Chaque année, différents marchés traditionnels et foires aux métiers anciens mettent à l'honneur des gestes et outils rendus obsolètes par les technologies nouvelles.
Les bugadièras (que l'on pourrait traduire par « lavandières ») ont aujourd'hui disparu. Toutefois, de ces périodes où la bugada (lessive) constituait un événement en soi, un moment de sociabilité, il demeure un ensemble d'images, de représentations, mais également de chants et de textes.
Version occitane sous-titrée en français
Cada annada, divèrses mercats tradicionals e fèrias als mestièrs d'un còp èra metan a lo'nor de gèstes e otisses renduts obsolets per las tecnologias novèlas.
Ara las bugadièras an desaparegut. Pasmens, d'aquel temps que la bugada constituissiá un vertadièr eveniment, un moment de sociabilitat, demòra un ensemble d'imatges, de representacions, mas tanben de cants e de tèxtes.
Version occitana sostitolada en francés
Les bugadières ont quitté nos contrées. Nouveaux tissus et nouvelles technologies ont rendu inutiles les grandes lessives d'antan.
Il y a un siècle encore, la "bugada" annuelle était pourtant un temps de fête, un rituel, durant près d'une semaine. Mais face à l'ampleur de la tâche, les familles aisées ou citadines la délèguent à des lessiveuses professionnelles. Les Grabelloises se spécialisent dans cette tâche.
On les voit alors, par tous les temps et toutes les saisons, faire le chemin vers la capitale héraultaise et en revenir, avec sous le bras, le linge des familles montpelliéraines.
La bugada traditionnelle est un art. Sa pratique et son savoir-faire se sont transmis en Occitanie via un riche lexique.
Tour à tour les bugadièras desalivan,entinan,caudejan,desentinan et espandisson le linge, des étapes durant lesquelles on chante, parle, se raconte des histoires. Comme le dit le proverbe, "bavard comme une bugadière !"
Chants et proverbes se multiplient pour raconter la bugada et son importance pour les communautés passées, témoignant d'un métier éprouvant. "Les bugadières du ruisseau/mangeraient leur mari tout vif" nous dit ainsi Frédéric Mistral.
Les Bugadièras, muses populaires mais aussi littéraires. En 1895, le Lot-et-Garonnais Paul Froment leur dédie le poème La Bugada.
Muses musicales également : ainsi, bien que disparue, la Bugada hante encore dans les années 1980 les chanteurs occitans comme Eric Fraj.