Sorn (sombre en occitan) est le résultat d'un travail de recherche, d'expérimentation et de création musicale qui prend pour point de départ le répertoire collecté par Damase Arbaud en Haute-Provence à la fin du 19ème siècle. C'est une sélection et une mise en relation de textes qui se rejoignent autour des thématiques de l'obscur et du funèbre.
Ce répertoire pré-félibréen n'a quasiment jamais été réinterprété depuis sa collecte, tant il ne correspond pas à l'image policée d'une Provence idyllique que plus d'un siècle de littérature, cinéma et campagnes de publicité ont contribué à façonner en toute artificialité. Nous plongeons ici dans la Provence ténébreuse, rude et violente, celle du récit cru, où les codes esthétiques folklorisants sont dévorés et digérés dans un seul et même geste. C'est la Provence des bandits de grands chemins, d'une humanité maléfique, la Provence des terres arides et rocailleuses que l'on cache sous une abondance de couleurs vives.
Sorn est la mise en musique de cette histoire. Cinq solistes se relaient pour porter tour à tour une narration qui se veut tantôt collective tantôt solitaire, alors que chocs, frictions et tintements, dessinent un paysage peuplé d'ombres et de reflets qui conduisent les voix dans leur simplicité nue de parole initiale.
Quatre chanteurs issus de pratiques différentes, du chant populaire à la musique contemporaine, accompagnés d'un percussionniste au parcours à la fois classique et expérimental.
Le dispositif de percussions issu d'une collecte dans le montagne de Lure (pierres, bois, pommes de pins) se fait comme un écho matériel au territoire où ces chants ont été notés il y a de cela plus de cent ans.