3 vol. (dictionnaire occitan-français) + 1 vol. (« Vocabulaire français-provençal »).
S.-J. Honnorat avait également annoncé que son dictionnaire serait précédé d’une grammaire, dont on ne connait qu'un seul manuscrit, conservé à la Bibliothèque de Grenoble. Il avait également préparé un supplément comme en témoignent les nombreuses annotations sur son exemplaire, aujourd’hui conservé au Musée Arbaud d’Aix-en-Provence.Les intentions d’Honnorat et les conditions d’élaboration de son dictionnaire sont bien documentées, en particulier grâce à la publication en 1840 d’un mémoire, le Projet d’un dictionnaire provençal-français ou dictionnaire de la langue d’oc ancienne et moderne, que l’auteur envoie aux sociétés savantes de l’espace occitan. Sa correspondance avec le naturaliste provençal Esprit Requien (1788-1851), conservée à la Bibliothèque Calvet d’Avignon, complète et confirme les informations publiées par Honnorat dans son Projet.
Rien ne semblait prédisposer Simon-Jude Honnorat à devenir l'un des premiers grands lexicographes occitans. Issu d’un milieu paysan du Val d’Allos, occitanophone dans son parler alpin « considéré comme rude et grossier par les beaux esprits de basse Provence, [qui] pouvait sembler à première vue bien loin de la langue de ces troubadours que l'on commence justement à redécouvrir à la même époque » 1 , le jeune Honnorat s’illustre surtout par son intérêt pour les sciences naturelles et la botanique.
Après un passage par Grenoble, il termine ses études de médecine à Paris, où il côtoie une génération de Provençaux dont beaucoup s’intéressent à la « mode Troubadour » et aux supercheries littéraires de Clotilde ou de Fabre d’Olivet. Honnorat découvre aussi les recherches en plein développement sur l’ancienne « langue romane », l’ancien occitan des troubadours, dont Raynouard sera le chef de file. Il est reçu docteur en médecine de la Faculté de Paris en 1807 et revient en Provence exercer à l'hôpital de Digne. L'entomologie, la paléontologie et la botanique sont ses domaines de prédilection.
C’est vers 1811 que S.-J. Honnorat semble avoir entrepris son projet de Dictionnaire provençal-français en se procurant les dictionnaires et glossaires antérieurs, à commencer par le Vocabulaire provençal-français du Marseillais Claude-François Achard (1785). Ce dictionnaire de l'occitan tel qu'il est parlé en Basse-Provence, ne pouvait convenir tout à fait à un occitanophone de la Provence alpine. C'est ainsi qu'Honnorat commence à collecter son propre parler local. En 1810, à Gap, Jean-Michel Rolland avait publié lui aussi un dictionnaire pour corriger le mauvais français des populations occitanophones alpines : le Dictionnaire des expressions vicieuses et fautes de prononciation les plus communes dans les Hautes et Basses Alpes, accompagnées de leurs corrections, largement soutenu et diffusé par les préfets des deux départements. Il est probable que la publication du dictionnaire de Rolland a pu jouer le rôle de déclencheur chez Honnorat, qui envisagea d’abord l’élaboration d’un dictionnaire occitan comme un moyen d’accéder à une bonne maîtrise du français : « C'est donc, paradoxalement, le désir de français qui a conduit notre auteur à entreprendre sa tâche de lexicographe occitan. Rien d'étonnant à cela au demeurant : un de ses prédécesseurs, l'Abbé de Sauvages, avait à ses débuts exactement le même propos, avant de se prendre au jeu, comme Honnorat lui-même plus tard. » [note]
En 1840 lorsqu’Honnorat publie son Projet de dictionnaire...(consultable sur Occitanica), celui-ci diffère peu à première vue des dictionnaires occitan-français de l‘époque moderne, à l’exemple de celui d’Achard pour le provençal, qui constituent un foisonnant corpus de dictionnaires et glossaires ayant pour but d’apprendre au peuple à parler et écrire correctement le français : « je ne perdis jamais de vue la langue provençale, quoique je ne l’eusse considérée jusque-là que comme un moyen, ou une espèce d’échelle pour arriver à la langue française2
On peut cependant supposer qu’en s’adressant aux érudits des sociétés savantes méridionales pour trouver des soutiens à son projet de dictionnaire, Honnorat a repris le discours dominant du temps. Quoi qu’il en soit, ses intentions sont ambivalentes et son projet, tel qu’exposé en 1840, tranche déjà avec les dictionnaires précédents.
D’abord, il souhaite produire un dictionnaire général et complet de la langue occitane, considérée dans son unité et explicitement nommée - « langue d’oc » - en embrassant les différents dialectes. Son projet de dictionnaire devait initialement se borner au domaine géolinguistique provençal, mais, à partir de 1833, il prend véritablement conscience de l’unité de la langue : « car dans le fond la langue est parfaitement la même et je n’aurai peut-être pas mille mots de plus en faisant figurer l’idiome moundi ou languedocien…3
Par ailleurs, ce projet de dictionnaire n’est pas un simple glossaire occitan-français, mais un ouvrage à caractère encyclopédique, reflet de l’érudition et de l’intérêt d’Honnorat pour les sciences naturelles en particulier. Cet aspect, qui alourdit les notices et ne satisfait pas à l’intérêt linguistique d’un tel dictionnaire, a souvent été donné comme une des raisons du faible succès que rencontra le dictionnaire d’Honnorat.
Enfin, sa singularité réside surtout dans son ambition linguistique avec un projet relativement normatif : Honnorat fait plus que compiler la langue telle qu’elle est parlée mais la donne « telle qu’elle doit être, en comprenant tous les dialectes, mais en n’admettant, comme mot fondamental, que celui qui dérive le plus directement de la langue-mère » 4 c’est-à-dire, pour Honnorat, la langue réputée pure et uniforme du Moyen Âge, telle qu’en tout cas il pouvait l’appréhender dans les Leys d’Amor, texte du XIVe siècle qu’il connaît bien, particulièrement codificateur. Ici aussi Honnorat apparaît particulièrement novateur. Il s'est formé aux autres langues romanes proches de l'occitan, qu'il conçoit de fait comme une langue à l'égale des autres, parentes car dérivées du latin : « ceci, qui nous paraît aujourd'hui évident, ne l'était nullement de son temps : un certain nombre de bons esprits des débuts du XIXe siècle croyaient que le français dérivait du celtique des ancêtres gaulois, et certains maintiendront très tard cette illusion patriotique. Quant à mettre sur le même pied des langues étrangères et ce que le sens commun français appelait des "patois", perçus comme déformations populacières du français, c'était encore une idée révolutionnaire pour bien des gens. » [note]
La conception d'Honnorat d'une langue occitane originelle, « pure », dévoyée par des siècles d’oralité, le conduit à restaurer un certain nombre d’usages occitans des scribes du Moyen Âge, rompant avec l’adoption de la graphie française par imitation phonétique depuis au moins le XVIe siècle dans la plupart des régions occitanophones : retour du '-r' de l’infinitif, graphèmes 'nh' et 'lh', 'o' pour le son /ou/, et bien sûr le -a final.
Le dictionnaire provençal-français d’Honnorat peut être considéré comme le premier « vrai » dictionnaire occitan-français : il embrasse les différents dialectes de la langue d’oc, et au-delà de la traduction française des termes, il propose des notices lexicographiques enrichies de catégories grammaticales, notations étymologiques, citations d’auteur, allant même jusqu’à l’encyclopédisme.
Pour élaborer son dictionnaire S.-J. Honnorat a consulté d’importants corpus manuscrits et imprimés. On sait qu’il possédait une importante bibliothèque où l’on trouve dictionnaires, glossaires mais aussi de nombreuses œuvres littéraires 5. Il a eu accès à une grande partie de la production écrite de son temps et des siècles précédents, comme en témoignent les citations d’auteur qui sont données dans le dictionnaire. Pour les étymologies, Honnorat profitait de la somme nouvelle sur l’écrit occitan du Moyen Âge que représentait le Lexique roman de Raynouard 6. Honnorat fait aussi référence à la Canso de la Crozada traduite par Fauriel, aux Leys d'Amor et aux Flors del Gay-Saber qu'il connaît parfaitement. En termes de littérature, Honnorat connaît essentiellement l’écrit provençal, notamment la période moderne représentée par Jean-Baptiste Coye de Mouries, Michel Truchet d'Arles, Pierre Bellot et Toussaint Gros de Marseille, Hyacinthe Morel d'Avignon, Diouloufet d'Eguilles, mais aussi par des auteurs plus anciens comme Brueys ou Bellaud de la Bellaudière. Dans sa correspondance avec Requien, Bellaud apparaît d'ailleurs comme son auteur favori. Il fait aussi référence à des recueils juridiques comme les Statuts de Provence ou les Privilèges et règles de Pays de Béarn dont on trouve plusieurs citations dans le dictionnaire.
Honnorat utilise également les recueils d’histoire naturelle : l'Histoire naturelle de Darluc, l'Histoire des Plantes qui croissent aux environs d'Aix et dans plusieurs autres endroits de Provence, de Pierre Garidel ou encore l'Histoire Naturelle des environs de Nice du naturaliste Antoine Risso.
Les sources orales, en revanche, semblent assez réduites. Il adressa lui-même une enquête en 1822 aux maires, curés, savants, mais elle paraît ne pas avoir donné les résultats escomptés : Honnorat ne l’évoquera plus et nous ne connaissons pas d'archives qui aient été conservées.
En 1840, Honnorat adresse aux différentes sociétés savantes et académies « des provinces méridionales » son Projet de 80 pages dans lequel il présente le dictionnaire à venir. Il reçut plusieurs rapports des académies méridionales, parfois assez enthousiastes à l’idée d’un grand dictionnaire restaurant la « dignité » de la langue à l’image du Rapport fait à la Société des sciences du Var : « avec les connaissances qu’il est facile de reconnaître dans M. Honnorat et dont il fait preuve à chaque page de son écrit, on conçoit aisément qu’il lui a été facile d’établir que la langue provençale, dégagée des divers dialectes, ses enfants dégénérés, a offert, de tout temps, autant de régularité, d’ensemble et de philosophie qu’aucune autre des langues modernes ; (…) notre langue à nous qui se pressentait à sa naissance avec une perfection que d’autres n’ont pu acquérir en dix siècles, et que des circonstances de pur hasard empêchèrent seules de devenir langue nationale, était plus digne que la langue d’oil, un de ses plus imparfaits dialectes, devenu plus tard et par des améliorations successives, la Langue française, de rester langue dominante et officielle… » 7
En 1844, le ministre de l’Instruction publique Villemain souscrit pour cent exemplaires, accélérant l’édition du dictionnaire qui commence à être imprimé. Âgé de 62 ans, et en mauvaise santé, confronté à d’importantes difficultés financières, Simon-Jude Honnorat réussit toutefois à faire imprimer le premier volume qui est terminé en 1847 chez l’imprimeur Repos à Digne, suivi de près par le second volume puis, en mai 1848 par le troisième et dernier volume. Durant l’été 1848 paraît le Vocabulaire français-provençal mais la Grammaire et le Supplément annoncés ne parurent jamais. Les difficultés rencontrées par Honnorat pour l’impression de son dictionnaire sont sans doute dues en partie à son engagement légitimiste alors que son dictionnaire voyait le jour entre Monarchie de Juillet et Révolution de 1848.
Le monumental dictionnaire d’Honnorat semble avoir été un échec commercial, au vu de la rareté des éditions originales conservées.
On peut penser que les contenus encyclopédiques et peut-être aussi les choix graphiques, le rendaient difficilement manipulable pour une grande partie du lectorat visé. Il mourut en 1852 et ne connut pas le grand élan renaissantiste porté par le succès national de Mirèio (1859) du jeune Frédéric Mistral et par le Félibrige, qui culmine dans le dernier tiers du siècle.
Si Honnorat est peu célébré chez les félibres, en revanche, Mistral estima et utilisa beaucoup son dictionnaire pour la réalisation du Tresor dóu Felibrige.
Mais c’est au cours du XXe siècle qu’Honnorat fut redécouvert et célébré comme un grand savant, précurseur de la normalisation graphique initiée dans les années 1900 par Antonin Perbosc et Prosper Estieu qui tirent de leur lecture des textes médiévaux, en particulier les Leys d’amor eux aussi, un système de restitution d'une norme occitane d'écriture.
Éditions :
- 1846-1848 : Digne : Repos (édition originale)
- 1991 : Raphèle-lès-Arles : Culture Provençale et Méridionale, 1991 [reprint de l’édition originale ; préface de Pierre Fabre]
Les 4 tomes numérisés par le Bibliothèque nationale de France et disponibles sur Gallica permettent de faire des recherches en plein texte.
Consulter sur gallica.bnf.fr :
Tome 1 : Dictionnaire (A-D)
Tome 2 : Dictionnaire (E-O)
Tome 3 : Dictionnaire (P-Z)
Tome 4 - Vocabulaire
Le site internet D'Ubaye en Verdon (jc.clariond.free.fr) propose un outil permettant d'effectuer des recherches avancées dans le dictionnaire d'Honnorat informatisé. Plusieurs modes de recherche sont possibles : une recherche thématique, une recherche par dialectes, par auteurs cités dans le dictionnaire, par radicaux et une recherche des mots par terminaison. Consulter le site.
1.Philippe MARTEL, « Du parler local à la langue : le Docteur Honnorat à la découverte de l’unité de la langue d’oc » dans : Chroniques de Haute-Provence, 365, 2010. (En ligne sur Occitanica) ↑
2. S.-J. HONNORAT, Projet de dictionnaire provençal-français… - Digne : Repos, 1840. ↑
3.Lettre à Requien, 25 mars 1833. ↑
4.Philippe MARTEl, op. cit. ↑
5. Catalogue des livres de feu M.H.M. de feu M.S.J. Honnorat, Grenoble, 1853. ↑
6.François RAYNOUARD, Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours comparée avec les autres langues de l'Europe latine - Paris : Silvestre, 1836-1844. ↑
7.Layet, Toulon le 19 juillet 1841 dans : Bulletin trimestriel de la Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts du département du Var ↑
La corsa camarguesa benefícia dempuèi qualques annadas d'un dinamisme espectacular, atal mai de 900 corsas son organizadas cada annada, del mes de març a novembre, sus l'ensemble de son airal de practica que compren Erau, Gard, Bocas de Ròse e tanben Vauclusa. Totas las corsas se debanan totjorn sul meteis esquèma, dins lo respècte de las règlas tradicionalas.
La corsa comença per una capelada, ont los participants a la corsa, los rasetaires, entran dins l'arena per saludar lo public. L'entrada se fat totjorn sus l'air de dobertura de Carmen de Georges Bizet (1838-1875). Una sonariá de trompeta jogant l'èr di biòu ressondís alara per anonciar l'arribada del taure dins l'arena. De forma circulara, l'arena es enrodada de barrièras en dessús de las qualas los rasetaires devon poder saltar per escapar a la perseguida del taure. Una segonda sonariá se fa ausir : anóncia lo començament de la corsa.
Pendent quinze minutas environ los rasetaires van alara ensajara de descrocar los atributs fixats a la basa de de las còrnas o sus l'esquina del taure : cocarda, aglands e ficelas que devon èsser descrocats dins aquel òrdre. Cada atribut descrocat rapòrta un nombre de punts determinat al raseteur.
En marge de la corsa, l'abrivada e la bandida son incontornablas. L'abrivada designa l'arribada dels taure dins l'arena, acompagnats dempuèi los camps pels gardians de la manada a caval. En fin de corsa, al moment de la bandida, los taures son tornats als prats dins las meteissas condicions. D'atrapaires seguisson lo cortègi en cercant a immobilizar los taures o a los faire escapar per carrièras.
Se retrobam la traça d'activitats tauromaquicas tre l'Antiquitat, las primièras mencions de corsa camarguesa remontan a 1402 amb l'organizacion d'una corsa de taure a Arle donada en l'onor de Loís II, comte de Provença. Las corsas taurinas contunhèron d'èsser practicadas dins las vilas e vilatges, al l'ocasion de las fèstas. Totes los volontaris èran alara autorizats a participar e a faire acte de coratge en anat descrocar de recompensas fixadas suls taures daissats per las carrièras de la vila o del vilatge.
Los taures autrescòps daissats dins las vilas e vilatges tòrnan dins las arenas, las flors e mocadors de cap fixats sul taure son remplaçats per de cocardas, de primas son creadas per lo qu'anirà descrocar l'atribut, enfin los joves participants a las corsas se vestisson de blanc e venon rasetaires : la corsa camarguesa èra creada.
Caldrà esperar 1975 per que nasca la Federacion Francesa de la Corsa Camarguesa que reglamenta uèi l'ensemble de las corsas.
Mèdias :
Federacion Francesa de la corsa camarguesa
La Federacion francesa de la corsa camarguesa (FFCC) es una associacion francesa lei 1901 fondada lo 2 de setembre de 1975 organizant los trofèus taurins. La federacion ten l'agrat del Ministèri de la joinessa, dels esports e de la vida associativa francès dempuèi decembre de 2004. La federacion recensa 2 865 licenciats en 2012.
Consultar le site de la FFCC
Los espòrts tradicionals an estat l'objècte d'un projècte d'inventari dins l'encastre de la convencion de 2003 de l'Unesco sul patrimòni cultural immaterial. Una ficha d'inventari completa sus la corsa camarguesa es disponibla sul site del Ministèri de la Cultura e de la Communicacion
Retrobar tots los documents en relacion amb la corsa camarguesa sus Occitanica
Plaça Jasmin, Agen (47000)
La Vila d’Agen, que, al lendeman de la mòrt de Jasmin, aviá pres en carga sas funeralhas, rend omenatge un còp de mai al poèta per l’ereccion d’una estatua a sa glòria plaça Saint-Antoine. Fa per l’escasença apèl al sosten dels admirators del poèta pel biais d’una soscripcion.
Realizada per l’escultor Vital-Dubray, es desvelada lo 12 de mai de 1870. Instalada sus son sòcle tre lo 22 d’abril, demòra dissimulada jos un long vel escur qu’escond sos traits en atenta de l’inauguracion oficiala (cf. CRDP de Bordeaux. C6076, « La statue de Jasmin ». C. Rapin).
L’inauguracion se debana qualques jorns aprèp, en preséncia dels pròches de Jasmin (sa veusa, Magnonet e son filh, Edouard), dels membres del Conselh municipal e jos la presidéncia del deputat-cònsol Henri Noubel. L’edil aviá qualques meses abans, portat son sosten a l’entrepresa en lo nom del movement de defensa e de reconeissença de la lenga d’òc per son ofèrta de 50 francs a la soscripcion. Al son de las fanfaras e dels discors, la jornada es dedicada a la memòria de Jasmin. Frederic Mistral, vengut per l’ocasion de Provença, representa lo Felibritge. Los dos òmes se son pasmens jamai rescontrats. En efièch, Jasmin autodidacte independent, fondèt pas jamai d’escòla a l’entorn de son accion literària o linguistica, e respondèt per la negativa a la demanda del Felibritge de jónher lo movement. Çaquelà, en aquel 12 de mai 1870, Frederic Mistral adreiça un omenatge vibrant, en reconeissença del ròtle jogat per son predecessor en favor de la lenga occitana.
A la debuta del sègle XIX.
Vital-Dubray (1857-1912) – escultor, autor de l’estatua
Jacques Jasmin (1798- 1864) – subjècte de l’estatua
Jacques Jasmin, poèta agenés, figura als costats del Provençal Frederic Mistral, laureat del prèmi Nobel de literatura en 1904, demest los autors occitans màgers del sègle XIX. Amb eles, la literatura occitana fa son entrada dins los salons parisencs e ganha una novèla reconeissença. Jasmin, precursor dels felibres, aqueles poètas amassats a l’entorn de Mistral, Roumanille o Brunel, per la salvagarda de la lenga d’òc, apertenguèt pas jamai a un movement e se refusèt, en despièch de son succès, de formar escòla a l’entorn de son òbra, e daissèt a sa mòrt, una produccion importanta e dempuèi, totjorn legida e reeditada.
Nascut lo 6 de març 1798, dins una familha modèsta de l’Agenés, Jacques Jasmin, de son nom vertadièr, Jacques Boé, s’installa a son compte coma perruquièr dins lo barri del Gravier en Agen a solament 18 ans. Parallèlament a son comèrci, lo jove se liura a son passion per l’escritura, e publica tre 1822 sa primièra òbra dins lo Jornal d’Òlt-e-Garona : Fidelitat ageneso. La parucion dètz ans aprèp de sas Papillotos e son rescontre amb Charles Nodier, lo carisme que ne fa pròva e son talent d’orator, permeton a Jasmin de ganhar al fial de las annadas, sas letras de noblesa dins lo domeni de la literatura, el que fa figura d’excepcion per sa proposicion d’una òbra en lenga d’òc. Laureat de recompensas nombrosas dins sa vila coma al nivèl nacional - es onorat del prèmi Monthyon de l’Acadèmia françesa, e lo jove felibritge li decernís lo prèmi de « Mèstre-ès-jocs » - Jasmin demòra ça que la per l’escena literària parisenca aquel poèta-perruquièr, segun los mots de Balzac ; poèta « patés » victima de prejutjats qu’endecan sa complèta reconeissença. Jasmin morís en 1864, lo 4 d’octòbre, en plena glòria. Sas funeralhas atiran la fola coma l’inauguracion oficiala de l’estatua que li es dedicada 6 ans aprèp.
Bronze - estatua
Plastre - medalhon
L’esculptura dreçada sus la plaça Saint-Antoine (tornar baptejada plaça Jasmin lo 9 de mai de 1883), pròche de l’ancian salon de cofadura de Jasmin es una realizacion de l’escultor Gabriel Vital-Dubray (1813-1892). Facha de bronze, manquèt d’èsser fonduda pendent l’ocupacion alemanda per tal que siá recuperat son preciós metal.
Una autra placa, plaçada a l’opausat de la precedenta, es un rapèl als generoses donators a l’origina de l’errecion de l’estatua en mai 1870.
En fin, una darrièra, plaçada al costat dreit del monument, es una citacion de Jasmin : « O ma lengo, tout me zou dit, Plantarey uno estelo a toun froun encrumit » / « Ô ma lenga tot m'o ditz, Plantarai una estela a ton front encrumit.». Aquelas rimas son extrachas de l'espitòla a Charles Nodier « Des crantos de Paris ».
Le Breviari d’amor (« Bréviaire d’amour » en français) est un vaste poème encyclopédique rédigé par un certain Matfre Ermengaud, juriste biterrois, à la fin du XIIIe siècle.
Ce monument de la littérature didactique occitane, constitue une œuvre unique au sein des encyclopédies du Moyen Âge. Composé en Languedoc entre 1288 et 1292 environ, dans le contexte de l’après-Croisade contre les Albigeois et la disparition de la lyrique des troubadours, Matfre Ermengaud tente avec ce poème encyclopédique de 34.597 vers de concilier deux conceptions opposées de l’amour : celle des clercs, l’amour de Dieu, et celle de la fin’amor des troubadours, l’amour des amants et des Dames.
Avec le Breviari d'amor, Matfre Ermengaud livre la seule œuvre encyclopédique connue qui conçoit le monde moral et physique à travers la notion de l’amour. Le plan de l’œuvre est tout aussi original : après une somme de savoirs théologiques et d’histoire religieuse organisée autour d'un arbre généalogique de la conception du monde « l'Arbre d'amor », les 7.000 derniers vers forment un curieux traité sur la fin’amor des troubadours, le « Perilhos tractat d'amor de Donas » (le traité des danger de l’amour des Dames).
Avec 24 copies et versions conservées (12 complètes et 12 fragments), auxquelles il faut ajouter une dizaine de traductions en prose en catalan et en castillan, le Breviari d’amor compte parmi les œuvres occitanes les plus connues et diffusées au Moyen Âge avec les chansons de troubadours.
Le nombre et la richesse des enluminures de beaucoup de copies en ont fait des pièces recherchées par les grands collectionneurs de l’époque moderne, expliquant aujourd’hui leur localisation dans plusieurs bibliothèques nationales européennes.
< Bréviaire d'amour (traduction française du titre)
< « Perilhos Tractat d'amor de Donas » (titre de partie : deuxième section du Breviari d'amor, v. 27252-34597)
< « Dregz de natura comanda » et « Dregz es donc quez ieu espanda » (titres de partie : deux chansons de Matfre Ermengaud sur lesquelles s’ouvrent souvent les manuscrits)
Le Breviari d’amor est connu par un vaste corpus de 24 copies (12 complètes, 12 fragments de copies différentes) auquel il faut ajouter des versions traduites en prose en catalan (7 copies, 3 fragments et un extrait) et en castillan (une copie). Aucune traduction ne contient le « Perilhos tractat d'amor de Donas ».
Toutes les copies complètes sont de grand format, avec un texte sur deux colonnes. La plupart contiennent de nombreuses miniatures exécutées d'après les indications de l'auteur.
La très grande majorité des copies ont été effectuées en Languedoc, sauf D et N (Catalogne). Elles sont toutes du XIVe siècle et sur parchemin, à l’exception de D et I, sur papier, et qui sont sans doute postérieures (fin du XIVe, voire XVe siècle).
Suivant la tradition érudite pour l'étude des chansonniers occitans, les différents manuscrits du Breviari d'amor font l’objet d’un classement par sigles. On inscrit par convention les sigles des différentes versions du Breviari d'amor en italique pour éviter la confusion avec ceux désignant des chansonniers. Ces sigles ont été attribués par Gabriel Azaïs, premier éditeur du Breviari d'amor, et complétés par Clovis Brunel puis Peter Ricketts au fur et à mesure de la découverte de nouveaux fragments.
Selon Peter Ricketts, le groupe des manuscrits DGHIMN correspond aux copies les plus fidèles à l'original. Le manuscrit M (Escurial, San Lorenzo, S.I.3) se distingue « par la qualité de son texte et par la fidélité des autres manuscrits à son égard » (P. Ricketts, t. V, 1976). Il sert aujourd'hui de base à l'édition du texte.
A – Bibliothèque nationale de France, ms. français 857.
Languedoc, XIVe siècle.
Consulter le manuscrit en ligne sur Gallica.
B – Bibliothèque nationale de France, ms. français 9219
Languedoc, XIVe siècle. Importantes lacunes.
Consulter le manuscrit en ligne sur Gallica.
C – Bibliothèque nationale de France, ms. français 858.
Languedoc, XIVe siècle. Rapport étroit avec L (Londres, British Museum, Royal 19.C.1).
Consulter le manuscrit en ligne sur Gallica.
D – Bibliothèque nationale de France, ms. français 1601.
Catalogne, fin du XIVe ou XVe siècle. Le manuscrit commence au v. 3355 et se termine au v. 31461. Il a été exécuté en Catalogne et semble être postérieur aux autres.
Consulter le manuscrit en ligne sur Gallica.
F – Vienne, Österreichische nationalbibliothek, cod. 2563.
Languedoc, milieu du XIVe siècle.
Consulter le manuscrit en ligne sur le site de la Bibliothèque Nationale d'Autriche.
G - Vienne, Österreichische nationalbibliothek, cod. 2583.
Languedoc, XIVe siècle. S’ouvre avec les deux chansons de Matfre.
Consulter le manuscrit en ligne sur le site de la Bibliothèque Nationale d'Autriche.
H – Lyon, Bibliothèque municipale, ms. 1351.
Début XIVe siècle. Lacunes importantes.
Consulter le manuscrit en ligne sur la Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux bvmm.irht.cnrs.fr
I – Carpentras, Bibliothèque Inguimbertine, ms. 380.
Fin du XIVe ou XVe siècle Nombreuses lacunes.
Manuscrit non disponible en ligne.
K – Londres, British Museum, Harley 4940.
Languedoc. XIVe siècle. Le texte complet.
Voir la notice et quelques f. numérisés sur le site de la British Library www.bl.uk
L – Londres, British Museum, Royal 19.C.1
Languedoc, début du XIVe siècle. Le manuscrit commence avec les deux chansons de Matfre.
Voir la notice et quelques vues numérisées sur le site de la British Library www.bl.uk
M – Escorial, Real Biblioteca del Monasterio de San Lorenzo del Escorial, S.1 n°3.
Languedoc, XIVe siècle. Texte complet. La manuscrit commence avec les deux chansons de Matfre.
Manuscrit non disponible en ligne.
N – Saint-Petersbourg, Bibliothèque nationale de Russie, Ms. Prov. F. V. XIV.1.
Lerida (Catalogne), Fin du XIIIe siècle. Texte complet. S’ouvre sur les deux chansons de Matfre.
Voir la notice et quelques f. numérisés en ligne sur le site e-corpus.org
O – BnF, ms. français 1745, f. 130-134.
Agde (Languedoc), XIVe siècle. Extrait.
a – Paris, BnF, fr. 14960
b – Paris, BnF, nouv. Acq., fr. 11198
c – Paris, Archives nationales, AB XIX, 1745 pièce 6
d – Toulouse, AD haute-Garonne, H. St Sernin 6
e – Nîmes, AD du Gard, liasse 1 F83
f(i) Cambridge, BU, Add. 2709 (anc. Béziers, Bib. Soc. Archéol.)
g – Labarthe-Bleys (Tarn), Archives du château, coll. De Faramond
h – Aix-en-Provence, AD Bouces-du-Rhône, 301 E 25 et 301 E 26
k – Vienne, AM, M.220
l – Albi, Bibl. Rochegude 4
m – Vacqueyras, AM, GG16
n – Cahors, Médiathèque, Fonds ancien et Quercy, 146
Complets ou lacunaires :
E – Paris, BNF, esp. 353
P – Madrid, BN, res. 203
Consulter le manuscrit numérisé
R – Barcelone, BU, ms. 72
S - Paris, BNF, esp. 205
Consulter le manuscrit numérisé
U – Londres, Brit. Lib., Yates Thompson 31
V – Barcelone, Bibl de Catalunya, ms 266
(Y – Barcelone, Biblioteca d'El Palau, ms. IV)
Extrait :
X – Londres, Brit. Mus., ad. ms. 16433
Fragments :
a – Gand, Bibliothèque de l'Université, 3284]
z – Barcelone, Bibl. De Catalunya, ms. 1486
T – Chicago, Bibl. Univ., ms 63
Consulter le manuscrit numérisé
Agence des Musiques des Territoires d'Auvergne (AMTA)
1 route d’Ennezat - BP 169 F- 63204 RIOM cedex
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Créé en 1985, l’Agence des Musiques des Territoires d’Auvergne a constitué une équipe de collecteurs qui se sont rendus sur les territoires d’Auvergne pour enregistrer récits, connaissances, savoir-faire et récits de vie amenant à la constitution d’un fonds documentaire centré sur le patrimoine oral régional.
L’AMTA assure également la diffusion et valorisation de ce patrimoine par la mise en place d’actions culturelles sur le territoire, la sensibilisation et la formation des acteurs du milieu musical, professionnels de la culture, de l’éducation et du tourisme.
L’AMTA conserve aujourd’hui des enregistrements sonores, vidéos, des photographies et partitions issues d’enquêtes, pour la plupart ethnomusicologiques, réalisées de 1950 à aujourd’hui, dont un grand nombre en langue occitane. Ces documents issus de collectes abordent pour la plupart les sujets du chant, de la musique et de la danse de tradition orale ainsi que témoignages autour des savoir-faire traditionnels et récits de vie sur le territoire auvergnat.
Ces enquêtes ont été réalisées sur le terrain par des structures et associations concernées par le Patrimoine Culturel Immatériel ainsi que par des particuliers, collecteurs passionnés.
Depuis 2010, l’AMTA mène une campagne de numérisation et de mise en ligne de ses fonds, aujourd’hui constitués de plus de 1000 heures de son, 800 heures de vidéo et 10 000 photographies.
Les enregistrements sonores numérisés sont consultables depuis la Base Interrégionale Patrimoine Oral.
Le fonds photographique est, lui consultable via la photothèque des archives départementales du Puy-de-Dôme.
Francine Lancelot (1929-2003), chercheuse, danseuse et chorégraphe s’est très tôt intéressée aux danses traditionnelles régionales et à l’étude des danses anciennes, populaires et savantes. Elle devient dans les années 1960 l’actrice d’une véritable redécouverte des danses baroques.
Élève de François Malkovsky, de Mary Wigman puis de Françoise et Dominique Dupuy, elle travaille auprès de Pierre Conté au théâtre de l’Atelier où elle est initiée à la notation chorégraphique Conté. Danseuse, chorégraphe et comédienne à Saint-Etienne, Francine Lancelot rencontre une troupe de danses traditionnelles yougoslaves qui l’amène à s’intéresser au répertoire traditionnel français.
Elle se forme alors au collectage des chansons et danses traditionnelles auprès de Jean-Michel Guilcher. Elle est par la suite missionnée par le CNRS pour recueillir les répertoires populaires chantés et dansés en France et participe notamment au programme RCP (Recherche Coopérative sur Programme) Aubrac où elle réalise des films de collecte sur des danseurs de bourrée. Elle réalise ainsi entre les années 1960 et 1970 des collectages autour des pratiques dansées traditionnelles dans l’Aubrac, en Provence et Languedoc, en Vendée, Haute-Bretagne, Béarn, Gers et Landes.
En 1973, elle soutient une thèse de 3° cycle en ethnologie historique à l’Ecole Pratique de Hautes-Etudes autour des sociétés de farandole en Provence et Languedoc1, dans laquelle elle s’attache à l’étude du rapport entre pratiques populaires et pratiques savantes.
S’intéressant également à la danse baroque, elle fonde dans les années 1980 sa compagnie Ris et Danceries qui lui permet de fédérer musiciens, musicologues, décorateurs, costumiers et passionnés de danse baroque. Elle publie en 1996, La Belle Dance2, catalogue raisonné des partitions chorégraphiques du XVIIIème siècle.
A la fin de sa vie, pour assurer la transmission et l’accessibilité de sa documentation Francine Lancelot a confié ses archives à plusieurs centres spécialisés, dont le COMDT.
Dépôt
Fonds clos
Centre National de la Danse, Archives Francine Lancelot et Compagnie Ris et Danceries
BnF, Département des Arts du Spectacle, Fonds Ris et Danceries
UPCP-Métive, Fonds Francine Lancelot
Phonothèque de la MMSH, Corpus : Les sociétés de farandole en Provence et en Languedoc
Dastum, Fonds Francine Lancelot
Corpus d’enregistrements sonores et audiovisuels réalisé dans le cadre d’une recherche sur les rondes chantées dans le Gers (Savès), Béarn et Landes (Albret et Grande-Lande) constitué pour partie en collaboration avec le CNRS. Ce corpus contient 5 versions de chants ainsi que 46 versions instrumentales collectés entre 1976 et 1977.
1976-1977
Occitan (gascon)
Français
Enregistrements sonores : 02:00:00, Images animées : 01:00:00.
Enregistrements sonores
Documents audiovisuels
Fonds inventorié sur le catalogue en ligne du COMDT
Fonds consultable sur place
Reproduction soumise à autorisation
La Requeste faicte et baillée par les dames de Toulouse est une des œuvres les plus curieuses de l’imprimé occitan du XVIe siècle, connue par un seul exemplaire conservé. L’ouvrage contient vingt-et-une courtes pièces poétiques en occitan et en français, qui s’inscrivent dans la longue « querelle des femmes » qui anima la première moitié du XVIe siècle en France
La Requeste faicte & baillée par les Dames de la Ville de Tolose. Aux messieurs maistres & mainteneurs de la gaye scie[n]ce de Rhethorique, au moys de May,...
La Requeste faicte et baillée par les Dames de la Ville de Tolose. Aux messieurs maistres et mainteneurs de la gaye science de Rhethorique, au moys de May, Auquel moys par lesdits seigneurs se adjugent les Fleurs D’or et d’Argent, aux mieux disans, tendent affin qu’elles feussent receues a gaigner ledit Pris. Avec plusieurs sortes de Rithmes en divers lengaiges et sur divers propos, par lesdites Dames de Tolose composées. Ensemble une Epistre en Rithme aussi par icelles faicte et envoyée aux Dames de Paris. Le premier jour de May.
Ressource numérique
http://numerique.bibliotheque.toulouse.fr/ark:/74899/B315556101_RD16_001205_003
Le Livre des états de Provence, surnommé Potentia en raison de la potence qui orne sa reliure depuis le XVIe siècle, est un registre d’une cinquantaine de pièces des XIVe, XVe et XVIe siècles reliées à l’activité des états généraux de Provence, forme ancienne des parlements modernes et constituées par les provençaux eux-mêmes, figurant une sorte d’autoadministration de la Provence dans sa langue vulgaire et donc en occitan. Durant cette période, la Provence n’appartient pas encore directement au royaume de France, ce ne sera le cas qu’à partir de 1481, et c’est cette spécificité qui constitue l’un des intérêts principaux du recueil. Il s’agit également de l’une des sources les plus importantes d’autogestion locale pour l’époque et ce pour l’ensemble du territoire national. L'abondance de documentation y est telle que son étude relève à la fois de l’histoire politique, militaire, économique, fiscale, du droit et des institutions.
Le recueil est également un témoignage précieux du type d’utilisation dont l’occitan pouvait être l’objet chez les scribes et les juristes lettrés de cette période.
< livre « Potentia » des États de Provence
1 exemplaire manuscrit connu :
- Archives départementales des Bouches-du-Rhône (Marseille), cote B 49
Le registre Potentia est une ressource privilégiée de l’utilisation de l’occitan au sein des catégories sociales lettrées provençales des XIV, XV et XVIe siècles. Durant cette période le français n’y est ni la langue de communication courante, ni la langue administrative, ne commençant à s’imposer que vers la fin du XVe siècle en partie suite au rattachement direct de la Provence au territoire français en 1481. C’est ainsi le témoignage de presque trois siècles d’utilisation administrative de l’occitan qui est inscrit dans ce recueil. Ce témoignage est laissé par les états, non pas généraux ou provinciaux (puisque le territoire n’appartient alors pas pleinement à la France mais à des princes français : les rois de Naples, issus de la « seconde maison d’Anjou » ), mais de Provence.
Ce recueil renseigne ainsi sur l’histoire politique et militaire de la Provence à partir de 1390 et ce jusqu’en 1435 environ, date à laquelle la levée et l’organisation des troupes échappent en grande partie au contrôle des états, témoignant d’une diminution de l’influence de l'institution au profit du souverain.
L’histoire fiscale et administrative du territoire peut également être étudiée au travers de ce recueil, il est évidemment question de l’impôt et de la manière dont celui-ci est prélevé entre 1394 et 1523. Cependant, si ce sont bien les états qui consentent à l’impôt c’est le souverain qui exerce en pratique cette fonction. Il n’est donc pas rare de constater des décalages entre les sommes et tributs théoriquement levés et les sommes et tributs levés en pratique. Ces décalages peuvent d’autant plus se faire ressentir que la question de l’équité et de l’égalité devant l’impôt est souvent le sujet des discussions au sein des états. Cependant, si ces thématiques ne sont pas propres aux états de Provence, leur récurrence signifie très probablement l’insistance et les difficultés des gens du pays à faire respecter leurs ordonnances. Ces difficultés ont également joué de manière certaine un rôle important dans le processus de genèse de l’État moderne qui s’imposera peu de temps après l’abandon des états.
De plus, bien que l'administration du territoire soit ici exercée par des gens « du cru » on ne retrouve pas de manière exacte au sein du registre un occitan tel qu’il pouvait être parlé à l’époque. Ceci s’explique par le fait que le recueil est avant tout rédigé par des scribes ou des notaires lettrés ayant reçu une formation latine. Ainsi, si le recueil témoigne de l’usage de l’occitan administratif de l’époque un certain nombre de formes orales est parfois ignoré (comme cela était souvent le cas dans le langage employé pour les juristes) et la langue écrite s’apparente parfois plus à du latin qu’à de l’occitan : des mots comme redoubtables ou debte sont présents au sein du recueil et notent des lettres pourtant amuïes dans la prononciation et toujours utilisées en latin, témoignant de la notation d’un lexique sous l’influence du latin.
Le registre témoigne donc de l’histoire de la Provence pendant près de trois siècles, d’une époque où un parlement local s’exprimant en langue vulgaire participait à l’administration du territoire et qui verra son influence diminuer petit à petit au profit du souverain et cheminant avec logique vers une protestation en sus de l’ordonnance de Villers-Cotterêts (ou édit de Villers-Cotterêts) en 1539 qui imposera l’usage exclusif du français dans l’administration et la justice.
Éditions :
- Gouiran, Gérard. Hébert Michel. Le livre Potentia des états de Provence (1391-1523). Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques, 1997, XCII-535 p. [Cote CIRDÒC CAC 6855] [Accessible sur Gallica]