L’auteur du dictionnaire languedocien, René Séguier (1705-1767), a été pendant 34 ans le prieur du village cévenol de Saint-Jean-de-Valériscle. Son œuvre française et occitane a été conservée par les soins de son frère, l’antiquaire et érudit nîmois Jean-François Séguier (1703-1784).
Le manuscrit 281 conservé à la bibliothèque municipale de Nîmes dans le fonds Séguier comprend un lexique de 582 entrées dans la langue des Cévennes.
L'édition électronique de ce dictionnaire languedocien établie par Claire Torreilles constitue un complément à l'ouvrage : François Pugnière, Claire Torreilles, Écrire en Cévennes au XVIIIe siècle, Les œuvres de l'abbé Séguier, éditions PULM, 2013.
Elena Giordanengo, étudiante en philologie germanique, se penche sur le parler de son village d'origine, Peveragno (Piémont, Italie).
Elle explique dans son introduction qu'elle a souhaité pour son mémoire de fin d'études, concilier sa formation et sa passion pour les traditions et l'histoire locale.
Le mémoire s'articule en trois parties. Dans la première, l'auteur retrace l'histoire de la région et du village, à travers les données archéologiques et écrites. Dans la seconde Elena Giordanengo analyse le dialecte de Peveragno en s'appuyant sur des collectages et dans la dernière elle identifie et explique le lexique d'origine germanique dans ce dialecte.
Elena Piccato, étudiante en "sciences de la médiation linguistique", annonce dans son introduction qu'elle propose, avec ce travail, de contribuer à l'analyse synchronique des caractéristiques phonétiques et à la contextualisation du parler de la commune de Bagnolo Piemonte, dans son environnement dialectologique.
La première partie du mémoire retrace l'histoire, politique et linguistique, de la commune, tandis que la seconde analyse en détail les caractéristiques du parler de Bagnolo Piemonte.
Mamie
Il y a tant de temps que je ne les ai plus vues, mes petites. Tant de temps, que sais-je, un an et demi, au moins, tant d'années que j'en ai perdu le compte maintenant. Quand elles ne sont pas là, la maison semble vide ici.
Mon fils et ma belle fille ne font aucun bruit. Depuis qu'ils sont à la retraite tous les deux et qu'ils sont revenus vivre ici, chez moi, mon fils passe ses journées dehors, dans le jardin, à la pêche, à la chasse ou il bricole dans le vestibule.
Et ma belle fille assure le travaille quotidien de la maison, elle regarde la télévision, elle va voir les voisines. Je ne les entends presque jamais. Il n'y a que quand ma petite fille et son mari arrivent pour les vacances, quelques jours seulement car ils doivent aller voir sa famille à lui, du côté de Toulouse, qu'il y a un peu de vie dans la maison.
Je peux les entendre, les petites, elles courent partout, elles crient, elles pleurent, elles se disputent, elles chantent. Elles rient. Mais cela fait longtemps que je ne les ai plus vues. Plus ou moins deux ans. Comme elles doivent avoir changé. Angélique, la grande qui a eu huit ans en avril, et Ninon, la petite qui en a cinq depuis septembre. Qu'est ce que je ne donnerais pas pour les revoir. Pauvre de moi ! Mais les vacances sont là, cette fois, j'en suis sure.
Extrait tiré de «Menina» de VERNET, Florian, Vidas e engranatges, IEO edicions, Castres, 2004.
Le médecin de Cucugnan
Que ne faut il pas faire, pour gagner sa vie ! Attention moi ici, Bernadon, croquemort, garde champêtre, sonneur de cloches, chasseur de chiens errants, homme à tout faire de Cucugnan, je me vois sur le point de devenir rapidement le déterreur de ressuscités !
Douze métiers, treize misères ! C'est ainsi. Sur terre, il faut que chacun trouve le sel qui fait bouillir la marmite.... D'autres sont plus à plaindre que moi, à Cucugnan.
Je pense à ce pauvre Maître Lapurge, notre pauvre médecin, qui depuis deux ans qu'il est ici, n'a pas encore un seul patient.... Que voulez vous ? C'est un peu de sa faute. Pourquoi donc, se promène t il toujours un livre à la main ? Il ne doit pas savoir grand chose, étant donné qu'il étudie sans cesse. S'il étudie, c'est pour apprendre ; s'il a besoin d'apprendre, c'est qu'il ne sait pas ; s'il ne sait pas, qu'est-il venu faire à Cucugnan ?
Aussi, quand ici, il y a quelque malade, ce n'est pas lui qu'ils viennent chercher, allez ! Pauvre maître Lapurge ! Il ne gagne pas l'eau qu'il boit! Cela se comprend qu'il soit las d'être une lampe sans huile, et il s'est enfin décidé a faire parler de lui. Hier il m'a fait annoncer dans toutes les rues qu'il se chargeait, non seulement de guérir un malade, mais de ressusciter un mort. Oui, un mort, un mort enterré !
Extrait tiré de : «Lo Mètge de Cucunhan» de Jan de La Roca (Prosper Estieu), Societat d'Edicion Occitana, Castelnaudary, 1926.
La petite guenon et le clown
Il était une fois, un clown, une paillasse comme on dit chez nous. Ce n'était pas un comique de la sainte fleur, pas moins il savait un peu faire rire, un peu faire peur, néanmoins, un brave clown au plus profond de son cœur !
Il avait une petite guenon. Il l'appelait Mon Cœur. Elle était plus que jolie, terriblement intelligente et bougrement coquine en même temps. Le clown l'aimait bien sa petite guenon.
Quand il faisait chaud, c'était Mon Cœur qui allait chercher l'eau ; quand il faisait froid, c'était Mon Cœur qui allumait le feu. Finalement, elle n'était pas tant haïssable que ça, la Mon Cœur...
Néanmoins, elle avait la pire des habitudes : chaque fois que la lune était ronde dans le ciel, elle voulait monter jusqu'à elle, de toutes ses forces elle voulait sauter sur elle, elle pleurait, elle faisait des caprices, elle pleurait que c'était le clown qui ne voulait pas la laisser aller sur la lune.
Elle devenait impossible et le pauvre clown devenait malheureux, tant malheureux que les gens disaient:
«Il est si triste ce pauvre clown ! Ce n'est pas possible, c'est un bouc émissaire !".
Vite vite, le clown se précipitait chez la marchande de grimaces, de moues et de postiches. Il en achetait à s'en remplir les poches. Il retournait dans son cirque, il en mettait un sur son nez, et se jetait sur la piste, « clowner » tant et si bien que les gans frappaient dans leurs mains...
Extrait tiré de : Alranq, Claude, La monina e lo palhassa, I.E.O.-Aude, Quillan, 1996.