Je ne veux pas pleurer : aujourd'hui l'oncle Vincent s'en est allé. Ça toujours été un type un peu maladroit mais qui n'oubliait jamais le sourire et la convivialité avec ceux qu'il aimait : pour sûr, ce n'était pas un troubadour. Mais je vais vous le dire, des poètes, il n'y en a guère au village : Ah ! Si ! Le père Bertrand , au Café du Printemps, quand il a englouti trois ou quatre pastis, il se souvient du temps où sa grand-mère chantait et lui racontait des histoires : alors le ciel change de couleur et ses yeux s'emplissent de larmes qui coulent sur sa peau cuite au soleil, rouge de tous les coups bus entre kes souches de sa vigne.
Je me présente : je suis Jeanne Belcaire, la vieille fille du quartier, soixante ans, grande pour une femme du midi (1m67) ni maigre ni grosse, les yeux bleus trop gros pour être jolis, le menton pointu, les cheveux blonds pour cacher la blancheur de l'âge, la bouche grande et fine, la peau blanche et rouge. Certians disent que dans ma jeunesse j'étais une belle plante : mais personne ne me plaisait. Et quand je me promène dans les rues, ça me fait plaisir de revoir les vieux amours de ma jeunesse.
Il y a des jours où je vois encore s'éclairer la flamme de "l'amour de loin" dans leur : "Bonjour Jeanne, comment vas-tu ? Toujours raide et l'échine droite comme une jeunesse !". ce matin, la chanson a changé quand je rencontre dans la Rue Haute René - qui était si beaux et un de ceux que j'aimais tant dans mes vingt ans. Mais sans rien me dire il avait fait un enfant à la Rosette et avait été forcé de se marier avec elle. Aujourd'hui il est à la retraite : il était employé de Mairie.
- "Eh bien, ton oncle nous a laissé, il est parti boire un coup auprès du Bon Dieu. Hélàs, Vincent n'était pas un grand homme mais c'était un homme qui avait toujours travaillé et sué pour épargner. Qui sont les héritiers ? Il n'avait pas d'enfants et tu es sa plus proche parente. Tu vas devenir un parti intéressant : peut-être que tu trouveras enfin un mari. Ce ne sera pas trop tôt !
C'est vrai que l'oncle Vincent m'a laissé tout ce qu'il avait : c'est à dire une maison, ses vignes -20 hectares- et son compte en banque. Mais il faudra attendre un peu avant de savoir combien j'aurai d'argent. Je commence à rêver : dans mon souvenir, il y a un homme, Rémy que je n'ai jamais pu oublier : tous les mois de Janvier pour le jour de l'an il m'envoie une lettre de Baltimore dans le Maryland, aux États-Unis. Il était marié avec une américaine qui est morte aujourd'hui. Il était professeur de langue romane à l'université et comme dans ce pays ils travaillent tard, il doit toujours enseigner. Il est temps de vivre maintenant, temps de voyager : j'ai été empoyée de La Poste toute ma vie, je n'ai jamais eu d'enfants. La raison raisonnable et mes chats que je n'ai jamais voulu abandonner m'ont empêchée de vivre à fond. Je veux un lifting, des vêtements à la mode, il me faudra apprendre un peu d'anglais (je ne pense pas qu'il soit possible d'apprendre l'amerloque) et je partirai rejoindre l'amour de ma vie dans le pays d'Obama : l'aventure est à ma porte, ne me reste plus qu'à l'ouvrir pour la faire entrer : un, deux, trois...
Je vais boire un petit verre de Tuilet que j'ai acheté à Estagel et que j'aime tant : il est doux, ce vin, quand il coule dans la gorge. Maintenant je suis dans le fauteuil que m'a laissé ma grand-mère, les pieds sur une chaise, je veux me noyer dans mes rêves. Et pour commencerbil me faut aller voir le notaire. mais mon petit doigt me crie comme un fou :
-"Jeanne, d'abord il te faut enterrer l'oncle Vincent, aller au crématorium et inviter le village à boire un coup."
-"Tu as raison : Champagne pour tout le monde sur la terrasse de l'oncle Vincent ! Non, chez moi !"-"Des fois tu ne sembles pas être une femme d'ici : ce n'est pas du champagne qu'ils veulent boire tous : du pastis pour les hommes et du Muscat de Rivesaltes pour les femmes !"
-"Tu as toujours raison ! On va cfaire comme tu as dit. Et alors au travail, le monde m'appartient ! Et Rémy : à toi pour la vie !".
Et le Tuilet coule dans mon estomac.
Je n'ai qu'à aller voir sur l'ordinateur où est Baltimore, la baie du Cheasepeake - ça doit être difficile de prononcer ce nom - : Mappy, non ! Je n'ai qu'à cliquer sur États-Unis... chercher Maryland... Mais voici qu'on sonne à la porte. Qui cela peut-il bien être : le notaire, les cousins, un amoureux ou peut-être un voleur ? ...
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Texte de l'épisode 1 :
Je ne veux pas pleurer : aujourd'hui l'oncle Vincent s'en est allé. Ça toujours été un type un peu maladroit mais qui n'oubliait jamais le sourire et la convivialité avec ceux qu'il aimait : pour sûr, ce n'était pas un troubadour. Mais je vais vous le dire, des poètes, il n'y en a guère au village : Ah ! Si ! Le père Bertrand , au Café du Printemps, quand il a englouti trois ou quatre pastis, il se souvient du temps où sa grand-mère chantait et lui racontait des histoires : alors le ciel change de couleur et ses yeux s'emplissent de larmes qui coulent sur sa peau cuite au soleil, rouge de tous les coups bus entre kes souches de sa vigne.
Je me présente : je suis Jeanne Belcaire, la vieille fille du quartier, soixante ans, grande pour une femme du midi (1m67) ni maigre ni grosse, les yeux bleus trop gros pour être jolis, le menton pointu, les cheveux blonds pour cacher la blancheur de l'âge, la bouche grande et fine, la peau blanche et rouge. Certians disent que dans ma jeunesse j'étais une belle plante : mais personne ne me plaisait. Et quand je me promène dans les rues, ça me fait plaisir de revoir les vieux amours de ma jeunesse.
Il y a des jours où je vois encore s'éclairer la flamme de "l'amour de loin" dans leur : "Bonjour Jeanne, comment vas-tu ? Toujours raide et l'échine droite comme une jeunesse !". ce matin, la chanson a changé quand je rencontre dans la Rue Haute René - qui était si beaux et un de ceux que j'aimais tant dans mes vingt ans. Mais sans rien me dire il avait fait un enfant à la Rosette et avait été forcé de se marier avec elle. Aujourd'hui il est à la retraite : il était employé de Mairie.
- "Eh bien, ton oncle nous a laissé, il est parti boire un coup auprès du Bon Dieu. Hélàs, Vincent n'était pas un grand homme mais c'était un homme qui avait toujours travaillé et sué pour épargner. Qui sont les héritiers ? Il n'avait pas d'enfants et tu es sa plus proche parente. Tu vas devenir un parti intéressant : peut-être que tu trouveras enfin un mari. Ce ne sera pas trop tôt !
C'est vrai que l'oncle Vincent m'a laissé tout ce qu'il avait : c'est à dire une maison, ses vignes -20 hectares- et son compte en banque. Mais il faudra attendre un peu avant de savoir combien j'aurai d'argent. Je commence à rêver : dans mon souvenir, il y a un homme, Rémy que je n'ai jamais pu oublier : tous les mois de Janvier pour le jour de l'an il m'envoie une lettre de Baltimore dans le Maryland, aux États-Unis. Il était marié avec une américaine qui est morte aujourd'hui. Il était professeur de langue romane à l'université et comme dans ce pays ils travaillent tard, il doit toujours enseigner. Il est temps de vivre maintenant, temps de voyager : j'ai été empoyée de La Poste toute ma vie, je n'ai jamais eu d'enfants. La raison raisonnable et mes chats que je n'ai jamais voulu abandonner m'ont empêchée de vivre à fond. Je veux un lifting, des vêtements à la mode, il me faudra apprendre un peu d'anglais (je ne pense pas qu'il soit possible d'apprendre l'amerloque) et je partirai rejoindre l'amour de ma vie dans le pays d'Obama : l'aventure est à ma porte, ne me reste plus qu'à l'ouvrir pour la faire entrer : un, deux, trois...
Je vais boire un petit verre de Tuilet que j'ai acheté à Estagel et que j'aime tant : il est doux, ce vin, quand il coule dans la gorge. Maintenant je suis dans le fauteuil que m'a laissé ma grand-mère, les pieds sur une chaise, je veux me noyer dans mes rêves. Et pour commencerbil me faut aller voir le notaire. mais mon petit doigt me crie comme un fou :
-"Jeanne, d'abord il te faut enterrer l'oncle Vincent, aller au crématorium et inviter le village à boire un coup."
-"Tu as raison : Champagne pour tout le monde sur la terrasse de l'oncle Vincent ! Non, chez moi !"-"Des fois tu ne sembles pas être une femme d'ici : ce n'est pas du champagne qu'ils veulent boire tous : du pastis pour les hommes et du Muscat de Rivesaltes pour les femmes !"
-"Tu as toujours raison ! On va cfaire comme tu as dit. Et alors au travail, le monde m'appartient ! Et Rémy : à toi pour la vie !".
Et le Tuilet coule dans mon estomac.
Je n'ai qu'à aller voir sur l'ordinateur où est Baltimore, la baie du Cheasepeake - ça doit être difficile de prononcer ce nom - : Mappy, non ! Je n'ai qu'à cliquer sur États-Unis... chercher Maryland... Mais voici qu'on sonne à la porte. Qui cela peut-il bien être : le notaire, les cousins, un amoureux ou peut-être un voleur ? ...
Vòli pas plorar : uèi l’oncle Vincent se n’es anat. Es totjorn estat un tipe un pauc malbiaissut mas aviá pas oblidat lo sorire e la convivéncia ambe los qu’aimava : de segur èra pas un trobador. Me cal vos o dire, de trobaires, se'n tròba pas pus dins lo vilatge : a ! Si ! Lo papet Bertrand, al cafè de la Prima, quand a engolit tres o quatre pastagàs se soven del temps onte sa grand cantava e contava : alara lo cèl càmbia de color e sos uòlhs s’emplisson de lagremas que davalan sus sa pèl cuècha al solelh e roge de tant de còps beguts entre las socas de sa vinha.
Me presenti : ieu soi Joana Belcaire, la vièlha filha dau caire, sessanta ans, grandassa per una femna dau miegjorn (1m67), ni magra ni grassa, los uòlhs blaus tròp gròs per èstre polits, lo menton ponchut, los pels blondàs per amagar la blancor de l’atge, la boca granda e fina, la pèl blanca e roja . N’i a que dison que dins mon folhum soi estada una bèla planta : mas degun m’agradava pas. E quand me passegi per carrièra me fa plaser de tornar vèire los vielhs amorós de ma joinessa.
De còps que i a, vesi encara la flama de l’amor de luènh s’alucar dins lo : "Bonjorn Joana, cossí vas ? Totjorn redda e l’esquina drecha com’una joventa ! » Aqueste matin la cançon es cambiada quand rescontri dins la carrièra Nauta lo Renat – qu’èra tant polit e un de los qu’ai aimat tant e tant per mos vint ans. Mas sens res me dire aviá fach un enfant a la Roseta e èra estat forçat de la maridar. Ara es retirat : èra emplegat al servicis de la Comuna. : "E ben! ton oncle nos a laissat , es anat beure un còp encò del Bon Dieu. Pecaire, lo Vincenç èra pas un grand òme mas èra un òme qu’aviá totjorn trabalhat e susat per esparnhar tanben. Quales son los eretièrs ? Aviá ges d’enfants e es tu la mai pròcha. Vas devenir un partit interessant : benlèu que traparàs enfin un marit. Serà pas trop lèu !" .
Verai que l’oncle Vincenç m’a daissat tot çò qu’aviá : es a dire un ostal, sas vinhas – 20 ectares, e son compte a la banca. Mas caldrà esperar un pauc per saupre quant d’argent i a per ieu. Comenci de pantaissar : dins mon sovenir i a un òme, Romieg, qu’ai pas jamai poscut oblidar : cada mes de genièr me manda una letra de Baltimòre, dins lo Mariland en America, per l’an novèl. Èra maridat amb una americana qu’es mòrta, ara. Èra professor de lenga romana a l’universitat e coma dins aquel país trabalhan tard, deu totjorn ensenhar. Es temps de viure ara, es temps de viatjar : soi estada emplegada de la Pòsta tota ma vida, ai pas jamai agut d’enfants. La rason rasonabla, e mos cats qu’ai pas jamai volgut abandonar, m’an empachat de viure d’afons. Vòli un lifting, de vestits a la mòda, me caldrà aprene un pauc l’anglés (pensi pas que se pòsca aprene l’amerlòc) e partirai rejónher l’amor de ma vida dins lo país d’Obama : l’aventura es a ma pòrta, la me cal durbir per la faire dintrar : un dos tres….
Me cal beure un pichòt veire de Tuilet qu’ai crompat a Estagel, que l’aimi tant : es doç aquel vin quand passa dins la garganta. Ara soi dins lo sèti que m’a laissat ma grand, los pès sus una cadièra, me vòli negar dins mos pantaisses. E primièr me caldrà anar veire, lo notari. Mas mon pichòt det crida com’un fadòli :
-"Joana : primièr te cal enterrar l’oncle Vincenç, passar per lo crematorium e convidar lo vilatge a beure un còp".
- "As rason : champanhe per totes sus la terrassa de l’oncle Vincenç ! Non, dins mon ostal !"
- "De còps que i a semblas de pas èstre una femna d’aquí : es pas de champanhe que vòlon beure totes : vòlon de pastís e las femnas de muscat de Rivesaltas !"
- "As totjorn rason ! Farai com’as dich. E ara al trabalh lo monde es a ieu ! Romieg : a tu per la vida".
E lo Tuilet davalèt dins mon estomac.
Me cal veire sus l’ordenador ont’es Baltimòre, la baia del Cheasepeake - deu èstre dificil de mastegar aquel nom-: Mappy, non me cal clicar sus Estats-Units… cercar Mariland … Mas vaquí que quauqu’un sona a la pòrta : qual pòt èstre : lo notari, los cosins, un amorós o benlèu un panaire ?.....