faim. 

- "Merci Mademoiselle Belcaire, c'était bon." 

- "Maintenant peut-être que ça vous ferait du bien d'aller vous reposer un peu avant d'aller chez le notaire ?" 

- "Est-ce que je pourrais appeler mon ami ? Je ne lui dirai pas où je suis mais j'aimerais savoir comment il va, le pauvre. Il n'est pas loin, ça ne coûtera pas cher !"

- "Si ça vous fait plaisir, prenez le téléphone dans votre chambre : mais j'ai un forfait de deux heures : vous serez bien gentille de faire vite."

- "Merci Mademoiselle"

Elle prît le téléphone, ferma la porte de sa chambre et commença à parler, tellement doucement que je ne pouvais rien entendre. Puis elle revint poser le téléphone sur l'étagère et me dit : 

- "Merci, vous êtes bien gentille".

Elle retourna dans sa chambre. J'étais sûre que ses yeux étaient humides : elle avait pleuré, pécaire, que pouvais-je faire ? Si elle ne voulait rien me dire, moi je ne pouvais rien lui demander. Une nuit et demain Mathilde devrait trouver un autre logis : je n'étais pas mère Thérésa ! J'ai travaillé un peu – tellement de papiers à remplir pour l'enterrement!

Puis j'ai enfilé un « jean », une « chemise » - il faisait trop chaud pour s'habiller comme une dame, et je suis allée frapper à la porte de la chambre :

- "Mathilde, il est l'heure de partir !" 

- "J'arrive !" Elle sortit de la chambre avec une belle robe rouge, des chaussures d'été, rouges également : elle était jolie et élégante. Le trajet fut court. Et quand je suis entrée chez le notaire, j'étais fière d'être avec une si belle fille. Le notaire vint m'ouvrir la porte :

- "Bonjour Maître, je vous présente ma filleule, Mathilde !"

 

(Ça m'était venu comme ça : il fallait bien que je dise quelque chose ! Mathilde esquissa un petit sourire et s'assit sur un fauteuil en osier de Vallabrègues ) 

- "Enchanté, si vous voulez bien attendre ici Mathilde ! Peut- être que ce sera un peu long mais vous avez de quoi lire et si vous avez soif, il y a une bouteille d'eau et un verre." 

- "J'ai tout mon temps, merci beaucoup. Je serai bien ici."Nous sommes entrés dans l'étude de Maître Bardot : Paul n'était pas encore arrivé. C'était un beau bureau : deux grandes fenêtres qui donnaient sur un grand jardin avec des palmiers, des cèdres du Liban, des marronniers et j'avais l'impression d'être, assise dans un grand fauteuil vert Napoleon III, dans un roman du Balzac de Rodez.

- "Je vous ai demandé de venir un peu plus tôt parce qu'il y a un petit problème. Bien sûr votre oncle vous a bien légué à peu près tout ce qu'il avait. Mais il y a une chose pas très claire : votre cousin Paul avait un fermage sur la vigne du Clapas, qui fait deux hectares. Et la volonté de votre oncle est que Paul continue de travailler cette vigne c'est à dire que vous ne pourrez pas la vendre et que vous devrez le garder comme fermier. Le loyer n'est pas très élevé."

- "Ne vous faîtes pas de mauvais sang : même s'il la lui avait donnée cette vigne, il n'y aurait pas eu de problème. Je suis seule et j'ai assez d'argent pour vivre et voyager".

- "Autre chose : comme vous n'avez pas d'enfants, quand vous partirez pour l'autre monde, le plus tard possible je vous le souhaite, tout ce que vous aurez gardé, argent, terres et maison iront à l'Eglise catholique."

- "Je n'ai rien à ajouter : la volonté d'un mort dans son testament doit être suivie."

-" Jeanne il faut que je vous dise : j'ai été surpris, je ne savais pas que vous aviez une filleule aussi jolie, ces yeux verts...." 

Heureusement la porte s'ouvrit et la secrétaire fit entrer le cousin Paul. Ouf !

Voir l'épisode 4

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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 2
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Jean Hebrard. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
Texte de l'épisode 2 : 

J'ouvris la porte de la maison et devant moi, une fille, dans ses vingt ans peut-être, les cheveux noirs, les yeux verts, la peau brune, grande et mince, une valise à la main, qui me demande avec un beau sourire et une douce voix :

-« Madame Jeanne Belcaire ? »

-« Oui, c'est moi ! Que voulez-vous ? »

-« Vous vous souvenez de Marie Delbas, ma mère ? »

-« Peut-être, c'est possible... »

-« Vous étiez ensemble au collège dans les années... »

-« Et que fait votre mère aujourd'hui ? »

-« Pécaire, elle est morte, la pauvre, l'an passé et elle m'avait toujours dit : si un jour tu as des problèmes, va t'en voir mon amie Jeanne Belcaire, elle t'aidera."

-« Moi ? Comment pourrais-je vous aider : je n'ai pas de travail pour une fille comme vous, je suis seule et surtout, je pense que maintenant que je suis à la retraite je veux voyager. »

- "Peut-être que vous pourriez me loger ? En échange du gîte et du couvert j'entretiendrai l'intérieur mais aussi l'extérieur, je vois que vous avez un joli jardin."

- "Je peux le faire toute seule !"

- "Madame, soyez gentille, je n'ai pas d'endroit où aller !"

Il y eut un silence : ça me faisait peine de laisser cette fille dehors.... Peut-être que c'était vrai, que sa mère était au collège avec moi. Puis, sans réfléchir plus :

- "Entrez : vous dormirez ici cette nuit et demain  vous chercherez un endroit où aller !"

J'essayais de trouver sur le visage de cette jeune fille une ressemblance quelconque avec une femme que j'aurais pu connaître dans ma jeunesse : rien. Je lui montrai la salle d'eau, et l'emmenai dans la chambre d'amis.

- "Installez-vous ici et je vous appellerai pour le dîner. Maintenant, j'ai des choses à faire."

- "Pour l'enterrement de votre tonton Vincent ?"

- "Comment le savez-vous ?"

- "Tout le village en parle, ils disent que maintenant vous êtes riche !"

- "Rien n'est encore décidé ! Mais vous avez raison, l'enterrement est pour demain."

- "Je vous aiderai pour recevoir la famille"

J'ai fermé la porte et suis allée dans le salon où je me suis assise : tout ça ne semblait pas vrai ! Qui était cette fille ? Et cette Marie Delbas ? Aucun souvenir de cette fille au collège ni ailleurs. Peut-être que c'était son nom de femme mariée ? Les rêves s'en étaient allés, la réalité m'emplissait la tête et me faisait mal.

Le téléphone sonna : sur l'appareil s'affichait le nom de Maître Bardot, le notaire de l'oncle Vincent :

- "Mademoiselle Belcaire ?"

- "Bonjour Maître Bardot, comment allez-vous ?"

- "Mademoiselle, j'ai besoin de vous voir : il est temps de lire le testament de votre oncle."

- "Peut-on le faire aujourd'hui ?"

- "Tout de suite : votre oncle a demandé que le testament soit lu à la famille, c'est à dire vous et votre cousin Paul, avant l'enterrement !"

- "Ah bon ?"

- "Votre cousin Paul sera dans mon bureau à 4 heures : je vous y attendrai aussi."

- "Je viendrai, soyez sans crainte, Maître Bardot !"

Je posais le téléphone. Et maintenant, qu'allais-je faire de cette fille ? La laisser seule dans la maison avec les chats ? Non, je n'avais pas confiance : elle viendrait avec moi et m'attendrait dans la salle d'attente du notaire. Quelle histoire !

- "Mademoiselle Delbas !"

- "Mon nom est Mathilde, Mathilde Delbas."

- "Mathilde, c'est un joli nom. Mathilde vous viendrez avec moi chez le notaire ou si vous voulez je vous déposerai devant le supermarché et je reviendrai vous chercher après mon rendez-vous."

- "Je n'ai pas d'argent pour acheter quoi que ce soit au supermarché !"

- "Alors vous viendrez avec moi et m'attendrez dans la salle d'attente du notaire."

Je commençai à suer et trembler : qu'est-ce que j'avais fait d'ouvrir la porte et laissé entrer dans ma maison une fille que je n'avais jamais vu ? Peut-être que ce serait bien de lui demander ses papiers ? On peut être courageux mais sans être complètement naïf ! Ou peut-être que Mathilde était la fille que je n'avais pas pu avoir? Quand j'étais jeune, ce n'était pas possible d'être « fille-mère », la seule solution était de rester « vieille fille » comme disaient les bonshommes au Café du Printemps.

Allons ! Encore le téléphone...

Voir l'épisode 3