Lou Tresor dóu Felibrige est un dictionnaire provençal-français, au caractère presque encyclopédique. Il aura fallu une trentaine d’années à Frédéric Mistral (1830-1914) pour rassembler toute la matière de ce dictionnaire monumental, recueillie auprès d’écrivains et locuteurs de tous dialectes occitans ou bien puisée directement dans les sources écrites. C’est un ouvrage qui s’est imposé comme référence dès sa parution et jusque aujourd’hui.
Frédéric Mistral est l’un des fondateurs du Félibrige, association investie dans la défense de la langue occitane. Il souhaite par là encourager la création poétique comme élément moteur de la renaissance d’oc (il est l'auteur de Mirèio notamment, paru en 1859, et lauréat du prix Nobel de littérature en 1904), c’est pourquoi il destine son dictionnaire d’abord aux félibres (membres du Félibrige), d’où le titre de l’ouvrage. Pour autant, tous ceux qui s’intéressent à la langue et à la culture occitanes, félibres ou non, reconnaissent dès sa parution la qualité et l’utilité du Tresor.
Le trésor du félibrige (traduction française du titre)
Frédéric Mistral rédige à la suite de son titre une liste des points précis qui constituent le contenu de son ouvrage. Le lecteur est ainsi averti de ce qu’il pourra trouver lors de ses recherches :
« 1° Tous les mots usités dans le Midi de la France, avec leur signification française, les acceptions au propre et au figuré, les augmentatifs et diminutifs, et un grand nombre d’exemples et de citations d’auteurs ;
2° Les variétés dialectables [sic] et archaiques [sic] à côté de chaque mot, avec les similaires des diverses langues romanes ;
3° Les radicaux, les formes bas-latines et les étymologies ;
4° La synonymie de tous les mots dans leurs divers sens ;
5° Le tableau comparatif des verbes auxiliaires dans les principaux dialectes ;
6° Les paradigmes de beaucoup de verbes réguliers, la conjugaison des verbes irréguliers et les emplois grammaticaux de chaque vocable ;
7° Les expressions techniques de l’agriculture, de la marine et de tous les arts et métiers ;
8° Les termes populaires de l’histoire naturelle, avec leur traduction scientifique ;
9° La nomenclature géographique des villes, villages, quartiers, rivières et montagnes du Midi, avec les diverses formes anciennes et modernes ;
10° Les dénominations et sobriquets particuliers aux habitants de chaque localité ;
11° Les noms propres historiques et les noms de famille méridionaux ;
12° La collection complète des proverbes, dictons, énigmes, idiotismes, locutions et formules populaires ;
13° Des explications sur les coutumes, usages, mœurs, institutions, traditions et croyances des provinces méridionales ;
14° Des notions biographiques, bibliographiques et historiques sur la plupart des célébrités, des livres ou des faits appartenant au Midi.»
Cet ouvrage s’inscrit parfaitement dans le vaste projet de renaissance linguistique occitane initiée au cours du XIXème siècle, notamment par Frédéric Mistral lui-même.
Ce dernier développe très jeune un sentiment d’attachement à la langue et à la culture d’oc, qui se mue rapidement en passion et le mène à la tête du mouvement de renaissance occitane. Mistral aurait eu d’abord l’intention de faire un supplément au dictionnaire d’Honnorat pour son propre usage sur un cahier qu’il fait ajouter sur son exemplaire acquis en 1853. Ce projet remonterait probablement à 1848, ou guère plus tard, et le résultat aura finalement constitué une sorte d’ébauche du Tresor dóu Felibrige. Mais c’est la création du Félibrige en 1854 qui donnera tout son sens à cette entreprise, menée avec une détermination inébranlable. Le Félibrige étant une association de poètes occitans dont l’objectif est de redonner à la langue occitane ses lettres de noblesse, il convient de fournir aux félibres un instrument pour appuyer une création littéraire riche et de qualité, capable de motiver et de pérenniser l’usage de la langue. C’est pourquoi Mistral se lance dans un travail extrêmement ambitieux d’inventaire des termes occitans, accompagnés le plus souvent possible de citations d’auteurs occitans de tous dialectes depuis les troubadours en passant par les poètes baroques et jusqu’aux poètes contemporains. Mistral entend par là mettre en relief à la fois l’unité de la langue et sa grande diversité mais aussi faire de son Tresor le témoin et le révélateur de sa vitalité à travers les âges.
Pour alimenter son dictionnaire, Mistral s’appuie à la fois sur des témoignages de personnes et sur des documents écrits. Il sollicite d’une part ses nombreux correspondants, pour la plupart écrivains, éditeurs, linguistes romanistes, mais aussi plus simplement des amis, connaissances ou personnes rencontrées à l’occasion, et qui ont pour la plupart une pratique de la langue naturelle et quotidienne. Il a par ailleurs à sa disposition une infinité d’œuvres littéraires et de dictionnaires, lexiques, glossaires dans lesquels il a largement puisé. D’ailleurs, la trentaine d’années passée entre l’apparition des félibres et la parution des deux tomes du Tresor a fait de ces poètes à la fois la source et la finalité de l’ouvrage. Parmi les ouvrages de lexicologie utilisés par Mistral, le dictionnaire d’Honnorat1 peut être considéré comme la source principale, traitée cependant avec une certaine liberté par Mistral : on constate quelques variations entre les deux, des différences de citations, des variations de sens, quelques omissions ou enrichissements. Pour le reste il n’a pas hésité à exploiter quantités d’autres travaux lexicographiques, anciens ou contemporains, publiés ou à l’état de manuscrits, parfois en cours d’élaboration, ceci afin d’assurer la fiabilité de son inventaire, particulièrement pour les parlers qui n’étaient pas le sien. À l’article « diciounari », on trouve une trentaine de titres dont on se doute qu’il les a utilisés, mais d’autres sources nous sont peut-être encore inconnues.
L’étude des manuscrits de travail de Mistral serait intéressante pour comprendre la progression des travaux jusqu’à la forme définitive du dictionnaire. Il existe trois manuscrits, qui seraient en quelque sorte trois étapes de l’élaboration du dictionnaire : le premier est très sommaire, il ne comporte que les termes et leur traduction, puis s’étoffe au fur et à mesure de l’avancée des travaux de Mistral ; le second fait apparaître toute la matière du Tresor mais à l’état de brouillon, avec des annotations marginales ; le troisième est une version au propre du deuxième, peut-être à l’attention de l’imprimeur, avec encore quelques annotations. Mais ces trois manuscrits sont déjà des compilations de notes probablement éparses, sur feuilles volantes dont on n’a apparemment plus de traces.2
La première édition du dictionnaire paraît chez Remondet-Aubin, à Aix-en-Provence, en plusieurs temps et de nombreuses années après l’initiation du projet d’élaboration. Le premier des 60 fascicules est publié en 1879 et le dernier en 1886. Entre temps, le premier tome (A-F) paraît en 1882 et le second en 1886. Mistral a suivi de très près toutes les étapes de la fabrication (mise en page, impression) puis la diffusion (prospectus de présentation, réception des souscriptions et expédition des fascicules, entente avec les libraires-diffuseurs).3 Elle contient un sonnet de Mistral en guise de préface : « Au Miejour », ainsi qu’un supplément et quelques additions.S’il est possible que Mistral ait lui-même envisagé une réédition de son ouvrage, elle n’a pas vu le jour, du moins de son vivant. La première réédition est l’édition « du Centenaire », sous-entendu de la naissance de Mistral, parue chez Delagrave, en 1932 à Paris. La réimpression de l’ouvrage est accompagnée d’une documentation iconographique et d’une préface de Mme Marie Frédéric Mistral. On trouve à la suite des additions de Mistral une strophe de F. Vidal, « Sus lou Tresor dóu Felibrige », daté de 1886 ainsi qu’un extrait du « discours du Président de la République R. Poincaré, venu, le 14 octobre 1913, saluer à Maillane l’”Homère” de Provence ».
Une réimpression du dictionnaire paraît en Allemagne, chez Biblio-Verlag, à Osnabrück en 1966.
En 1968, une troisième édition paraît chez Ramoun Berenguié à Aix-en-Provence. Pierre Rollet y fait figurer un avant-propos et deux articles placés à la fin du second volume, l’un sur le Tresor dóu Felibrige et l’autre sur le mot « Oucitan ». Il ajoute aussi des « notes manuscrites de Mistral relevées sur son exemplaire du Tresor dóu Felibrige conservé au Museon Mistral » ainsi qu’un « supplément établi d’après les notes de Jules Ronjat ».
À l’occasion du centenaire de la publication du Tresor, une exposition a lieu, suivie d’une nouvelle édition parue chez Édisud, à Aix-en-Provence en 1979, préfacée par Jean-Claude Bouvier (linguiste). Cette préface, ou introduction, contient plusieurs chapitres très documentés autour de l’élaboration du Tresor du Felibrige, ainsi qu’une bibliographie et des photos et reproductions.
La même année, une réimpression de l’édition de 1968 paraît chez C.P.M. Marcel Petit à Raphèle-lès-Arles.
Enfin, Prince Negue (Pau) propose en 2003 une réimpression en 4 tomes, sur laquelle ne figure pas la liste des éléments contenus dans le dictionnaire, insérée par Mistral à la suite de son titre.
Le Tresor dóu Felibrige a été très positivement accueilli lors de sa parution, il a rencontré beaucoup de succès et reste encore à l’heure actuelle un ouvrage de référence dans le milieu occitan. Cela n’empêche pas quelques reproches : notamment le privilège que Mistral semble accorder à son propre parler, le provençal rhodanien, (probablement beaucoup pour des raisons pratiques d’accès à la langue mais peut-être aussi pour des raisons affectives) en plus du choix de la graphie félibréenne qui n’était pas unanimement acceptée, y compris dans le Félibrige, pour des raisons d’adaptation aux autres dialectes. D’un point de vue lexicographique, si la rencontre (et l’amitié) avec le chartiste Paul Meyer est sans doute pour quelque chose dans l’amélioration de son projet à partir des années 60 et si les talents de linguiste de Mistral ne sont déjà plus à prouver, cela ne fait pas pour autant de lui un expert : la visée de Mistral était d’ordre plutôt littéraire que véritablement scientifique et cela se ressent. Ainsi, le mérite de Mistral pour le travail qu’il a accompli n’est pas remis en cause mais sa rigueur est tout de même critiquée : les formes les plus fiables qu’il propose seraient celles concernant la langue rhodanienne, et les autres dialectes seraient parfois trop manipulés ou mal interprétés. Toutes les formes lexicales proposées ne seraient pas absolument authentiques. Autrement dit le Tresor ne devrait peut-être pas être utilisé comme référence unique par les linguistes : Mistral a été quelques fois soupçonné de se laisser aller à une forme de normalisation et d’esthétisation de la langue pour son utilisation poétique. Enfin la matière ethnographique conséquente contenue dans le Tresor n’est ni exhaustive ni spécialisée mais cela n’est pas vu comme un défaut : c’est une vision globale de la culture occitane car « l’étude d’une langue ne peut être séparée du contexte culturel dans lequel elle s’inscrit »4.
Éditions :
Remondet-Aubin, Aix-en-Provence ; Roumanille, Avignon ; Champion, Paris : 1878-1886.
Delagrave, Paris : 1932, sous la direction de Victor Tuby.
Biblio-Verlag, Osnabrück : 1966.
Ramoun Berenguié, Aix-en-Provence : 1968. Préface de Pierre Rollet
Edisud, Aix-en-Provence : 1979. Préface de Jean-Claude Bouvier.
C.P.M. Marcel Petit, Raphèle-lès-Arles : 1979
Prince Negue, Pau : 2003, 4 tomes.
Études :
Jean Boutière. “De la genèse du Trésor de F. Mistral” in Actes et Mémoires du 1er Congrès International de Langue et Littérature du Midi de la France, 1957, p. 319
Jean-Claude Bouvier, Suzanne Estève et Jean-Maurice Rouquette. Mistral et la langue d’oc, Centenaire du Tresor dóu Felibrige. Catalogue de l’exposition organisée en 1979 par la Bibliothèque de Méjanes, l’Université de Provence et le Museon Arlaten
Marcelle d’Herde-Heiliger. Frédéric Mistral et les écrivains occitans dans le Tresor dóu felibrige. S.F.A.I.E.O., Pau, 1998, préface de G. Kremnitz
Hans-Erich Keller. “La valeur du Tresor dóu Felibrige pour les études lexicologiques occitanes” in Revue de linguistique romane, Nos 89-90, 1959, pp. 131-143
Charles Rostaing. “Le dictionnaire d’Honnorat source du Tresor dóu Felibrige” in Revue de Linguistique Romane, 1974, 38, p. 459
Le Tresor dóu Felibrige numérisé sur le site de Lo congrès : http://tdf.locongres.org/
Le Tresor dóu Felibrige numérisé par la Bnf : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k74854
Le Tresor dóu Felibrige numérisé par archive.org : https://archive.org/details/loutrsordufelibr01mist
1. S.-J. Honnorat. Dictionnaire provençal-français : ou dictionnaire de la langue d'oc ancienne et moderne. Suivi d'un Vocabulaire français-provençal (...). Repos, Digne, 1846-48↑
2. Jean Boutière. “De la genèse du Trésor de F. Mistral” in Actes et Mémoires du 1er Congrès International de Langue et Littérature du Midi de la France, 1957, p. 319↑
3. Pour ces précisions, voir Jean-Claude Bouvier, Suzanne Estève et Jean-Maurice Rouquette. Mistral et la langue d’oc. Centenaire du Tresor dóu Felibrige, catalogue de l’exposition organisée en 1979 par la Bibliothèque de Méjanes, l’Université de Provence et le Museon Arlaten↑
4. Citation de Jean-Claude Bouvier, tirée de Mistral et la langue d’oc. Centenaire du Tresor dóu Felibrige.↑
]]>Lou Tresor dóu Felibrige est un dictionnaire provençal-français, au caractère presque encyclopédique. Il aura fallu une trentaine d’années à Frédéric Mistral (1830-1914) pour rassembler toute la matière de ce dictionnaire monumental, recueillie auprès d’écrivains et locuteurs de tous dialectes occitans ou bien puisée directement dans les sources écrites. C’est un ouvrage qui s’est imposé comme référence dès sa parution et jusque aujourd’hui.
Frédéric Mistral est l’un des fondateurs du Félibrige, association investie dans la défense de la langue occitane. Il souhaite par là encourager la création poétique comme élément moteur de la renaissance d’oc (il est l'auteur de Mirèio notamment, paru en 1859, et lauréat du prix Nobel de littérature en 1904), c’est pourquoi il destine son dictionnaire d’abord aux félibres (membres du Félibrige), d’où le titre de l’ouvrage. Pour autant, tous ceux qui s’intéressent à la langue et à la culture occitanes, félibres ou non, reconnaissent dès sa parution la qualité et l’utilité du Tresor.
Le trésor du félibrige (traduction française du titre)
Frédéric Mistral rédige à la suite de son titre une liste des points précis qui constituent le contenu de son ouvrage. Le lecteur est ainsi averti de ce qu’il pourra trouver lors de ses recherches :
« 1° Tous les mots usités dans le Midi de la France, avec leur signification française, les acceptions au propre et au figuré, les augmentatifs et diminutifs, et un grand nombre d’exemples et de citations d’auteurs ;
2° Les variétés dialectables [sic] et archaiques [sic] à côté de chaque mot, avec les similaires des diverses langues romanes ;
3° Les radicaux, les formes bas-latines et les étymologies ;
4° La synonymie de tous les mots dans leurs divers sens ;
5° Le tableau comparatif des verbes auxiliaires dans les principaux dialectes ;
6° Les paradigmes de beaucoup de verbes réguliers, la conjugaison des verbes irréguliers et les emplois grammaticaux de chaque vocable ;
7° Les expressions techniques de l’agriculture, de la marine et de tous les arts et métiers ;
8° Les termes populaires de l’histoire naturelle, avec leur traduction scientifique ;
9° La nomenclature géographique des villes, villages, quartiers, rivières et montagnes du Midi, avec les diverses formes anciennes et modernes ;
10° Les dénominations et sobriquets particuliers aux habitants de chaque localité ;
11° Les noms propres historiques et les noms de famille méridionaux ;
12° La collection complète des proverbes, dictons, énigmes, idiotismes, locutions et formules populaires ;
13° Des explications sur les coutumes, usages, mœurs, institutions, traditions et croyances des provinces méridionales ;
14° Des notions biographiques, bibliographiques et historiques sur la plupart des célébrités, des livres ou des faits appartenant au Midi.»
Cet ouvrage s’inscrit parfaitement dans le vaste projet de renaissance linguistique occitane initiée au cours du XIXème siècle, notamment par Frédéric Mistral lui-même.
Ce dernier développe très jeune un sentiment d’attachement à la langue et à la culture d’oc, qui se mue rapidement en passion et le mène à la tête du mouvement de renaissance occitane. Mistral aurait eu d’abord l’intention de faire un supplément au dictionnaire d’Honnorat pour son propre usage sur un cahier qu’il fait ajouter sur son exemplaire acquis en 1853. Ce projet remonterait probablement à 1848, ou guère plus tard, et le résultat aura finalement constitué une sorte d’ébauche du Tresor dóu Felibrige. Mais c’est la création du Félibrige en 1854 qui donnera tout son sens à cette entreprise, menée avec une détermination inébranlable. Le Félibrige étant une association de poètes occitans dont l’objectif est de redonner à la langue occitane ses lettres de noblesse, il convient de fournir aux félibres un instrument pour appuyer une création littéraire riche et de qualité, capable de motiver et de pérenniser l’usage de la langue. C’est pourquoi Mistral se lance dans un travail extrêmement ambitieux d’inventaire des termes occitans, accompagnés le plus souvent possible de citations d’auteurs occitans de tous dialectes depuis les troubadours en passant par les poètes baroques et jusqu’aux poètes contemporains. Mistral entend par là mettre en relief à la fois l’unité de la langue et sa grande diversité mais aussi faire de son Tresor le témoin et le révélateur de sa vitalité à travers les âges.
Pour alimenter son dictionnaire, Mistral s’appuie à la fois sur des témoignages de personnes et sur des documents écrits. Il sollicite d’une part ses nombreux correspondants, pour la plupart écrivains, éditeurs, linguistes romanistes, mais aussi plus simplement des amis, connaissances ou personnes rencontrées à l’occasion, et qui ont pour la plupart une pratique de la langue naturelle et quotidienne. Il a par ailleurs à sa disposition une infinité d’œuvres littéraires et de dictionnaires, lexiques, glossaires dans lesquels il a largement puisé. D’ailleurs, la trentaine d’années passée entre l’apparition des félibres et la parution des deux tomes du Tresor a fait de ces poètes à la fois la source et la finalité de l’ouvrage. Parmi les ouvrages de lexicologie utilisés par Mistral, le dictionnaire d’Honnorat1 peut être considéré comme la source principale, traitée cependant avec une certaine liberté par Mistral : on constate quelques variations entre les deux, des différences de citations, des variations de sens, quelques omissions ou enrichissements. Pour le reste il n’a pas hésité à exploiter quantités d’autres travaux lexicographiques, anciens ou contemporains, publiés ou à l’état de manuscrits, parfois en cours d’élaboration, ceci afin d’assurer la fiabilité de son inventaire, particulièrement pour les parlers qui n’étaient pas le sien. À l’article « diciounari », on trouve une trentaine de titres dont on se doute qu’il les a utilisés, mais d’autres sources nous sont peut-être encore inconnues.
L’étude des manuscrits de travail de Mistral serait intéressante pour comprendre la progression des travaux jusqu’à la forme définitive du dictionnaire. Il existe trois manuscrits, qui seraient en quelque sorte trois étapes de l’élaboration du dictionnaire : le premier est très sommaire, il ne comporte que les termes et leur traduction, puis s’étoffe au fur et à mesure de l’avancée des travaux de Mistral ; le second fait apparaître toute la matière du Tresor mais à l’état de brouillon, avec des annotations marginales ; le troisième est une version au propre du deuxième, peut-être à l’attention de l’imprimeur, avec encore quelques annotations. Mais ces trois manuscrits sont déjà des compilations de notes probablement éparses, sur feuilles volantes dont on n’a apparemment plus de traces.2
La première édition du dictionnaire paraît chez Remondet-Aubin, à Aix-en-Provence, en plusieurs temps et de nombreuses années après l’initiation du projet d’élaboration. Le premier des 60 fascicules est publié en 1879 et le dernier en 1886. Entre temps, le premier tome (A-F) paraît en 1882 et le second en 1886. Mistral a suivi de très près toutes les étapes de la fabrication (mise en page, impression) puis la diffusion (prospectus de présentation, réception des souscriptions et expédition des fascicules, entente avec les libraires-diffuseurs).3 Elle contient un sonnet de Mistral en guise de préface : « Au Miejour », ainsi qu’un supplément et quelques additions.S’il est possible que Mistral ait lui-même envisagé une réédition de son ouvrage, elle n’a pas vu le jour, du moins de son vivant. La première réédition est l’édition « du Centenaire », sous-entendu de la naissance de Mistral, parue chez Delagrave, en 1932 à Paris. La réimpression de l’ouvrage est accompagnée d’une documentation iconographique et d’une préface de Mme Marie Frédéric Mistral. On trouve à la suite des additions de Mistral une strophe de F. Vidal, « Sus lou Tresor dóu Felibrige », daté de 1886 ainsi qu’un extrait du « discours du Président de la République R. Poincaré, venu, le 14 octobre 1913, saluer à Maillane l’”Homère” de Provence ».
Une réimpression du dictionnaire paraît en Allemagne, chez Biblio-Verlag, à Osnabrück en 1966.
En 1968, une troisième édition paraît chez Ramoun Berenguié à Aix-en-Provence. Pierre Rollet y fait figurer un avant-propos et deux articles placés à la fin du second volume, l’un sur le Tresor dóu Felibrige et l’autre sur le mot « Oucitan ». Il ajoute aussi des « notes manuscrites de Mistral relevées sur son exemplaire du Tresor dóu Felibrige conservé au Museon Mistral » ainsi qu’un « supplément établi d’après les notes de Jules Ronjat ».
À l’occasion du centenaire de la publication du Tresor, une exposition a lieu, suivie d’une nouvelle édition parue chez Édisud, à Aix-en-Provence en 1979, préfacée par Jean-Claude Bouvier (linguiste). Cette préface, ou introduction, contient plusieurs chapitres très documentés autour de l’élaboration du Tresor du Felibrige, ainsi qu’une bibliographie et des photos et reproductions.
La même année, une réimpression de l’édition de 1968 paraît chez C.P.M. Marcel Petit à Raphèle-lès-Arles.
Enfin, Prince Negue (Pau) propose en 2003 une réimpression en 4 tomes, sur laquelle ne figure pas la liste des éléments contenus dans le dictionnaire, insérée par Mistral à la suite de son titre.
Le Tresor dóu Felibrige a été très positivement accueilli lors de sa parution, il a rencontré beaucoup de succès et reste encore à l’heure actuelle un ouvrage de référence dans le milieu occitan. Cela n’empêche pas quelques reproches : notamment le privilège que Mistral semble accorder à son propre parler, le provençal rhodanien, (probablement beaucoup pour des raisons pratiques d’accès à la langue mais peut-être aussi pour des raisons affectives) en plus du choix de la graphie félibréenne qui n’était pas unanimement acceptée, y compris dans le Félibrige, pour des raisons d’adaptation aux autres dialectes. D’un point de vue lexicographique, si la rencontre (et l’amitié) avec le chartiste Paul Meyer est sans doute pour quelque chose dans l’amélioration de son projet à partir des années 60 et si les talents de linguiste de Mistral ne sont déjà plus à prouver, cela ne fait pas pour autant de lui un expert : la visée de Mistral était d’ordre plutôt littéraire que véritablement scientifique et cela se ressent. Ainsi, le mérite de Mistral pour le travail qu’il a accompli n’est pas remis en cause mais sa rigueur est tout de même critiquée : les formes les plus fiables qu’il propose seraient celles concernant la langue rhodanienne, et les autres dialectes seraient parfois trop manipulés ou mal interprétés. Toutes les formes lexicales proposées ne seraient pas absolument authentiques. Autrement dit le Tresor ne devrait peut-être pas être utilisé comme référence unique par les linguistes : Mistral a été quelques fois soupçonné de se laisser aller à une forme de normalisation et d’esthétisation de la langue pour son utilisation poétique. Enfin la matière ethnographique conséquente contenue dans le Tresor n’est ni exhaustive ni spécialisée mais cela n’est pas vu comme un défaut : c’est une vision globale de la culture occitane car « l’étude d’une langue ne peut être séparée du contexte culturel dans lequel elle s’inscrit »4.
Éditions :
Remondet-Aubin, Aix-en-Provence ; Roumanille, Avignon ; Champion, Paris : 1878-1886.
Delagrave, Paris : 1932, sous la direction de Victor Tuby.
Biblio-Verlag, Osnabrück : 1966.
Ramoun Berenguié, Aix-en-Provence : 1968. Préface de Pierre Rollet
Edisud, Aix-en-Provence : 1979. Préface de Jean-Claude Bouvier.
C.P.M. Marcel Petit, Raphèle-lès-Arles : 1979
Prince Negue, Pau : 2003, 4 tomes.
Études :
Jean Boutière. “De la genèse du Trésor de F. Mistral” in Actes et Mémoires du 1er Congrès International de Langue et Littérature du Midi de la France, 1957, p. 319
Jean-Claude Bouvier, Suzanne Estève et Jean-Maurice Rouquette. Mistral et la langue d’oc, Centenaire du Tresor dóu Felibrige. Catalogue de l’exposition organisée en 1979 par la Bibliothèque de Méjanes, l’Université de Provence et le Museon Arlaten
Marcelle d’Herde-Heiliger. Frédéric Mistral et les écrivains occitans dans le Tresor dóu felibrige. S.F.A.I.E.O., Pau, 1998, préface de G. Kremnitz
Hans-Erich Keller. “La valeur du Tresor dóu Felibrige pour les études lexicologiques occitanes” in Revue de linguistique romane, Nos 89-90, 1959, pp. 131-143
Charles Rostaing. “Le dictionnaire d’Honnorat source du Tresor dóu Felibrige” in Revue de Linguistique Romane, 1974, 38, p. 459
Le Tresor dóu Felibrige numérisé sur le site de Lo congrès : http://tdf.locongres.org/
Le Tresor dóu Felibrige numérisé par la Bnf : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k74854
Le Tresor dóu Felibrige numérisé par archive.org : https://archive.org/details/loutrsordufelibr01mist
1. S.-J. Honnorat. Dictionnaire provençal-français : ou dictionnaire de la langue d'oc ancienne et moderne. Suivi d'un Vocabulaire français-provençal (...). Repos, Digne, 1846-48↑
2. Jean Boutière. “De la genèse du Trésor de F. Mistral” in Actes et Mémoires du 1er Congrès International de Langue et Littérature du Midi de la France, 1957, p. 319↑
3. Pour ces précisions, voir Jean-Claude Bouvier, Suzanne Estève et Jean-Maurice Rouquette. Mistral et la langue d’oc. Centenaire du Tresor dóu Felibrige, catalogue de l’exposition organisée en 1979 par la Bibliothèque de Méjanes, l’Université de Provence et le Museon Arlaten↑
4. Citation de Jean-Claude Bouvier, tirée de Mistral et la langue d’oc. Centenaire du Tresor dóu Felibrige.↑
Lou Tresor dóu Felibrige es un diccionari provençal-francés, del caractèr gaireben enciclopedic. Frederic Mistral (1830-1914) consacrèt un trentenat d’ans per amassar tota la matèria d’aqueste diccionari dels gròsses, recampada alprèp d’escrivans e de locutors de totes dialèctes occitans o posada dirèctament dins las sorsas escrichas. L’obratge s’es impausat coma referéncia tre sa sortida e fins ara.
Frederic Mistral es un dels fondators del Felibrige, associacion envestida dins la defensa de la lenga occitana. Sa tòca es d’encoratjar la creacion poetica per donar de vam a la renaissença d’òc (es l’autor de Mirèio, òbra famosa pareguda en 1859, e laureat del Prèmi Nobel de literatura en 1904), es per aquò que son diccionari es destinat primièr als felibres (membres del Felibrige), çò qu’explica lo títol de l’obratge. Totun, totes los que s’interessan a la lenga e a la cultura occitana, felibres o pas, reconéisson tre sa sortida la qualitat e l’utilitat del Tresor.
Le trésor du félibrige (traduccion francesa del títol)
Frederic Mistral redigís en seguida de son títol una tièra dels ponches precises que constituïsson lo contengut de son obratge. Lo legeire es aital avisat de çò que trobarà long de sas recèrcas :
« 1° Totes los mots usitats dins lo Miègjorn de França, amb lor significacion francesa, las acceptacions al pròpri e al figurat, los aumentatius e diminutius, e un grand nombre d’exemples e de citacions d’autors ;
2° Las varietats dialectalas e arcaïcas a costat de cada mot, amb los equivalents de las diferentas lengas romanas ;
3° Los radicals, las formas bas-latinas e las etimologias ;
4° La sinonimia de totes los mots dins lors diferents sens ;
5° Lo tablèu comparatiu dels vèrbs auxiliares dins los dialèctes principals ;
6° Los paradigmas de fòrça vèrbs regulars, la conjugason dels vèrbs irregulars e los emplecs gramaticals de cada vocable ;
7° Las expressions tecnicas de l’agricultura, de la marina e de las arts e dels mestièrs ;
8° Los termes populars de l’istòria naturala, amb lor traduccion scientifica ;
9° La nomenclatura geografica de las vilas, dels vilatges, barris, rius e de las montanhas del Miègjorn, amb las diferentas formas ancianas e modèrnas ;
10° Las denominacions e escais particulars als estatjants de cada localitat ;
11° Los noms pròpris istorics e los noms de familha miègjornals ;
12° La colleccion completa dels provèrbis, dictons, enigmas, idiotismes, locucions e formulas popularas ;
13° D’explicacions sus las costumas, los usatges, las mors, las institucions, las tradicions e las cresenças de las províncias miègjornalas ;
14° De nocions biograficas, bibliograficas e istoricas sus la màger part de las celebritats, dels libres o dels faches apartenent al Miègjorn. »1
Aqueste obratge s’inscriu perfièchament dins lo projècte vast de la renaissença linguistica occitana entrepresa al sègle XIX, mai que mai per Frederic Mistral.
Aqueste desvolopa d’ora un sentiment d’estacament a la lenga e a la cultura d’òc, que ven rapidament passion e lo mena al cap del movement de renaissença occitana. Mistral auriá agut primièr l’intencion de fargar un suplement al diccionari d’Honnorat2 per son usatge pròpri sus un quasèrn qu’aviá fach apondre sus son exemplari aquesit en 1853. Lo projècte auriá son origina en 1848 o gaire mai tard, e la resulta es fin finala estada una mena d’esbòs del Tresor dóu Felibrige. Mas es la creacion del Felibrige en 1854 que balha tot son sens a aquela entrepresa, menada amb una determinacion imbrandabla. Essent que lo Felibrige es una associacion de poètas occitans que la tòca es de tornar son prestigi a la lenga occitana, conven de porgir als felibres un esplech per apuejar una creacion literària rica e de qualitat, capabla de motivar e de perennizar l’emplec de la lenga. Es per aquò que Mistral se lança dins un trabalh dels ambicioses d’inventari dels termes occitans, accompanhats plan sovent de citacions d’autors occitans de totes dialèctes dempuèi los trobadors en passant pels poètas barròcs e fins als poètas contemporanèus. La volontat de Mistral es de metre en relèu a l’encòp l’unitat de la lenga e sa granda diversitat mas tanben de far de son Tresor lo testimòni e lo revelador de sa vitalitat a travèrs las edats.
Per noirir son diccionari, Mistral s’apuèja a l’encòp sus de testimoniatges de personas e sus de documents escriches. S’adreça d’una part a sos correspondents nombroses, per la màger part escrivans, editors, linguistas romanistas, mas tanben mai simplament a d’amics, de coneissenças o de mond rescontrat a l’escasença, e qu’avián gaireben totes un usatge de la lenga natural e de cada jorn. D’autra part, aviá a sa disposicion una infinitat d’òbras literàrias e de diccionaris, lexics, glossaris ont a largament posat. Tanplan, lo trentenat d’ans passat entre l’aparicion dels felibres e la parucion dels dos tòmes del Tresor a fach d’aqueles poètas a l’encòp la sorsa e la finalitat de l’obratge. Demest los obratges de lexicologia emplegats per Mistral, lo diccionari d’Honnorat pòt èsser considerat coma la sorsa màger, tractada pasmens amb libertat per Mistral : se constatan d’unas variacions entre los dos, de diferéncias de citacions, de variacions de sens, d’unas omissions o enriquesiments. Pel demai, a pas esitat a esplechar fòrça autres trabalhs lexicografics, ancians o contemporanèus, publicats o manuscrits, de còps en cors d’elaboracion, afin d’assegurar la fisabilitat de son inventari, mai que mai pels parlars qu’èran pas lo sieu. A l’article « diciounari », se trapa un trentenat de títols que Mistral a probablament consultats, mas d’autras sorsas nos son encara benlèu desconegudas.
L’estudi dels manuscrits de trabalh de Mistral seriá pro interessant per comprener sa progression fins a la forma definitiva del diccionari. Existisson tres manuscrits, que pòdon èsser vists coma tres etapas dins l’elaboracion del diccionari : lo primièr es pro somari, presenta pas que los termes e lor revirada, puèi s’enriquesís pauc a cha pauc ; lo segond conten tota la matèria del Tresor mas en l’estat de borrolhon, amb d’annotacions marginalas ; lo tresen es una version al pròpre del segond, benlèu destinat a l’estampaire, amb de novèlas annotacions. Mas aquestes tres manuscrits son ja de compilacions de nòtas probablament esparpalhadas sus de fulhets que n’avèm pas mai de traça.3
La primièra edicion del diccionari pareis a cò de Remondet-Aubin, a Ais de Provença, en mai d’un còp e fòrça temps après la debuta del projècte d’elaboracion. Lo primièr dels 60 fascicles es publicat en 1879 e lo darrièr en 1886. Mentretant, lo primièr tòm (A-F) pareis en 1882 e lo segond en 1886. Mistral a seguit de prèp totas las etapas de la fabricacion (mesa en pagina, estampatge) puèi la difusion (prospèctus de presentacion, recepcion de las soscripcions e mandadís dels fascicles, acòrdi amb los libraris-difusors).4 Conten un sonnet de Mistral en manièra de prefaci : « Au Miejour », un suplement e d’unes apondons.
Sembla que lo quite Mistral aja envisatjada una reedicion de son obratge, pasmens cap se faguèt pas de son vivent. La primièra reedicion es l’edicion del centenari de la naissença de Mistral, pareguda a cò de Delagrave en 1932 a París. La reïmpression de l’obratge es accompanhada d’una documentacion iconografica e d’un prefaci de Dòna Maria Frederic Mistral. Se trapa a la seguida dels apondons de Mistral una estròfa de F. Vidal, « Sus lo Tresor dóu Felibrige », datat de 1886 e mai un extrach del discors del President de la Republica R. Poincaré, que diguèt quora venguèt lo 14 d’octòbre 1913 saludar Mistral a Malhana.
Una reïmpression del diccionari pareis en Alemanha, a cò de Biblio-Verlag, a Osnabrück en 1966.
En 1968, una tresena edicion pareis a cò de Ramoun Berenguié a Ais de Provença. Pierre Rollet i fa figurar un portisson e dos articles situats a la fin del segond volum, lo primièr sul Tresor dóu Felibrige e l’autre sul mot « Oucitan ». Apond tanben de nòtas manuscritas de Mistral recampadas sus son exemplari del Tresor conservat al Museon, e mai un suplement establit a partir de las nòtas de Juli Ronjat.
A l’escasença del centenari de la publicacion del Tresor, una exposicion es presentada, seguida d’una novèla edicion pareguda a cò d’Edisud a Ais de Provença en 1979, amb un prefaci de Jean-Claude Bouvier (linguista). Aquel prefaci, o introduccion, conten mai d’un capítol plan documentat sus l’elaboracion del Tresor dóu Felibrige, e mai una bibliografia e de fotografias e reproduccions.
La meteissa annada, una reïmpression de l’edicion de 1968 pareis a cò de C.P.M. Marcel Petit a Rafèla d’Arle.
Enfin, Prince Negue (Pau) propausa en 2003 una reïmpression en 4 tòmes, sus la quala figura pas la tièra dels elements contenguts dins lo diccionari, inserida per Mistral a la seguida de son títol.
Lo Tresor dóu Felibrige es estat fòrça plan aculhit a sa sortida, e sa renommada d’alara s’es perlongada fins a l’ora d’ara, qu’es encara un obratge de referéncia dins lo mitan occitan. Aquò empacha pas d’unes repròchis : en bona plaça lo privilègi que Mistral sembla d’acordar a son pròpri parlar, lo provençal rodanenc (probablament per de rasons mai que mai practicas d’accès a la lenga mas tanben afectivas) en mai de la causida de la grafia felibrenca qu’èra pas unanimament acceptada, emai dins lo Felibrige, per de rasons d’adaptacion als autres dialèctes. D’un punt de vista lexicografic, se lo rescontre (e l’amistat) amb lo chartista Paul Meyer es sens dobte per quicòm dins lo melhorament de son projècte a comptar de las annadas 60 e se l’engenh de Mistral coma linguista èran ja pro reconegudas, pasmens es pas un especialista : la mira de Mistral es puslèu literària que francament scientifica e aquò se sentís. Lo merit de Mistral per lo trabalh complit es pas remés en causa mas sa rigor es pasmens criticada : las formas mas fisablas que propausa serián las que concernisson la lenga rodanenca, e los autres dialèctes serián benlèu tròp manipulats o mal interpretats. Totas las formas lexicalas propausadas serián pas absoludament autenticas. Autrament dich lo Tresor deuriá benlèu pas èsser emplegat coma referéncia unica pels linguistas : Mistral es estat d’unes còps sospechat de se daissar anar a una forma de normalizacion e d’estetizacion de la lenga per son emplec poetic. Enfin la matèria etnografica consequenta contenguda dins lo Tresor es pas exaustiva ni mai especializada mas aquò es pas vist coma una dèca : es una vision globala de la cultura occitana car « l’estudi d’una lenga pòt pas èsser desseparada del contèxt cultural dins lo qual s’inscriu »5.
Edicions :
Remondet-Aubin, Ais de Provença ; Roumanille, Avinhon ; Champion, Paris : 1878-1886.
Delagrave, París : 1932, jos la direccion de Victor Tuby.
Biblio-Verlag, Osnabrück : 1966.
Ramoun Berenguié, Ais de Provença : 1968. Prefaci de Pierre Rollet
Edisud, Ais de Provença : 1979. Prefaci de Jean-Claude Bouvier.
C.P.M. Marcel Petit, Rafèla d'Arle : 1979
Prince Negue, Pau : 2003, 4 tòmes.
Estudis :
Jean Boutière. “De la genèse du Trésor de F. Mistral” in Actes et Mémoires du 1er Congrès International de Langue et Littérature du Midi de la France, 1957, p. 319
Jean-Claude Bouvier, Suzanne Estève e Jean-Maurice Rouquette. Mistral et la langue d’oc. Centenaire du Tresor dóu Felibrige, catalòg de l’exposicion organizada en 1979 per la Bibliotèca de Méjanes, l’Universitat de Provença e lo Museon Arlaten
Marcelle d’Herde-Heiliger. Frédéric Mistral et les écrivains occitans dans le Tresor dóu Felibrige. S.F.A.I.E.O., Pau, 1998. Prefaci de G. Kremnitz
Hans-Erich Keller. “La valeur du Tresor dóu Felibrige pour les études lexicologiques occitanes” in Revue de linguistique romane, Nos 89-90, 1959, pp. 131-143
Charles Rostaing. “Le dictionnaire d’Honnorat source du Tresor dóu Felibrige” in Revue de Linguistique Romane, 1974, 38, p. 459
Lo Tresor dóu Felibrige numerizat sul sit de Lo congrès : http://tdf.locongres.org/
Lo Tresor dóu Felibrige numerizat per la Bnf : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k74854
Lo Tresor dóu Felibrige numerizat per archive.org : https://archive.org/details/loutrsordufelibr01mist
1. La revirada es nòstra, lo tèxt original es en francés.↑
2. S.-J. Honnorat. Dictionnaire provençal-français : ou dictionnaire de la langue d’oc ancienne et moderne. Suivi d’un Vocabulaire français-provençal (...). Repos, Dinha, 1846-48>↑
3. Jean Boutière. “De la genèse du Trésor de F. Mistral” in Actes et Mémoires du 1er Congrès International de Langue et Littérature du Midi de la France, 1957, p. 319>
4. Per aquelas precisions, véser Jean-Claude Bouvier, Suzanne Estève e Jean-Maurice Rouquette. Mistral et la langue d’oc. Centenaire du Tresor dóu Felibrige, catalòg de l’exposicion organizada en 1979 per la Bibliotèca de Méjanes, l’Universitat de Provença e lo Museon Arlaten↑
5. Citacion de Jean-Claude Bouvier, tracha de Mistral et la langue d’oc. Centenaire du Tresor dóu Felibrige. Reviram nosautres dempuèi lo francés.↑