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Entraïnament a la Dictada 2014 (Lemosin) - Retorn per Joan Ganhaire
Joan Ganhaire
Mode d'emploi :

Pour vous entraîner à la Dictada avec Joan Ganhaire, il vous suffit de :


- Réaliser votre dictée en écoutant le texte dans le lecteur ci-dessous.
- Faire vos corrections grâce à la transcription que vous trouverez dans l'onglet Occitan ci-dessus.
- Et si vous le souhaitez, vous trouverez ci-après la traduction du texte en français.

Bona Dictada !

RETOUR

Le camion m’a déposé à la sortie de l’autoroute. Il y a quinze ans, il n’y avait que la petite route qui menait vers le sud, droit devant. Je m’y étais engagé le cœur lourd et le sac léger, abandonnant derrière moi la ville bourgeoise, conventionnelle, méprisante, coincée, dans laquelle je ne pouvais plus respirer. Au coin du pont, je m’étais retourné une dernière fois, gorge serrée, larmes aux yeux, moi qui aurais cru avoir ce matin là le cœur léger et une chanson aux lèvres. J’avais même ébauché un geste d’adieu. C’est peut être ce souvenir douloureux qui me fait revenir après quinze ans d’errance, de misère, de déception, de millions de pas qui ne m’ont guère éloigné de moi-même. Me voilà. Debout au coin du pont, je te fais face. Il y a toujours vers la rivière la longue coulée des toitures brunes qui semblent fuir la haute cathédrale. Dans mes souvenirs, elle est plus grise, mais j’ai toujours en mémoire ce tintement un peu triste qui réglait notre vie de gamins assoiffés de liberté,  dégringolant les ruelles sombres pour jaillir en hurlant de joie dans la clarté éblouissante du bord de l’eau. Les quais ressemblent à présent à un vaste parking où les autos ont délogé les quatre chiens qui se réchauffaient le ventre à grands soupirs de plaisir. Rivière, toi, tu es toujours la même, lente, calme, et seules les chaînes tendues de quelques barques ou la tige oblique de trois nénuphars te font savoir vivante. Tu étais une amie, rivière. Tu ne m’as jamais fait de mal. Tu as souri à mes ricochets, accueilli mes baignades frissonnantes, et même parfois accroché quelque pauvre poisson aux épingles tordues que je t’avais confiées C’est pour toi qu’est mon premier bonjour. Mon mégot, tu l’acceptes avec un petit chuchotement. Voilà, je peux entrer, maintenant. J’assure mon sac a l’épaule, tête haute, je passe le pont crânement et m’enfonce dans les rues pentues aux noms anciens que midi fait moitié pénombre, moitié lumière.