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Mistral et l'Europe : la Renaissance d'oc dans le Printemps des peuples européens (exposition virtuelle)
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L'exposition « Mistral et l'Europe : la Renaissance d'Oc dans le Printemps des peuples européens » a été réalisée en 2014 par le CIRDÒC-Mediatèca occitana à l'occasion du centenaire de la mort du grand poète provençal. Cette exposition invite à poser un regard original sur la renaissance culturelle occitane telle qu'elle s'est structurée autour du Félibrige et de la figure de Mistral au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Elle constitue également un parcours sur une Europe en pleine mutation politique, économique, sociale et culturelle.
La « Renaissance d'oc » telle qu'elle se structure au XIXe siècle, et dont le prix Nobel de Littérature Frédéric Mistral demeure la figure emblématique, a longtemps été considérée comme un mouvement provincial, nostalgique d'un monde traditionnel corrompu par la modernité industrielle et où la langue d'oc régnait quasi sans partage.
C'est oublier que la génération qui fonde le Félibrige en 1854, cette amicale littéraire provençale promise à un développement aussi rapide que surprenant dans tout l'espace occitan et au-delà, évolue dans l'effervescence d'une Europe en pleine mutation : l'Allemagne se constitue, la Grèce se libère, l'Italie s'unifie, les peuples d'Europe de l'Est et des Balkans font vaciller les vieux empires, l'Irlande ou encore la Catalogne se revendiquent nations.

Si la Renaissance d'oc et les compagnons de Mistral ont eu à cœur de chanter leurs « petites patries », ils ne participent pas moins à la grande aventure de leur génération en nouant des relations avec l'ensemble des mouvements européens. 

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L’école des Pyrénées : projet de Felibrige commingeois et couseranais / Bernard Sarrieu
Sarrieu, Bernard (1875-1935)
Article de Bernard Sarrieu paru dans la Revue de Comminges en 1904, sur le réveil occitan en Gascogne au début du XXe siècle.
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Le mouvement félibréen dans le sud-ouest / Césaire Daugé
Daugé, Césaire (1858-1945)
Article de Césaire Daugé paru dans la Revue de Gascogne en 1904, sur le réveil occitan en Gascogne au début du XXe siècle.
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Copie dactylographiée d'une lettre de Frédéric Mistral à Philadelphe de Gerde : 8 novembre 1894
Mistral, Frédéric (1830-1914)

Qui est Philadelphe de Gerde ?

De son vrai nom Claude Réquier née Duclos, originaire de Gerde près de Bagnères-de-Bigorre. Poétesse et félibresse occitane, amie de Mistral, plusieurs fois couronnée à l’Académie des Jeux Floraux et aux Grands Jeux Floraux du Félibrige. Au début des années 1910, elle se rapproche du parti politique Action Française de Charles Maurras. Catholique et régionaliste, elle est très active dans la défense et la valorisation des traditions locales.

Description de la lettre

Cette lettre, datée du 8 novembre 1894, est dactylographiée, il s’agit probablement d’une copie. C’est la réponse à une demande de Philadelphe de Gerde : on comprend que celle-ci attendait de Mistral une présentation sur les Cours d’Amour. Il refuse en expliquant que les recherches seraient trop laborieuses pour qu’il puisse prendre le temps de s’y consacrer, et renvoie Philadelphe aux travaux de Paul Mariéton sur le sujet d’une part et à l’ouvrage de Jean de Nostredame, Les Vies des plus Célèbres et Anciens Poètes Provençaux d’autre part.
Mistral évoque souvent les Cours d’Amour dans ses œuvres : on peut supposer qu’elles sont pour lui un espace symbolique de l’âge d’or provençal idéalisé. Il s’est effectivement beaucoup inspiré de Nostredame, mais la présente lettre nous renseigne sur le crédit qu’il accorde à la valeur historique de son ouvrage. Les termes et expressions qu’il emploie ne laissent aucun doute : le récit est “très naïf”, l’auteur est “suspect” mais “il dit des choses si poétiques qu’elles sont dignes d’être crues par ceux qui vivent d’illusion”. La notion d’illusion est indissociable du parcours de Mistral : elle se traduit particulièrement dans sa démarche créatrice et romanesque, partant de mythes et de légendes pour mettre en scène un passé glorieux idéalisé. Les Cours d’Amour intéressent Mistral mais sur le plan poétique plus qu’historique.

Pour aller plus loin :

LAFONT, Robert, Mistral et le mythe des cours d'amour, in Moyen Âge et littérature comparée : actes du septième congrès national, Poitiers 27-29 mai 1965, p. 185-196 (Cote CIRDOC : LAF 080). Voir la notice SUDOC

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Lettre de Frédéric Mistral à Valère Bernard : 21 octobre 1911
Mistral, Frédéric (1830-1914)

Qui est Valère Bernard ?

Aquafortiste, peintre, graveur, professeur à l'École des Beaux-Arts de Marseille. Il est aussi l’auteur d’une œuvre importante en poésie et en prose occitane. C’est à Paris qu’il découvre le Félibrige, dont il sera majoral en 1893 et, poussé par son ami Mistral, capoulié de 1909 à 1919. Il collabore à de nombreuses revues et avec Philadelphe de Gerde et Prosper Estieu il fonde puis dirige L’Estello de 1910 à 1911.

Description de la lettre

Bernard doit avoir des craintes au sujet du Félibrige car Mistral lui répond être, pour sa part, optimiste.
La question semble toujours tourner autour de Philadelphe de Gerde, comme dans la lettre du 11 octobre 1911 : “es pancaro la mestresso de Santo-Estello”, c’est-à-dire certainement capoulière. Quelques faits d’une part, mais surtout des rumeurs voient Philadelphe candidate au majoralat au cours des années 1910-1912, et donc peut-être au capouliérat. Mais peut-être est-ce seulement une image, reprochant à Philadelphe un activisme un peu trop encombrant. Les dernières phrases de Mistral semblent supposer que Bernard ait envisagé de laisser sa tâche de capoulié : “se te vèn en òdi de teni l’empento”.
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Lettre de Frédéric Mistral à Valère Bernard : 11 octobre 1911
Mistral, Frédéric (1830-1914)

Qui est Valère Bernard ?

Aquafortiste, peintre, graveur, professeur à l'École des Beaux-Arts de Marseille. Il est aussi l’auteur d’une œuvre importante en poésie et en prose occitane. C’est à Paris qu’il découvre le Félibrige, dont il sera majoral en 1893 et, poussé par son ami Mistral, capoulié de 1909 à 1919. Il collabore à de nombreuses revues et avec Philadelphe de Gerde et Prosper Estieu il fonde puis dirige L’Estellode 1910 à 1911.

Description de la lettre

Le Consistoire semble rencontrer des problèmes causés par une femme non nommée, appuyée par Ratier, collaborateur à la revue L’Estello et originaire d’Agen. Cependant Mistral dit explicitement qu’il ne veut pas s’en occuper et il renvoie Bernard au “baile” Fallen (qui sera son successeur au capouliérat).

Cette anonyme est très certainement Philadelphe de Gerde : au moment où Valère Bernard accède au capouliérat en 1909 après Devoluy, le Félibrige connaît d’importantes crises internes, idéologiques et structurelles, et Philadelphe fait partie des Félibres qui sont au cœur de la polémique.
En effet, à l’heure où le Félibrige cherche un successeur à sa figure de proue, l’activisme politique et a fortiori royaliste de Philadelphe de Gerde romprait avec la ligne directive choisie par Mistral tout au long de sa vie.

Il est question ensuite de L’Estello, la revue de Bernard, Philadelphe et Estieu, qui ne rencontre pas le succès. Mistral explique cet échec par la pluralité de dialectes et il va plus loin : “lou francés es forço mai coumprènsible pèr tóuti qu’aquèli dialèite de Gascougno (que, meme au siècle XIV, li Flors del Gai Saber declaron estrangié à nosto lengo)”.
La correspondance entre Frédéric Mistral et Valère Bernard
Mistral, Frédéric (1830-1914)

Qui est Valère Bernard ?



Aquafortiste, peintre, graveur, professeur à l'École des Beaux-Arts de Marseille. Il est aussi l’auteur d’une œuvre importante en poésie et en prose occitane. C’est à Paris qu’il découvre le Félibrige, dont il sera majoral en 1893 et, poussé par son ami Mistral, capoulié de 1909 à 1919. Il collabore à de nombreuses revues et avec Philadelphe de Gerde et Prosper Estieu il fonde puis dirige L’Estello de 1910 à 1911.



Description de la correspondance


14 avril 1882 : cette lettre doit être une des premières qu’ont échangées Mistral et Bernard. Mistral découvre le tout jeune poète marseillais : il le complimente sur ses essais félibréens mais l’encourage à améliorer son style, en lui donnant une série de conseils. Il lui fait aussi part de son intuition quant à son talent, dont il ne doute pas. Mistral renouvellera ses compliments à propos des œuvres suivantes de Bernard. Cette pratique est courante chez Mistral, qui tient beaucoup à guider les félibres dans leur épanouissement poétique.

11 octobre 1911 : Le Consistoire semble rencontrer des problèmes causés par une femme non nommée, appuyée par Ratier, collaborateur à la revue L’Estello et originaire d’Agen. Cependant Mistral dit explicitement qu’il ne veut pas s’en occuper et il renvoie Bernard au “baile” Fallen (qui sera son successeur au capouliérat).

Cette anonyme est très certainement Philadelphe de Gerde : au moment où Valère Bernard accède au capouliérat en 1909 après Devoluy, le Félibrige connaît d’importantes crises internes, idéologiques et structurelles, et Philadelphe fait partie des Félibres qui sont au cœur de la polémique.
En effet, à l’heure où le félibrige cherche un successeur à sa figure de proue, l’activisme politique et a fortiori royaliste de Philadelphe de Gerde romprait avec la ligne directive choisie par Mistral tout au long de sa vie.

Il est question ensuite de L’Estello, la revue de Bernard, Philadelphe et Estieu, qui ne rencontre pas le succès. Mistral explique cet échec par la pluralité de dialectes et il va plus loin : “lou francés es forço mai coumprènsible pèr tóuti qu’aquèli dialèite de Gascougno (que, meme au siècle XIV, li Flors del Gai Saber declaron estrangié à nosto lengo)”.

 
21 octobre 1911 : Bernard doit avoir des craintes au sujet du Félibrige car Mistral lui répond être, pour sa part, optimiste.
La question semble toujours tourner autour de Philadelphe de Gerde, comme dans la lettre du 11 octobre 1911 : “es pancaro la mestresso de Santo-Estello”, c’est-à-dire certainement capoulière. Quelques faits d’une part, mais surtout des rumeurs voient Philadelphe candidate au majoralat au cours des années 1910-1912, et donc peut-être au capouliérat. Mais peut-être est-ce seulement une image, reprochant à Philadelphe un activisme un peu trop encombrant. Les dernières phrases de Mistral semblent supposer que Bernard ait envisagé de laisser sa tâche de capoulié : “se te vèn en òdi de teni l’empento”.
 
 
 
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Histoire du Félibrige : 1854-1896 / G. Jourdanne
Jourdanne, Gaston (1858-1905)
Gaston Jourdanne (1858-1905), éphémère maire radical socialiste de Carcassonne, rentier, voua sa vie à l’histoire et la littérature de l’Aude et des pays d'Oc. Il joua un rôle central dans le développement du mouvement félibréen dans l’Aude, en participant à la création de la Revue de l’Aude (1886), qui devient la Revue méridionale deux ans plus tard, et de « l’Escolo audenco » (Escòla audenca) en 1892, école félibréenne de l’Aude.

Il fut le premier historien du mouvement avec son Histoire du Félibrige (1854-1896) (Avignon : Roumanille, 1897).

Critique et réception de l'œuvre :

Alfred Jeanroy1 critica cette étude qui sent « un peu trop l'improvisation », listant quelques lourdeurs de style et coquilles. Il reproche aussi à Jourdanne son travail de bibliographe davantage que d'historien, l'Histoire du Félibrige représentant un véritable catalogue des écrivains et des écrits félibres des quarante premières années du mouvement. Il en reconnait cependant « deux grands mérites » : « elle donne en premier lieu une idée très exacte de ce qu'on a appelé "l'évolution félibréenne", et les quatre chapitres dont elle se compose correspondent bien, en somme, aux étapes parcourues ; elle est ensuite très sûrement et abondamment documentée. »

Caractéristique de l'exemplaire :

Ex libris Radulphi Candolae equitis. Mention de provenance : Fonds Pierre Azéma.
  • 1. Alfred JEANROY, « G. Jourdanne. Histoire du Félibrige (1854-1896). Avignon, Roumanille, 1897. » compte-rendu publié dans : Annales du Midi, 1899, vol. 11, 11-43, p. 366-370. En ligne sur Persée