Memòri d'estudi en italian sus l'òbra de l'escrivan Joan Bodon realizat dins l'encastre del Corso di Laurea Magistrale in Culture e tradizioni del Medioevo e del Rinascimento (Università degli Studi di Ferrara) jos la direccion de Monica Longobardi.
Mémoire de Master I mention Linguistique et dialectologie soutenu par Nicolas Biolay à l'Université Jean Moulin Lyon III sous la direction de Francis MANZANO en 2015.
Depuis sa création en 1992, la Charte Européenne des Langues Régionales a pour objectif de « Sauvegarder et promouvoir la richesse et la diversité du patrimoine culturel de l’Europe »1. Cette décision de la communauté européenne de vouloir préserver ses richesses immatérielles, et dans ce cas précis en matière de langue, découle d’une histoire tourmentée en Europe tant au niveau linguistique que historique. Les deux langues dont il est question dans ce mémoire, le catalan et l’occitan ou langue d’oc, sont deux langues néolatines qui partagent une histoire commune avec le français, l’espagnol, l’italien, le portugais et le roumain. Cependant, leurs destins divergent, dans le sens où elles ne sont pas des langues officielles d’états nations tels que peuvent l’être l’espagnol et le français. Cela implique des différences d’usages, de stabilité du système linguistique et même de perception.
Le catalan et l’occitan présentent des caractéristiques qui les rapprochent, sur le triple plan morphosyntaxique, phonologique et lexical, et elles ont évolué ensemble pendant des siècles. Aujourd’hui, l’une est parlée et revendiquée par un peuple qui tente de construire sa propre nation, tandis que la seconde souffre de sa propre image, bien qu’améliorée par l’action des militants qui la défendent, et surtout d’une reconnaissance moindre de la part du gouvernement central.
Dans une dynamique européenne, mais surtout face à un monde de plus en plus globalisé et polarisé, les langues catalane et occitane auraient tout intérêt à défendre leurs intérêts communs et à unir leurs forces, comme elles ont pu le faire dans le passé. La question que nous nous poserons dans ce mémoire est celle de la dynamique qui anime ces communautés linguistiques et « l’instinct de survie » dont elles font preuve. Leurs origines et histoire si étroitement liées sont-elles suffisantes pour tisser des liens socio-économiques et culturels de premier plan? La volonté des « ethnies linguistiques » dont parle Pierre Bec2 a-t-elle ou auratelle raison de la menace de la pensée unique critiquée par Claude Hagège ?
Il sera intéressant et inévitable de constater quelles sont les inégalités et ressemblances qui caractérisent ces deux espaces linguistiques à la lumière de leur développement respectif à travers l’histoire, ainsi que de voir quelles sont les caractéristiques propres à ces deux langues.
[Introduction de Nicolas Biolay, p. 3]
Les 8èmes rencontres internationales du Patrimoine Historique ont été organisées du 16 au 18 octobre 2015 à Nébian. Depuis 2008, l'association "Histoire et cultures en Languedoc" organise chaque année les Rencontres Internationales du Patrimoine Historique, avec le soutien de la Région Languedoc-Roussillon, du CIRDÒC-Mediatèca occitana, de la Société Archéologique et du Musée Languedocien de Montpellier, et du Pays Cœur d'Hérault.
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Au XIV ° siècle, le royaume de France peut ressembler à une étrange mosaïque de pays aux statuts variés que la guerre de cent ans ne fera qu’accentuer soit par la carence du pouvoir central, soit par l’éloignement. Ces deux raisons renforceront un sentiment d’originalité culturelle et linguistique. L’évêque de Montauban, de la cour d’Armagnac, ne déclarait-t-il pas en 1442 « je ne sais pas bien parler le français et encore moins l’écrire ».
La tenue des Etats Généraux par le roi ne fait que montrer les tendances contradictoires de la France du Midi et de la France du Nord. Les représentants refusent de siéger ensemble, aussi Charles VII va les convoquer séparément. Il créera donc les Etats de langue d’Oil et les Etats de langue d’Oc.
La guerre de Cent Ans fut aussi une guerre des langues entre le français et l’anglais. A la cour d’Angleterre on assiste vers 1440 à un décrochage du Français au profit de l’Anglais, alors qu’en France c’est le dialecte de l’Ile de France qui domine et on ne connait que le latin comme rival.
Si les comtés du sud sont imperméables à l’essor politique de la langue d’oil, Gaston Fébus, prince de Béarn et comte de Foix , conscient de l’identité culturelle que représente la langue d’oc et pour toucher un plus grand public, n’hésite pas à écrire en Français son « Traité sur la Chasse », dans un souci médiatique et politique. Il met ainsi en évidence, qu’un prince occitan ignore les clivages de la langue. Cependant, en la cour d’Orthez ou de Foix, l’occitan était parlé, chanté et écrit en des fêtes grandioses. Là, encore, la langue fut le véhicule de la mise en lumière du prince. Auteur de sa propre légende, Gaston Fébus ne sera-t-il pas réinventé au XIX° siècle pour devenir, au XX° siècle, un mythe de l’identité occitane.
Question que pose Georges Minois dans son ouvrage. S’agissait-il d’un conflit entre les royaumes de France et d’Angleterre issu d’un problème de succession ? On ne peut le nier. Cependant, les royaumes n’étaient pas définis par un territoire. Ils étaient érigés en duchés, comtés, évêchés…structurés par un système féodal d’allégeance au roi dont les seigneurs assuraient la défense.
Cette guerre ne fut pas continue. Les parties belligérantes devaient reconstituer leurs effectifs mais aussi leurs finances. La rançon exercée sur les captifs « de marque » y contribuait. On pourrait parler d’une véritable économie de la rançon.
Il est difficile de cerner les ressorts de cette guerre car elle fut protéiforme et, à la fois, spécifique à chaque région. Le Nord de la France a essuyé bien des combats où les zones d’affrontements furent catastrophiques pour les français (l’Ecluse, Crécy, Azincourt), et, plus au Sud, Poitiers. Ces défaites militaires vont saper l’édifice de la chevalerie et, avec elle, la structure féodale qui sous-tendait la société. On va, paradoxalement, assister à l’effet compensatoire : la démesure ! Démesure dans les fêtes, dans l’attrait pour le luxe ostentatoire de la noblesse. La démesure devient aussi fantasmagorique dans les croyances et les superstitions.
Qu’en est-il dans les pays de la langue d’Oc ? De l’Aquitaine/Guyenne au Languedoc en passant par les comtés pyrénéens, cette guerre fut aussi protéiforme. Ne s’agit-il pas de « guerres de cent ans au pluriel » parties d’un différend féodal, ou, plus précisément, familial? Les Aquitains vont afficher un profil ethno-politique tout au long d’un conflit, initié bien avant 1337 et ce, dès la succession d’Aliénor. Leur cri de guerre n’était-il pas « Guyenne et Saint Georges » écrira Guilhem Pépin.
Pour le Languedoc, l’adhésion à la couronne de France est récente, 1271, rappelons-le et le comté de Toulouse avait à sa tête le frère du roi. Montpellier appartient à la couronne d’Aragon jusqu’en 1349. Ainsi, les Etats de Languedoc furent une création monarchique plutôt artificielle, dira Vincent Challet, mais ces Etats ne faillirent point à la fidélité à la couronne.
Qu’en est-il des comtés pyrénéens ? Les citer sous un même vocable est risqué car on pourrait, pour ces territoires, parler de guerres contagieuses dont le conflit national est ourdi par des querelles intestines entre Navarre, Foix-Béarn, Armagnac, Comminges jusqu’à porter le conflit en Castille avec le soutien de certains à Henri Trastamare.
A la question initialement posée sur la Guerre de Cent Ans a-t-elle existé on répondra oui car l’Anglais fut bouté hors de France ! C’est bien cela qui fait l’unité de cette guerre, mais plus que cela. Elle fut un facteur de mutations politiques, militaires, économiques, sociales, religieuses et culturelles. A l’insu de ses protagonistes, la Guerre de Cent Ans a tissé un fil rouge qui débouchera sur ce qu’on appelle la Renaissance, sans savoir très bien où s’arrêtait le Moyen Age.
Maguy Chapot-Blanquet