L'identité d'une ville se construit fréquemment autour d'un ensemble de mythes fondateurs, de marqueurs symboliques réunissant sa population. Ville jeune, Sète naît réellement avec son port en 1666. C'est tout naturellement que le port, les canaux qui font de Sète la Venise languedocienne, la baleine de sable - son emblême, et les produits locaux faisant la part belle aux fruits de la mer - pensons à la tielle - soulignent le caractère maritime de celle qui fut au départ une île entre mer et étang.
Aux rangs des symboles et mythes fondateurs figurent sans conteste les joutes nautiques, pratiquées une première fois lors des Fêtes accompagnant la fondation officielle de la ville. Si Sète n'en est pas le berceau originel, les joutes nautiques de la ville se sont progressivement hissées vers les sommets de la pratique.
La naissance de la pratique des joutes à Sète, accompagne celle de son port, officiellement inauguré le 29 juillet 1666 (cf. TREMAUD, Hélène. Les joutes languedociennes. Paris, éd. Maisonneuve et Larose, 1968). Pour son baptême, la ville de Sète reçu les joutes en présent. Ce seraient des pêcheurs d'Aigues-Mortes qui auraient pour l'occasion initiés les habitants locaux à cette pratique sportive durant ces journées particulières.
À Sète, les joutes se déroulent dans le Canal royal, ce bras d'eau relayant la ville à l'étang de Thau, creusé par Riquet à l'époque de Louis XIV et de son ministre Colbert. Un espace délimité par le pont National et le pont Legrand, et que s'approprient pour un temps les jouteurs. Leur pratique s'inscrit alors pleinement dans la ville, sa vie quotidienne et son histoire, en ce cadre d'exception qui renvoie aux origines et aux pères fondateurs de la ville. L'espace d'ailleurs se modifie le temps de la fête. Des gradins, ouverts à tous et gratuits, permettent aux spectateurs de tous horizons de s'installer pour regarder l'affrontement.
La fin du XVIIIe siècle semble marquée par le tournant d'un combat par équipe, à une lutte d'individu à individu, dont les modalités s'ordonnance dès lors sur la base du hasard d'un tirage au sort. Un temps, l'opposition nouvelle, bascule de celle de deux groupes d'âge, groupe des jeunes célibataires face aux hommes mariés, à celle de métiers, de quartiers, voire de communautés : lutte entre quartier-haut et la Bourdigue, pêcheur de haute-mer et pêcheur d'étang.
Le début du XXe siècle, marqué en 1902 par la création de la première société de jouteur, la « Société des jouteurs cettois » opère une nouvelle évolution (cf. DI NITTO, Paul-René. C'était Cette. Ch.III. Montpellier, Espace Sud, 1996. P.171). Progressivement le jeu se codifie de plus en plus (on passe à un nombre limité de passes, cinq puis trois), emprunte aux sports leurs caractéristiques (le blanc de la tenue, le caractère compétitif qui augmente quand croît le nombre de sociétés), sans perdre malgré tout, son identité réelle.
Saint-Louis de 1891, deux femmes sur la tintaine. Cette année-là, les joutes jusque-là réservées aux seuls jouteurs locaux, s'ouvrent régionalement, avec la création du tournoi du Lundi. L'édition de 1891 est également marquée par la participation de deux sœurs, Anne et Elyse Sellier, toutes deux originaires de la Pointe Courte. L'Éclair du 2 septembre 1891 fait le résumé de cette joute particulière, qui vit s'affronter les deux sœurs (Anna envoyant sa sœur mais aussi un autre jouteur, dans les eaux).
Quelques jouteurs célèbres :
Barthélémy Auvenque, dit le Terrible, l'un des premiers champions historiques des joutes sétoises, Don Quichotte de l'Ancien Régime, qui fit le défi de jouter conre le pont levis en bois qui traversait le canal royal à son époque.
Hilaire Audibert dit l'Espérance, originaire du Quartier Haut, qui se démarqua en portant habit noir et cravate blanche sur la tintaine, fut gravement blessé (il manqua perdre un œil) et Martin le Gaucher, de la Bordigue, sont successivement les champions des joutes au XIXe siècle.
Louis Vaille dit le Mouton, premier XXe siècle, dix fois triomphateur de la Saint louis entre 1904 et 1923 (cf. BLANC. Ibid. P.35). Un homme d'une importante corpulence, il pesait aux alentours de 150 kg, qui souffrit d'un manque de popularité très certainement lié à cette physionomie hors du commun.
Codifiées différemment, empruntant aux sports modernes son organisation, les joutes nautiques n'en demeurent pas moins traditionnelles dans leur forme et leur respect d'un certain cérémonial, bien que la fréquence accrue du nombre de tournois diminue d'autant l'intérêt portée aux défilés. Cependant les joutes de la Saint-Louis demeurent un temps à part. Elles sont surtout partie prenante de l'identité sétoise et contribue hier comme aujourd'hui, à la bonne vie de la cité et à la sociabilisation entre communautés. L'ensemble des cérémonies, défilés, rites qui entouraient et entourent toujours la pratique des joutes, contribuent à l'affirmation d'un groupe social unifié.
La pétanque est un jeu de boules traditionnel originaire de Provence et plus particulièrement de la région marseillaise. Popularisé dans le reste de la France, le sport se développe à l'international depuis quelques années, comme à New-York et en Asie du Sud-Est. La pétanque est déclarée « sport de haut niveau » en 2004 par le Ministère de la Jeunesse et des Sports.
Généralement, les terrains font au moins 12 mètres de long et quelques mètres de large car les parties se jouent entre 6 et 10 mètres.
Les parties de pétanque opposent deux équipes. Les équipes sont soit d’un seul joueur (3 boules chacun), soit de deux joueurs (en « doublette » avec trois boules chacun), soit de trois joueurs (en « triplette » avec deux boules chacun). La première équipe lance le « but » (une petite boule de buis appelée le « bouchon » (dans la région Marseillaise) ou le « cochonnet »), puis une boule métallique. Un joueur de la seconde équipe lance à son tour sa boule. L’équipe qui a positionné sa boule le plus loin du « bouchon » rejoue jusqu’à prendre le point.
Lorsque la « mène » est terminée, c’est-à-dire lorsque toutes les boules ont été lancées par les deux équipes, l’équipe gagnante repart du « bouchon » en faisant un rond à son emplacement et en lançant le but généralement dans le sens inverse de la première mène (pour rester sur le terrain s’il y en a un), et ainsi de suite jusqu’à ce que 13 points aient été comptabilisés.
Les parties amicales peuvent se poursuivre par une deuxième partie, la « revanche », et souvent par une troisième, la « belle ».
Une partie de pétanque se déroule sur un terrain dur, de préférence de terre battue et légèrement gravillonné. Le terrain ne doit pas être travaillé et être aussi « naturel » que possible, dans l'esprit des places de villages (non pavées), des chemins de terre ou des terrains vagues sur lesquels les joueurs se retrouvaient avant la création récente des boulodromes et qu’ils utilisent encore aujourd’hui lorsqu’il n’y a pas de terrain aménagé.
À la pétanque, les joueurs utilisent des boules en métal dont le diamètre et le poids varient légèrement. Pour être utilisées en compétitions officielles, les boules de pétanque doivent être homologuées par les Fédérations Française et Internationale de Pétanque et de Jeu Provençal (F.F.P.J.P. et F.I.P.J.P.). La marque du fabricant et le label d’homologation sont gravés sur chaque boule ainsi que le numéro de série et le poids. La dureté minimale de l’acier est de 35 HRC (110 Kg/mm2) ; le poids varie entre 650 et 800 grammes ; le diamètre se situe entre 70,5 à 80 mm. Les boules doivent être en acier, creuses, sans corps étranger à l’intérieur (notamment du sable ou du plomb ce qui permet de leur donner un effet considéré comme un avantage et donc comme une « tricherie »).
Parmi le matériel utilisé à la pétanque on peut relever :
L’apprentissage se fait traditionnellement par immersion au sein du groupe familial ou de la classe d’âge.
Le « jeune » accompagne son père sur les boulodromes et s’entraine avec lui. Il joue avec ses « copains » dans la cour de la maison.
Cela dit, les joueurs de pétanque ont souvent découvert le jeu sur le tard, vers 20/30 ans, voire 50/60 ans, pendant leurs vacances et leurs voyages en voyant des joueurs s’exercer.
La fédération nationale créée en 1945 (FNPJP) voit les clubs se multiplier à travers le monde. En 2008, la Fédération Internationale de Pétanque et de Jeu Provençal (créée en 1958) comptait 81 fédérations nationales rassemblant 566.734 licenciés (la moitié étant français), l’immense majorité jouant à la pétanque (le « jeu provençal » traditionnel étant resté essentiellement pratiqué en Provence).
Actuellement, face à la chute des licenciés qui est due au non renouvellement des licenciés âgés, des initiatives d’apprentissage de la pétanque à l’attention des « jeunes », basées sur le bénévolat, voient le jour.
Contrairement à l’idée qui est véhiculée, la pétanque est un jeu récent.
Elle commence à être pratiquée dans les années 1900 dans la région marseillaise par des joueurs de « longue » qui décidèrent de rester ped tanco (pieds fixes) afin de pouvoir jouer avec leurs amis moins lestes (vaillants) qu’eux qui ne pouvaient plus s’élancer sur trois pas avant de jeter leurs boules ou se mettre en équilibre sur un pied pour pointer (selon les règles du jeu provençal traditionnel).
Le premier concours de pétanque a été organisé sur le boulodrome des frères Pitiot sur les hauteurs de La Ciotat en 1910. Cette variante correspondait à une attente très forte des joueurs vieillissants ou légèrement handicapés et à ceux qui cherchaient un jeu plus convivial et accessible à tous.
Très rapidement, sous l’impulsion d’Ernest Pitiot, le jeu s’est répandu dans le Midi de la France (notamment à partir de Palavas-les-Flots et de Montpellier dans l'Hérault).
Depuis les années 1960, la pétanque s’est diffusée dans la France entière. La fédération nationale a été créée en 1945 (FNPJP).
De nombreux sites Internet, coordonnées par les fédérations, les comités, les amateurs passionnés ou les commerçants proposant du matériel spécifique, valorisent la pétanque et ont pour objectif d’en diffuser la pratique à travers le monde entier.
Il existe également quelques revues : Pétanque Magazine, Boulisme…
En revanche, il n'existe aucune action de valorisation de la pratique de la patique en terme patrimonial. On peut néanmoins signaler l'implication des municipalités, des Conseils départementaux et régionaux, dans l’entretien des boulodromes et l’organisation des grandes manifestations. Et le travail mis en œuvre par les Fédérations nationales et internationales pour la diffusion de la pratique du sport et l'organisation de grandes manifestations. Ce travail a abouti en 2004 par la reconnaissance par le ministère de la jeunesse et des sports de la pratique de la pétanque comme « sport de haut niveau ».
Si la pétanque se déroule généralement en club (cercles ou associations sportives) sur des terrains spécifiques appelés « boulodromes » aménagés par les municipalités dans les parcs urbains ou sur un coin de la « place » dans les villages, elle se pratique également comme sport-loisir par des millions d’amateurs non licenciées à la plage, à la montagne, lors des pique-niques ou des repas familiaux…
Été comme hiver, de nombreux joueurs de pétanque se rassemblent, notamment en Provence.
Certains concours internationaux patronnés par des quotidiens régionaux (La Marseillaise, Le Midi Libre) et organisés indépendamment de la fédération, sont devenus de véritables évènements populaires entraînant des migrations estivales spectaculaires.
La Marseillaise (créé en 1962) a reçu 13872 participants pour son édition 2011, soit 4333 parties en 5 jours. Le Mondial de Millau (créé en 1982) dans l’Aveyron met en scène des milliers d’équipes (séniors, juniors, féminines) qui s’affrontent jours et nuits au début du mois d’août. Bien que moins fréquenté, Le Riviera Pétanque Show de Nice (06), anciennement nommé Europétanque (créé en 2001), accueille également en juillet un grand nombre de joueurs (2000 joueurs en 2010) sur les sites de la Promenade des Anglais, la place Masséna et le jardin Albert 1er.
En Languedoc-Roussillon, de nombreuses compétitions ont lieu chaque semaine, principalement d'avril à mi-octobre. En juin 2014, la ville de Gruissan dans l'Aude (11) accueillera les championnats de France séniors masculins de tête à tête et ceux de doublettes féminins. En 1997, la ville de Montpellier à accueilli les Championnats du monde de pétanque.
La fédération française organise également de multiples compétitions sportives et des concours sélectifs pour déterminer la composition de l’équipe de France qui représentera le pays lors du « Championnat du monde de pétanque », événement majeur pris en charge par la Fédération Internationale de Pétanque et Jeu Provençal.
Le pilou (pilo en occitan) est un sport né dans les années 1940 à Nice. Ce jeu est toujours pratiqué en territoire occitan et plus particulièrement dans la région niçoise.
Le pilou est un jeu d'adresse et d'endurance. Il consiste à lancer en l'air un volant, constitué à l'origine d'une pièce de monnaie trouée dans laquelle on a fait passer un bout de papier, puis de le rattraper et jongler avec différentes parties du corps à l'exception des mains, des épaules et des bras.
Ce jeu semble s'être inspiré de jeux beaucoup plus anciens et exotiques. Il ressemble en effet énormément au jeu du Tlachtli pratiqué autour de l'an 900 au Mexique. Il s'apparente également à des jeux de volants asiatiques comme le sloupi chinois ou encore le foot-bag américain.
Le pilou, lui, semble être né dans les rues du vieux Nice aux alentours de 1942. Son nom proviendrait de l'expression pile ou...face car les pièces de monnaie de 25 centimes, en zinc et percées au milieu, tout juste retirées de la circulation furent les premières et seules utilisées durant de nombreuses années.
Certains attribuent d'ailleurs la création de ce jeu à la soudaine démonétisation de ces pièces qui aurait poussé les enfants à récupérer ces pièces de monnaie privées de toute valeur et à leur trouver une utilité. La pratique du pilou s'est vite démocratisée dans les rues de Nice pour gagner toute la région avoisinante mais il apparaît que le jeu n'est pas trop sorti de ses frontières pour irriguer tout le territoire occitan.
La vogue de ce jeu est pourtant telle dans les années 1950 que même Hitchcock, lors du tournage de « La main au collet » (1955) dans les rues de Nice, insère une scène où l'on voit un conducteur se divertir en jouant au pilou.
La pratique du pilou s'est un peu émoussée à partir des années 1960 mais un renouveau a vu le jour au milieu des années 1980 avec l'organisation d'un premier championnat mondial organisé le 14/07/1987 à Coaraze. Ce championnat se déroule désormais tous les ans et a contribué à la popularité du pilou à tel point que des terrains ont pu être créés, notamment au sein de l'université de Nice où le jeu est encore pratiqué par les étudiants. En atteste l'interdiction de le pratiquer sur les pelouses fixée par le règlement intérieur de l'université.
A l'origine, le pilo était constitué d'une pièce de monnaie de 25 centimes dans laquelle on faisait passer un bout de papier, soit du papier de boulanger ou encore les papiers d'emballage des oranges. Tous deux avaient l'avantage d'être suffisamment solides et fins pour résister à de nombreuses passes sans alourdir le volant.
Aujourd'hui, on utilise toujours les pièces de 25 centimes que l'on arrive à trouver encore aisément et à prix modique chez les collectionneurs de monnaie. Elle peut être remplacée par un morceau de métal de poids et taille équivalents. Le morceau de papier a, lui, de plus en plus tendance à être remplacé par des morceaux de plastique découpés dans les poches de supermarchés, que l'on brûle légèrement au niveau de la pièce de métal pour l'y faire adhérer.
Le pilou peut se jouer seul ou à plusieurs joueurs. Plusieurs règles et jeux sont en vigueur aujourd'hui.
Le Solitaire
Ce jeu consiste à faire autant de jongles que possible avec le pilou sans le faire tomber en utilisant les pieds, genoux, la poitrine ou la tête.
La Passe
Ce jeu se joue à deux joueurs ou plus. Son but est de se passer le pilou sans que celui-ci tombe à terre. Les joueurs ont la possibilité de jongler avec le volant au passage. Pilou-but Deux équipes se passent le pilou avant de tenter de l'envoyer dans un but de handball protégé par un gardien (qui a le droit d'utiliser ses mains). Les contacts directs entre joueurs sont proscrits.
Tennis-pilou
Ce jeu se joue à deux équipes sur un terrain composé de deux espaces de 4m sur 4 séparés par un filet d'1 mètre de haut environ. Le but de ce jeu est de faire tomber le pilou dans le camp adverse. Les joueurs d'une même équipe peuvent se faire autant de passes qu'ils le souhaitent à condition que le pilou ne tombe pas dans leur propre camp, dans ce cas le point revient à l'équipe adverse. La partie se joue en 21 points.
Le pilou « véritable »
Ce jeu se pratique sur un terrain séparé par une ligne de 2 à 3 m. avec, de chaque côté, tracé à environ deux pas, deux cercles d'un mètre de diamètre environ. Les joueurs, disposés de chaque côté de la ligne, doivent tenter d'envoyer le pilou dans le cercle de leur adversaire. Après chaque but marqué, les joueurs changent de camp. La partie se joue en 10 points. Le premier joueur envoie le pilou à son adversaire. Ce dernier peut jongler et se déplacer avec le pilou autant qu'il le souhaite mais ne peut pénétrer dans le camp adverse. Il peut tirer quand il le souhaite pour tenter de mettre le pilou dans le cercle de son adversaire. L'autre joueur défend son camp et peut récupérer le pilou et tirer à son tour. Dès que le pilou touche terre, il doit être servi sur son adversaire. Toute faute commise donne lieu à un tir de pénalité : le joueur en faute doit se placer derrière son cercle à défendre pendant que son adversaire se place au niveau de la ligne médiane et lance le pilou qu'il aura par avance placé en équilibre sur son pied.
Sites Internet sur la pratique du Pilou : http://sitedepilou.free.fr/ et http://www.avantipilo.com/
Vidéo sur la pratique du Pilou : http://www.youtube.com/watch?v=MDmnBulDN4Q&feature=player_embedd&noredirect=1
André Giordan, Et vive le pilou ! - E viva lo pilo, Nice : Serre Editeur, cop. 2003. Cote CIRDOC : 790.1 GIOR
Le jeu de la Balle au Tambourin est un sport de balle collectif, impliquant deux équipes de cinq joueurs.
Ce sport est fondé sur l'échange de balles d'un côté et de l'autre d'un terrain de 80 mètres de longueur sur 20 mètres de largeur, séparé par une ligne médiane tracée au sol, la « Basse ».
Les joueurs sont équipés de tambourins, cercles de bois tendus à l'origine de peau de chèvre, aujourd'hui de tissu synthétique. Le battoir, composé d'un tambourin de plus petit diamètre et d'un manche en bois d'alisier ou de micocoulier, sert lui, à mettre la balle en jeu. Les balles de tambourin sont, elles des balles de caoutchouc d'un diamètre réglementaire de 61 mm.
La balle, « bonne », engagée grâce au battoir, a volé et au premier bond, doit obligatoirement être envoyée dans le camp adverse.
L’histoire de ce sport est directement liée à celle des Jeux de Paume existant depuis l'Antiquité et plus tardivement, du jeu de longue Paume, en vogue dans le Sud de la France au XVI° siècle.
Un jeu aux règles similaires existe encore actuellement en Italie : le Tamburello.
On trouve des traces d’un jeu de paume aux règles similaires dans la Grèce antique : la phaeninda. Adopté par les Romains, le jeu de paume a ensuite pénétré le territoire gaulois. Il devient très populaire au Moyen-Age, particulièrement chez les élites. En 1245, Pierre de Colimen, archevêque de Rouen, est d'ailleurs obligé d'interdire la pratique du jeu de paume aux prêtres de sa province, qui adoptaient une tenue souvent débraillée sur les terrains de jeu. C'est vers le XV° siècle que le tambourin aurait été introduit comme battoir. Le jeu de paume subsiste dans les villes et villages jusqu'à la Révolution Française où il est petit à petit abandonné par les élites.
Bien que nous ayons vu que le Jeu de Paume, ancêtre direct du Jeu du Tambourin, a des origines et des versions multiples, allant des territoires italiens jusqu'à l'évêché de Rouen, le jeu du Tambourin a indéniablement une origine languedocienne. En effet, pratiqué dans sa forme actuelle depuis les années 1860, le Jeu du Tambornet est l'héritier de racines occitanes, notamment visible par sa terminologie.
C'est en effet, encore aujourd'hui tout un vocabulaire occitan qui est utilisé pour désigner les différentes phases du jeu, instruments et parties de terrain.
Alandar : faire voler la balle très haut.
Aquet : moitié du terrain qui fait face à la batterie.
Aquetar : reprendre la balle venue du battoir.
Arescle : cercle de lamelles concentriques en bois de mûrier qui constitue l'armature sur laquelle est tendue et clouée la peau parcheminée.
Aterrar : faire courir la balle sur le sol.
Bassa : ligne médiane des cinquante mètres ; se dit aussi d'une balle qui, à la mise en jeu par le batteur ne franchit pas cette ligne.
Bateure : battoir; batteur.
Ceuclar : se dit d'une balle qui dévie dans sa course en décrivant une courbe sur un plan horizontal
Clavels : clous: les clous de fer, fines pointes ; les clous de cuivre à tête large et arrondie servant à fixer les lanières de cuir de couleur.
Clausa : se dit d'une balle qui franchit la ligne de fond adverse; se dit aussi de cette ligne.
Corda : ligne des joueurs d'avant. Ils sont trois.
Cordiers : joueurs d'avant. Celui du milieu porte le nom de tiers.
Crosar : jouer en diagonale.
Dalhar : littéralement « faucher » se dit du joueur qui, par un geste de faucheur, envoie la balle en faute du côté opposé à la main qui joue.
Desclavetat : se dit du tambourin dont la peau cesse d'être tendue par le relâchement des clous ou déchirure des bords de la peau.
Detibat : détendu, se dit d'une peau insuffisamment tendue ou détendue par l'humidité de l'atmosphère
Fanabregon : micocoulier ou alisier sont les arbustes qui fournissent les manches légèrement flexibles des battoirs.
Freta : nom de la muraille qui fermait un des grands côtés du terrain et dont l'action sur les balles était admise à une certaine époque.
Jaça : emplacement marquant l'arrêt d'une balle après son premier bond ; ou son point de sortie du jeu, quand elle ne peut plus être rejouée.
Joc : jeu, nom du terrain; du jeu dans son ensemble. C'est aussi le cri du batteur lorsque, après les balles d'essai auxquelles il a droit, il annonce que la balle qu'il va lancer comptera pour la partie.
Marca : bâton de couleur servant à indiquer l'emplacement d'une jaça.
Marcaire : marqueur, celui qui jalonne les jaçes ou chasses
Pauma : balle
Pelh : désigne ici la peau de chèvre parcheminée
Riban : lanières de cuir rouge, vertes ou bleues servant à cacher les bords de la peau et ornementer le tambourin.
Tambornet : désigne à la fois l'instrument de jeu et le sport qu'il désigne
Max Rouquette, écrivain occitan et membre fondateur de l'Institut d'Etudes Occitanes est l'artisan du renouveau du Jeu du tambourin en Languedoc. Pratiquant ce sport depuis son plus jeune âge et contrarié de voir d'autres sports gagner du terrain en territoire occitan au détriment des sports traditionnels avec en premier plan le tambornet, il décida de tout mettre en oeuvre pour assurer la renaissance et la popularisation du Jeu du Tambourin.
En novembre 1922, une première fédération de jeu de tambourin avait été créée par des personnalités de la bourgeoisie montpelliéraine, proches du félibrige. A sa création, cette fédération comportait d'ailleurs comme membres André Pagès, Hyppolite Arnaud et Adrien Fédières tous trois félibres. Ils ont d'ailleurs rédigé des chants et poèmes consacrés à ce sport. Mais cette première fédération ne résiste pas à la véritable crise et désaffection qui secoue la pratique du Jeu du Tambourin dans les années 1930.
C'est en 1938 qu'à l''initiative de Max Rouquette, la Fédération Française du Jeu de Tambourin naîtra et se chargera de mener une véritable propagande pour valoriser la pratique de ce sport traditionnel occitan. Ces actions de valorisation passeront par la publication d'articles dans la presse locale, l'organisation de grands concours, l'établissement de règlements, le rapprochement avec les ligues de Tamburello italiennes et enfin, la reconnaissance du tambornet comme sport par les autorités centrales françaises.
De nos jours, ce sport se pratique toujours, surtout dans un espace allant de l’Hérault aux Bouches-du-Rhône, il fait d’ailleurs l’objet d’un championnat de France et même d’Europe. La Fédération française de jeu de balle au tambourin est encore active à ce jour (http://www.ffsport-tambourin.fr/index.php). Depuis 1983, le Tambornet est également intégré au Collège National Olympique et Sportif Français.
Site de la Fédération Française de Jeu de Balle au Tambourin : http://ffsport-tambourin.fr/
Max Rouquette, Le jeu de la balle au Tambourin, Toulouse : Institut d'études occitanes, Paris : Librairie Maisonneuve, 1948.
Max Rouquette, Le Livre du Tambourin : un grand sport international en plein essor, Montpellier : CRDP, 1986.
Robert Souchon, Max Rouquette et le Tambourin, IN Les Cahiers Max Rouquette, n°2, mai 2008.
Christian Guiraud, Espaces sportifs et usages sociaux : étude comparative de l'implantation du rugby et du jeu de balle au tambourin dans le département de l'Hérault, Paris : Institut National du Sport et de l'Education Physique, 1985.
Charles Camberoque, Le jeu de la Balle au Tambourin, photographies de Ch. Camberoque, préface de Max Rouquette, Gignac : Bibliothèque 42, 1998.