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Théâtre de Béziers
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Résumé

Le Théâtre de Béziers désigne l’ensemble des pièces créées et jouées à Béziers lors des fêtes des Caritats au début du XVIIe siècle. Ces pièces constituent un corpus unique, témoignage de la création  dramatique continue sur près d’un demi-siècle dans une ville de province.

Autres appellations connues

Teatre des Caritats
Théâtre des Caritats

Exemplaires connus ou conservés

Les textes du Théâtre de Béziers nous sont connus par les publications de l’imprimeur Jean Martel qui les édite à l’époque même où elles sont jouées. Alors publiées pour servir de livret lors du spectacle, la plupart de ces pièces, étaient éditées sous forme de fascicules, réduisant leur durée de vie dans le temps. Connues sous forme de pièces isolées, elles ont aussi fait l’objet d’une édition sous forme de recueil réunissant sous une pagination continue certaines d’entre elles, en 1628, en 1644 et en 1657.BM Toulouse, Res. D XVII 373 (5)

Les recueils les plus importants ont  pour titre :
L’Antiquité du triomphe de Béziers au jour de l'Ascension. Contenant les plus rares histoires qui ont esté  représentées au susdit jour ses dernières années. (A Besiers par Jean Martel, imp. & libr., 1628) et Seconde partie du Triomphe de Béziers au jour de l’Ascension, contenant la Colère ou furieuses indignation de Pepesuc, & le discours funèbre de son Ambassadeur sur la discontinuation des anciennes coutumes. Où sont ajoutées les plus rares pièces qui ont été représentées au susdit jour jusques à présent. (A Besiers par Jean Martel, imp. & libr., 1644).

L’extrême rareté et la dispersion de ces productions imprimées maintiendront ces pièces méconnues jusqu’à la moitié du XIXe siècle avec les publications de la Société archéologique de Béziers.

Note de contenu

Le Théâtre de Béziers se compose de pièces, de dimension, de sujets et d’ambitions divers. Ces pièces sont un témoignage précieux sur ce que pouvait être une activité de création dramatique continue sur près d’un demi-siècle (des années 1600 à 1660) dans une ville moyenne du Sud du royaume au XVIIe siècle.

Ces pièces sont jouées à l’occasion des fêtes dites des Caritats ou fêtes des Charités organisées par les confréries lors de l’Ascension, d’où le nom de Teatre des Caritats. La première mention en est faite par le troubadour de Béziers Johan Esteve en 1284. Ces fêtes, expression de la cohésion d’une communauté et de l'adhésion de ses membres, sont l’occasion de mettre en scène les héros et les emblèmes de la cité aux origines légendaires. Parmi ceux-ci figurent Pépézuc personnage protecteur de la ville incarné par un monument romain transformé pour l’occasion en totem et symbole festif. Cette mise en scène s’accompagne de La Galère sorte de chariot aux allures de vaisseau promené à travers la ville. Le Chameau - lo Camel, animal totémique de Béziers, dont l’histoire se confond avec celle de  Saint-Aphrodise l’évangélisateur, est guidé à travers la ville par le personnage de Papari.BM Toulouse, Res. D XVII 372 (4)

Le déroulement des fêtes des Caritats s’inscrit dans un rituel précis avec son défilé, ses lieux de passage, ses personnages et ses prises de paroles qui déroulent toute l’histoire de la cité. Le cortège qui représente l’ensemble des classes de la société s’organise derrière lo Camel guidé par Papari, les magistrats en costume, les bannières des corporations et les chars décorés dont la Galère.

La représentation des pièces du Théâtre de Béziers intervient une fois que le cortège a atteint la place de l’Hôtel de ville, sur les chariots qui servent de scène. L’hommage est ensuite rendu à Pépézuc devant sa statue à la fois symbole de puissance et de fécondité. Tout au long de ces fêtes, le pain et le vin sont distribués aux pauvres de la ville par l’ensemble de la population qui participe ainsi aux Caritats.

Les éléments de ce rituel burlesque et carnavalesque se retrouvent dans les pièces du Théâtre de Béziers qui immortalisent par la littérature ces réjouissances populaires. Elles servent à perpétuer dans le temps les légendes, les coutumes et traditions locales et mettent en scène tous les personnages présents dans l’histoire de la Cité.

L’ensemble du Théâtre de Béziers représente 24 pièces, pastorales, tragi-comédies, dialogues et monologues qui ont pour titre:

  1. Histoire de Pepezuc, faite sur les mouvements des guerres, représentée à Béziers le 16 mai 1616 (1628)

  2. Le jugement de Paris, l’avocat Bonnet (1628)

  3. Histoire de la réjouissance des chambrières de Béziers sur le nouveau rejaillissement d’eau des tuyaux de la fontaine en l’année 1616 (1628)

  4. Les amours de la guimbarde (1628)

  5. Histoire de Dono Peirotouno (1628)

  6. Plaintes d'un paysan sur le mauvais traitement qu’il reçoit des soldats (1628)

  7. Pastorale de Coridon et Clerice (1628)

  8. Histoire du valet Guilhaumes et de la chambrieiro Antoigne (1628)

  9. Pastorale du berger Celidor et de Florimonde sa bergère [1629]

  10. Histoire du mauvais traitement fait par ceux de Villeneuve à la ville de Béziers pendant la contagion  [1632]

  11. Histoire pastoriale représentée dans Béziers (1633)

  12. La fausse magie descouverte, histoire tragi-comique où après plusieurs combats et duels est accompli le mariage de Crisante avec Olympe. (1635)

  13. Historio de las caritats de Béziers (1635)

  14. Discours funèbre fait par l’ambassadeur Pepesuc sur la discontinuation des anciennes coutumes 1615 (1644)

  15. Titre, qualités et portait du grand Capitaine Pepezuc (1644)

  16. La colère ou furieuse indignation de Pepezuc sur la discontinuation pendant quelques années du Triomphe de Béziers au jour de l’Ascension (1644)

  17. Las aventuros de Gazetto (1644)

  18. Boutade sur le coquinage et la pauvreté (1644)

  19. Boutade de la mode (1644)

  20. Las amours d'un sergent avec une villageoise (1644)

  21. Les mariages rabillez, pastorale, de Michalhe[1647]

  22. Pastorale del bergé Silvestre ambé la bergeyro Esquibo, de Michalhe [1650]

  23. Las amours de Damon et de Lucresso, pastouralo(1657)

  24. Histoire memorable sur le duel d'Isabels et Cloris pour la joüissance de Philemon

Diffusion et adaptations

Les pièces publiées par l’imprimeur Martel proviennent d’auteurs qui ne sont pas tous connus, excepté un certain Michaille et l’avocat Bonnet, auteur de poèmes primés aux Jeux Floraux de Toulouse. Après l’imprimeur Martel, les pièces du Théâtre de Béziers devront attendre la réédition diplomatique de l’ensemble du corpus par la Société archéologique de Béziers qui les publie régulièrement dans son bulletin  entre 1844 et 1858. Les pièces y sont transcrites avec un argument analytique pour chacune d’elles.

En 1981, c’est Philippe Gardy qui préface le reprint de L’Antiquité du triomphe de Béziers au jour de l'Ascension (premier des recueils connus) dans l’édition que publie le CIDO.

Le relevé précis avec l’identification de chaque pièce connue sera donné par François Pic dans les Cahiers de littérature du XVIIe siècle en 1983 (Cf. bibiographie).

Édition XIXe siècle

Ensemble des pièces du Théâtre de Béziers, réunies et publiées par la  Société archéologique de Béziers sous le titre:

Le théâtre de Béziers ou Recueil des plus belles pastorales et autres pièces historiées représentées au jour de l'Ascension en ladite ville et composées par divers auteurs en langue vulgaire 1616-1657. [Béziers] : [Société Archéologique], [1845-1849].

Publié dans le Bulletin de la Société archéologique de Béziers 1845-1849 (10e & 12e livraison): 1845 p. 1-256, 1846 p. 257-424, 1847 p. 1-128, 1848 p. 129-239, 1849 p. 240-320.
Contient :
- Histoire de Pepezuc, faite sur les mouvements des guerres, Le jugement de Paris
- Histoire de la réjouissance des chambrières de Béziers
- Les amours de la guimbarde
- Histoire de Dono Peirotouno
- Plaintes d'un paysan
- Pastorale de Coridon et Clerice
- Histoire du valet Guilhaumes et de la chambrieiro Antoigne
- Pastorale du berger Celidor et de Florimonde sa bergère
- Boutade de la mode
- Boutade sur le coquinage et la pauvreté
- Las amours d'un sergent avec une villageoise
- Histoire du mauvais traitement fait par ceux de Villeneuve à la ville de Béziers pendant la contagion
- La fausse magie descouverte
- La colère ou furieuse indignation de Pepezuc
- Historio de las caritats de Béziers
- Pastorale del bergé Silvestre ambé la bergeyro Esquibo
- Les mariages rabillez, pastorale
- Las amours de Damon et de Lucresso, pastouralo
- Histoire pastoriale représentée dans Béziers
- Histoire memorable sur le duel d'Isabels et Cloris pour la joüissance de Philemon
- Las aventuros de Gazetto

Édition XXe siècle

L'Antiquité du triomphe de Besièrs au jour de l'Ascension... amb una introduccion de Felip Gardy. Besiers : CIDO [Centre international de documentation occitane], 1981.
Contient:
- Histoire de Pepezuc, faite sur les mouvements des guerres
- Le jugement de Paris
- Histoire de la réjouissance des chambrières de Béziers
- Les amours de la guimbarde
- Histoire de Dono Peirotouno
- Plaintes d'un paysan
- Pastorale de Coridon et Clerice
- Histoire du valet Guilhaumes et de la chambrieiro Antoigne

Bibliographie (éditions, études)

Marie-Hélène Arnaud, Les techniques de l'écriture dramatique dans le théâtre de Béziers, [S.l.] : [s.n.], 1971. (Thèse : Lettres : Montpellier 3 : 1971).

Marie-Hélène Arnaud,  « Qualques aspèctes del teatre de Besièrs  » dans : Actes du VIème Congrès international de langue et littérature d'oc et d'études franco-provençales, (Montpellier, septembre 1970) ; Montpellier : Centre d'estudis occitans, Revue des langues romanes, 1971, p.51-56.

Marie-Hélène Arnaud, « Le Théâtre de Béziers : les conditions sociales et linguistiques qui accompagnent quarante ans de création », Revue des Langues Romanes, LXXXI, 1975,  p. 67-85.

Jean-François Courouau, « Choix et non-choix linguistiques dans l'Histoire de Pepesuc et dans l'œuvre de François Bonnet », publié dans : Français et langues de France dans le théâtre du XVIIe siècle, sous la direction de Bénédicte Louvat-Molozay ; Paris : Presses universitaires du Midi, 2015, p. 245-257

Felip Gardy, « Teatre, fèsta e societat a Besièrs au sègle XVII» [préface de] L'Antiquité du triomphe de Besiers au jour de l'Ascension... Besiers, CIDO [Centre international de documentation occitane], 1981.

Philippe Gardy, « Écriture occitane et tensions linguistiques et culturelles en Bas Languedoc au XVIIe siècle : l’œuvre de François Bonnet », Colloque international d’études occitanes, Montpellier, Centre d’Etudes Occcitanes et Revue des langues romanes, 1984, p. 187-23.

Philippe Gardy,  « Le « Théâtre de Béziers », ou « Teatre de Caritats » : état des connaissances, problèmes et perspectives de recherche », in : Carmen Alén Garabato (dir.), Béziers ville occitane ? Actes des rencontres du 18 novembre 2006, Presses universitaires de Perpignan, 2007, p. 69-90.

Philippe Gardy, « Règles et enjeux des prologues dans le Théâtre de Béziers (1600-1660) », Littératures classiques, n° 83, 2014, p. 293-311.

Philippe Gardy, « Le jeu des langues dans le « Théâtre de Béziers », publié dans : Français et langues de France dans le théâtre du XVIIe siècle, sous la direction de Bénédicte Louvat-Molozay ; Paris, Presses universitaires du Midi, 2015, p. 229-244.

Philippe Gardy et Jean-François Courouau, « Molière et le Théâtre de Béziers : état de la question » publié dans : Français et langues de France dans le théâtre du XVIIe siècle, sous la direction de Bénédicte Louvat-Molozay ; Paris, Presses universitaires du Midi, 2015, p. 175-189.

Jacqueline Marty, « Quelques emprunts de Molière au Théâtre de Béziers : Le canevas de Monsieur de Pourceaugnac », Revue des Langues Romanes, LXXXI, 1975,  p. 43-66.

François Pic, « Bibliographie du théâtre de Béziers », Cahiers de littérature du XVIIe siècle, n°5 , 1983, p. 129-145.

Ives Roqueta, « A  Besièrs, al sègle XVII, lo teatre de las “Caritats” èra la fèsta dins la fèsta », Occitans ! 4, estiu de 1983, p. 19-21.

Le "Théâtre de Béziers" : Béziers au XVIIe siècle : catalogue de l'exposition, Musée des Beaux-Arts de Béziers, 25 avril-17 mai 1983, Béziers, Centre International de Documentation Occitane, 1983.

Ressources numériques

Éditions originales

   Pièces isolées

Les mariages rabillez. Pastorale. Représentée dans Béziers sur le théâtre des Caritadiers Mages de ladite ville, le jour de l'Ascension de la présente année 1647. Composée par Michaille (1647).

Histoire pastoriale représentée dans Béziers sur le théâtre des Marchands le jour de l'Ascension. Avec le cartel et devises de la partie de masque des cavaliers fidèles (1633).

Le Theatre de Besiers. Ou Recueil des plus belles pastorales & autres pieces historiées , qui ont esté representées au jour de l'Assension en ladite ville. Composées par divers autheurs en langue vulgaire, 1657.

Pastorale du berger Celidor et de Florimonde sa bergère. Representée sur le théâtre des Marchands le jour de l'Ascension 1629.

La fausse magie descouverte, histoire tragi-comique où apres plusieurs combats & duels est accomply le mariage de Crisante avec Olimpe. Representée sur le theatre des Marchands, le jour de l'Ascension en l'année mil six cens trente cinq.

Historio de las caritats de Besiés. Representée sur le theatre des praticiens le jour de l'Ascension de l'année mil six cens trente-cinq.

   Recueils

Édition de 1628
L'Antiquité du Triomphe de Besiers au jour de l'Ascension. Contenant les plus rares histoires qui ont esté representées au sudit jour ses dernieres années . Histoire de Pepesuc, faite sur les mouvemens des guerres, representees à Beziers le seizième may 1616. Le jugement de Paris par M. Bonnet, advocat. Histoire de la rejouissance des chambrieres de Beziers, sur le nouveau rejalissement (sic) d'eau des tuyaux de la fontaine, en l'année mil six cens seize.

Édition de 1644
Seconde partie du Triomphe de Beziers au jour de l'Ascension contenant la Colere ou Furieuse indignation de Pepesuc & le Discours funebre de son ambassadeur, sur la Discotinuation des anciennes coustumes. Ou sont adjoutées les plus rares pièces qui ont esté representées au susdit jour jusques à present. Par Bonnet

Éditions XIXe siècle

Le théâtre de Béziers ou Recueil des plus belles pastorales et autres pièces historiées représentées au jour de l'Ascension en ladite ville et composées par divers auteurs en langue vulgaire 1616-1657. [Béziers] : [Société Archéologique], [1859?].

Bulletin de la Société archéologique de Béziers 1845-1849 (10e 12e livraison), 1844-1846
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486534g.image.langFR.r=société%20archéologique%20de%20beziers

Bulletin de la Société archéologique de Béziers 1845-1849 (10e 12e livraison), 1847-1852
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486535v.image.langFR.r=société%20archéologique%20de%20beziers

Histoire de Pepezuc, faite sur les mouvements des guerres

Le jugement de Paris

Histoire de la réjouissance des chambrières de Béziers

Les amours de la guimbarde

Histoire de Dono Peirotouno

Plaintes d'un paysan

Pastorale de Coridon et Clerice

Histoire du valet Guilhaumes et de la chambrieiro Antoigne

Pastorale du berger Celidor et de Florimonde sa bergère

Boutade de la mode

Boutade sur le coquinage et la pauvreté

Las amours d'un sergent avec une villageoise

Histoire du mauvais traitement fait par ceux de Villeneuve à la ville de Béziers pendant la contagion

La fausse magie descouverte

La colère ou furieuse indignation de Pepezuc

Historio de las caritats de Béziers

Pastorale del bergé Silvestre ambé la bergeyro Esquibo

Les mariages rabillez, pastorale

Las amours de Damon et de Lucresso, pastouralo

Histoire pastoriale représentée dans Béziers

Histoire memorable sur le duel d'Isabels et Cloris pour la joüissance de Philemon

Las aventuros de Gazetto

Titre, qualités, portait
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Le dictionnaire provençal-français de Simon-Jude Honnorat, premier « vrai » dictionnaire occitan-français
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Le Dictionnaire provençal-français du médecin dignois Simon-Jude Honnorat (1783-1852), savant naturaliste et philologue, est considéré comme le premier grand dictionnaire de la langue occitane, embrassant tous les dialectes et compilant une grande partie de l’écrit moderne occitan. S’il semble avoir eu peu de succès lors de sa parution entre 1847 et 1848, il fut une des sources importantes du Tresor dóu Felibrige de Frédéric Mistral. Surtout, le médecin et érudit des Basses-Alpes (aujourd’hui Alpes-de-Haute-Provence) apparut aux lexicographes occitans du XXe siècle comme précurseur dans de nombreux domaines : il fut par exemple le premier à prendre en compte dans une somme lexicographique l’unité de la langue occitane en dépit des variations dialectales, et par ses choix graphiques il rompit avec l’adoption du système français en puisant à l’étymologie, annonçant la mise en œuvre de la graphie classique au cours du XXe siècle.

Avec le dictionnaire de S.-J. Honnorat, pour la première fois, un ouvrage permettait d’appréhender la langue dans sa totalité, et, transcendant la variété dialectale par le recours à un système graphique unificateur, il renouait le lien, rompu depuis des siècles, avec la grande langue de culture européenne qu’avait été l’occitan du Moyen Âge.


Titre complet

Dictionnaire provençal-français, ou Dictionnaire de langue d'oc ancienne et moderne ; suivi d'un Vocabulaire français-provençal… / par S.-J. Honnorat, docteur en Médecine - Digne : Repos, 1846-1848. - 4 vol.

Description

3 vol. (dictionnaire occitan-français) + 1 vol. (« Vocabulaire français-provençal »).

S.-J. Honnorat avait également annoncé que son dictionnaire serait précédé d’une grammaire, dont on ne connait qu'un seul manuscrit, conservé à la Bibliothèque de Grenoble. Il avait également préparé un supplément comme en témoignent les nombreuses annotations sur son exemplaire, aujourd’hui conservé au Musée Arbaud d’Aix-en-Provence.

Simon-Jude Honnorat, auteur du premier « vrai » dictionnaire occitan


1. Les débuts d’un médecin et savant naturaliste

Les intentions d’Honnorat et les conditions d’élaboration de son dictionnaire sont bien documentées, en particulier grâce à la publication en 1840 d’un mémoire, le Projet d’un dictionnaire provençal-français ou dictionnaire de la langue d’oc ancienne et moderne, que l’auteur envoie aux sociétés savantes de l’espace occitan. Sa correspondance avec le naturaliste provençal Esprit Requien (1788-1851), conservée à la Bibliothèque Calvet d’Avignon, complète et confirme les informations publiées par Honnorat dans son Projet.

Rien ne semblait prédisposer Simon-Jude Honnorat à devenir l'un des premiers grands lexicographes occitans. Issu d’un milieu paysan du Val d’Allos, occitanophone dans son parler alpin « considéré comme rude et grossier par les beaux esprits de basse Provence, [qui] pouvait sembler à première vue bien loin de la langue de ces troubadours que l'on commence justement à redécouvrir à la même époque » 1 , le jeune Honnorat s’illustre surtout par son intérêt pour les sciences naturelles et la botanique.

Après un passage par Grenoble, il termine ses études de médecine à Paris, où il côtoie une génération de Provençaux dont beaucoup s’intéressent à la « mode Troubadour » et aux supercheries littéraires de Clotilde ou de Fabre d’Olivet. Honnorat découvre aussi les recherches en plein développement sur l’ancienne « langue romane », l’ancien occitan des troubadours, dont Raynouard sera le chef de file. Il est reçu docteur en médecine de la Faculté de Paris en 1807 et revient en Provence exercer à l'hôpital de Digne. L'entomologie, la paléontologie et la botanique sont ses domaines de prédilection.

2. Genèse du projet de dictionnaire (1810-1840)

C’est vers 1811 que S.-J. Honnorat semble avoir entrepris son projet de Dictionnaire provençal-français en se procurant les dictionnaires et glossaires antérieurs, à commencer par le Vocabulaire provençal-français du Marseillais Claude-François Achard (1785). Ce dictionnaire de l'occitan tel qu'il est parlé en Basse-Provence, ne pouvait convenir tout à fait à un occitanophone de la Provence alpine. C'est ainsi qu'Honnorat commence à collecter son propre parler local. En 1810, à Gap, Jean-Michel Rolland avait publié lui aussi un dictionnaire pour corriger le mauvais français des populations occitanophones alpines : le Dictionnaire des expressions vicieuses et fautes de prononciation les plus communes dans les Hautes et Basses Alpes, accompagnées de leurs corrections, largement soutenu et diffusé par les préfets des deux départements. Il est probable que la publication du dictionnaire de Rolland a pu jouer le rôle de déclencheur chez Honnorat, qui envisagea d’abord l’élaboration d’un dictionnaire occitan comme un moyen d’accéder à une bonne maîtrise du français : « C'est donc, paradoxalement, le désir de français qui a conduit notre auteur à entreprendre sa tâche de lexicographe occitan. Rien d'étonnant à cela au demeurant : un de ses prédécesseurs, l'Abbé de Sauvages, avait à ses débuts exactement le même propos, avant de se prendre au jeu, comme Honnorat lui-même plus tard. » [note]

En 1840 lorsqu’Honnorat publie son Projet de dictionnaire...(consultable sur Occitanica), celui-ci diffère peu à première vue des dictionnaires occitan-français de l‘époque moderne, à l’exemple de celui d’Achard pour le provençal, qui constituent un foisonnant corpus de dictionnaires et glossaires ayant pour but d’apprendre au peuple à parler et écrire correctement le français : « je ne perdis jamais de vue la langue provençale, quoique je ne l’eusse considérée jusque-là que comme un moyen, ou une espèce d’échelle pour arriver à la langue française2

On peut cependant supposer qu’en s’adressant aux érudits des sociétés savantes méridionales pour trouver des soutiens à son projet de dictionnaire, Honnorat a repris le discours dominant du temps. Quoi qu’il en soit, ses intentions sont ambivalentes et son  projet, tel qu’exposé en 1840, tranche déjà avec les dictionnaires précédents.

D’abord, il souhaite produire un dictionnaire général et complet de la langue occitane, considérée dans son unité et explicitement nommée - « langue d’oc » - en embrassant les différents dialectes. Son projet de dictionnaire devait initialement se borner au domaine géolinguistique provençal, mais, à partir de 1833, il prend véritablement conscience de l’unité de la langue : « car dans le fond la langue est parfaitement la même et je n’aurai peut-être pas mille mots de plus en faisant figurer l’idiome moundi ou languedocien…3

Par ailleurs, ce projet de dictionnaire n’est pas un simple glossaire occitan-français, mais un ouvrage à caractère encyclopédique, reflet de l’érudition et de l’intérêt d’Honnorat pour les sciences naturelles en particulier. Cet aspect, qui alourdit les notices et ne satisfait pas à l’intérêt linguistique d’un tel dictionnaire, a souvent été donné comme une des raisons du faible succès que rencontra le dictionnaire d’Honnorat.

Enfin, sa singularité réside surtout dans son ambition linguistique avec un projet relativement normatif : Honnorat fait plus que compiler la langue telle qu’elle est parlée mais la donne « telle qu’elle doit être, en comprenant tous les dialectes, mais en n’admettant, comme mot fondamental, que celui qui dérive le plus directement de la langue-mère » 4 c’est-à-dire, pour Honnorat, la langue réputée pure et uniforme du Moyen Âge, telle qu’en tout cas il pouvait l’appréhender dans les Leys d’Amor, texte du XIVe siècle qu’il connaît bien, particulièrement codificateur. Ici aussi Honnorat apparaît particulièrement novateur. Il s'est formé aux autres langues romanes proches de l'occitan, qu'il conçoit de fait comme une langue à l'égale des autres, parentes car dérivées du latin : « ceci, qui nous paraît aujourd'hui évident, ne l'était nullement de son temps : un certain nombre de bons esprits des débuts du XIXe siècle croyaient que le français dérivait du celtique des ancêtres gaulois, et certains maintiendront très tard cette illusion patriotique. Quant à mettre sur le même pied des langues étrangères et ce que le sens commun français appelait des "patois", perçus comme déformations populacières du français, c'était encore une idée révolutionnaire pour bien des gens. » [note]

La conception d'Honnorat d'une langue occitane originelle, « pure », dévoyée par des siècles d’oralité, le conduit à restaurer un certain nombre d’usages occitans des scribes du Moyen Âge, rompant avec l’adoption de la graphie française par imitation phonétique depuis au moins le XVIe siècle dans la plupart des régions occitanophones : retour du '-r' de l’infinitif, graphèmes 'nh' et 'lh', 'o' pour le son /ou/, et bien sûr le -a final.

3. Contenu du dictionnaire provençal-français d’Honnorat :

Le dictionnaire provençal-français d’Honnorat peut être considéré comme le premier « vrai » dictionnaire occitan-français : il embrasse les différents dialectes de la langue d’oc, et au-delà de la traduction française des termes, il propose des notices lexicographiques enrichies de catégories grammaticales, notations étymologiques, citations d’auteur, allant même jusqu’à l’encyclopédisme.

Pour élaborer son dictionnaire S.-J. Honnorat a consulté d’importants corpus manuscrits et imprimés. On sait qu’il possédait une importante bibliothèque où l’on trouve dictionnaires, glossaires mais aussi de nombreuses œuvres littéraires 5. Il a eu accès à une grande partie de la production écrite de son temps et des siècles précédents, comme en témoignent les citations d’auteur qui sont données dans le dictionnaire. Pour les étymologies, Honnorat profitait de la somme nouvelle sur l’écrit occitan du Moyen Âge que représentait le Lexique roman de Raynouard 6. Honnorat fait aussi référence à la Canso de la Crozada traduite par Fauriel, aux Leys d'Amor et aux Flors del Gay-Saber qu'il connaît parfaitement. En termes de littérature, Honnorat connaît essentiellement l’écrit provençal, notamment la période moderne représentée par Jean-Baptiste Coye de Mouries, Michel Truchet d'Arles, Pierre Bellot et Toussaint Gros de Marseille, Hyacinthe Morel d'Avignon, Diouloufet d'Eguilles, mais aussi par des auteurs plus anciens comme Brueys ou Bellaud de la Bellaudière. Dans sa correspondance avec Requien, Bellaud apparaît d'ailleurs comme son auteur favori. Il fait aussi référence à des recueils juridiques comme les Statuts de Provence ou les Privilèges et règles de Pays de Béarn dont on trouve plusieurs citations dans le dictionnaire.

Honnorat utilise également les recueils d’histoire naturelle : l'Histoire naturelle de Darluc, l'Histoire des Plantes qui croissent aux environs d'Aix et dans plusieurs autres endroits de Provence, de Pierre Garidel ou encore l'Histoire Naturelle des environs de Nice du naturaliste Antoine Risso.

Les sources orales, en revanche, semblent assez réduites. Il adressa lui-même une enquête en 1822 aux maires, curés, savants, mais elle paraît ne pas avoir donné les résultats escomptés : Honnorat ne l’évoquera plus et nous ne connaissons pas d'archives qui aient été conservées.

4. L’édition du dictionnaire (1840-1848)

En 1840, Honnorat adresse aux différentes sociétés savantes et académies « des provinces méridionales » son Projet de 80 pages dans lequel il présente le dictionnaire à venir. Il reçut plusieurs rapports des académies méridionales, parfois assez enthousiastes à l’idée d’un grand dictionnaire restaurant la « dignité » de la langue à l’image du Rapport fait à la Société des sciences du Var : « avec les connaissances qu’il est facile de reconnaître dans M. Honnorat et dont il fait preuve à chaque page de son écrit, on conçoit aisément qu’il lui a été facile d’établir que la langue provençale, dégagée des divers dialectes, ses enfants dégénérés, a offert, de tout temps, autant de régularité, d’ensemble et de philosophie qu’aucune autre des langues modernes ; (…) notre langue à nous qui se pressentait à sa naissance avec une perfection que d’autres n’ont pu acquérir en dix siècles, et que des circonstances de pur hasard empêchèrent seules de devenir langue nationale, était plus digne que la langue d’oil, un de ses plus imparfaits dialectes, devenu plus tard et par des améliorations successives, la Langue française, de rester langue dominante et officielle… » 7

En 1844, le ministre de l’Instruction publique Villemain souscrit pour cent exemplaires, accélérant l’édition du dictionnaire qui commence à être imprimé. Âgé de 62 ans, et en mauvaise santé, confronté à d’importantes difficultés financières, Simon-Jude Honnorat réussit toutefois à faire imprimer le premier volume qui est terminé en 1847 chez l’imprimeur Repos à Digne, suivi de près par le second volume puis, en mai 1848 par le troisième et dernier volume. Durant l’été 1848 paraît le Vocabulaire français-provençal mais la Grammaire et le Supplément annoncés ne parurent jamais. Les difficultés rencontrées par Honnorat pour l’impression de son dictionnaire sont sans doute dues en partie à son engagement légitimiste alors que son dictionnaire voyait le jour entre Monarchie de Juillet et Révolution de 1848.

5. La réception et la diffusion du dictionnaire provençal-français d’Honnorat

Le monumental dictionnaire d’Honnorat semble avoir été un échec commercial, au vu de la rareté des éditions originales conservées.

On peut penser que les contenus encyclopédiques et peut-être aussi les choix graphiques, le rendaient difficilement manipulable pour une grande partie du lectorat visé. Il mourut en 1852 et ne connut pas le grand élan renaissantiste porté par le succès national de Mirèio (1859) du jeune Frédéric Mistral et par le Félibrige, qui culmine dans le dernier tiers du siècle.

Si Honnorat est peu célébré chez les félibres, en revanche, Mistral estima et utilisa beaucoup son dictionnaire pour la réalisation du Tresor dóu Felibrige.

Mais c’est au cours du XXe siècle qu’Honnorat fut redécouvert et célébré comme un grand savant, précurseur de la normalisation graphique initiée dans les années 1900 par Antonin Perbosc et Prosper Estieu qui tirent de leur lecture des textes médiévaux, en particulier les Leys d’amor eux aussi, un système de restitution d'une norme occitane d'écriture.

Éditions :

- 1846-1848 : Digne : Repos (édition originale)

- 1991 : Raphèle-lès-Arles : Culture Provençale et Méridionale, 1991 [reprint de l’édition originale ; préface de Pierre Fabre]


Consultation en ligne

1. Le dictionnaire d’Honnorat numérisé :

Les 4 tomes numérisés par le Bibliothèque nationale de France et disponibles sur Gallica permettent de faire des recherches en plein texte.

Consulter sur gallica.bnf.fr :

Tome 1 : Dictionnaire (A-D)

Tome 2 : Dictionnaire (E-O)

Tome 3 : Dictionnaire (P-Z)

Tome 4 - Vocabulaire


2. Le dictionnaire d’Honnorat en base de données :

Le site internet D'Ubaye en Verdon (jc.clariond.free.fr) propose un outil permettant d'effectuer des recherches avancées dans le dictionnaire d'Honnorat informatisé. Plusieurs modes de recherche sont possibles : une recherche thématique, une recherche par dialectes, par auteurs cités dans le dictionnaire, par radicaux et une recherche des mots par terminaison. Consulter le site.

Notes

1.Philippe MARTEL, « Du parler local à la langue : le Docteur Honnorat à la découverte de l’unité de la langue d’oc » dans : Chroniques de Haute-Provence, 365, 2010. (En ligne sur Occitanica)

2. S.-J. HONNORAT, Projet de dictionnaire provençal-français… - Digne : Repos, 1840.

3.Lettre à Requien, 25 mars 1833.

4.Philippe MARTEl, op. cit.

5. Catalogue des livres de feu M.H.M. de feu M.S.J. Honnorat, Grenoble, 1853.

6.François RAYNOUARD, Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours comparée avec les autres langues de l'Europe latine - Paris : Silvestre, 1836-1844.

7.Layet, Toulon le 19 juillet 1841 dans : Bulletin trimestriel de la Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts du département du Var

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La requeste faicte et baillée par les dames de la Ville de Tolose (1555)
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Résumé

La Requeste faicte et baillée par les dames de Toulouse est une des œuvres les plus curieuses de l’imprimé occitan du XVIe siècle, connue par un seul exemplaire conservé. L’ouvrage contient vingt-et-une courtes pièces poétiques en occitan et en français, qui s’inscrivent dans la longue « querelle des femmes » qui anima la première moitié du XVIe siècle en France

Titre original complet

La Requeste faicte & baillée par les Dames de la Ville de Tolose. Aux messieurs maistres & mainteneurs de la gaye scie[n]ce de Rhethorique, au moys de May,...

La Requeste faicte et baillée par les Dames de la Ville de Tolose. Aux messieurs maistres et mainteneurs de la gaye science de Rhethorique, au moys de May, Auquel moys par lesdits seigneurs se adjugent les Fleurs D’or et d’Argent, aux mieux disans, tendent affin qu’elles feussent receues a gaigner ledit Pris. Avec plusieurs sortes de Rithmes en divers lengaiges et sur divers propos, par lesdites Dames de Tolose composées. Ensemble une Epistre en Rithme aussi par icelles faicte et envoyée aux Dames de Paris. Le premier jour de May.

Exemplaires conservés

Le seul exemplaire connu est conservé par la Bibliothèque municipale de Toulouse et provient d’une collection privée (Jean Faure, Toulouse). Il y aurait eu 2 éditions antérieures de l’ouvrage dont celle de 1555 est la seul rescapée (François Pic).

Manuscrit

« La requeste faicte et baillée par les dames de la ville de Tolose aux messieurs maistres et mainteneurs de la gaye science de rhethorique... Imprimé à Tolose, par J. Colomies, 1555 »
Copie manuscrite du XIXe siècle des trois premières pages du recueil  [fol. 166 (17) au fol. 168 (21)]
BU Arsenal Droit lettres Toulouse, Ms 216, fol. 166 (SICD)
 
Ressource numérique
http://www.purl.org/occitanica/4305
images 303-305

Possesseurs

1828 - Payne (vente Londres)
1850 - Potier (libraire)
1850 - Tibulle Desbarreaux-Bernard (Toulouse) [ex libris n°2743]
1945 - B. Galanti (bibliophile)
1997 - Patrick Sourget (libraire Chartres)
2002 - Jean Faure (Toulouse)
2004 - Bibliothèque municipale de Toulouse [Res. D XVI 1205 (3)]

Note de contenu

Le texte de La Requeste met en scène la demande de participation des dames de Toulouse au concours annuel de poésie organisé par le Collège de Rhétorique de la ville (la requête est donnée en première position), en même temps qu’un florilège de pièces censées témoigner de leurs talents.
Au delà du ton « féministe » de quelques textes, les autres relèvent de la satire comique dans lesquels les « dames » signent portraits et contre-portraits des défauts et vices féminins, devenus clichés dans une abondante littérature misogyne de la première moitié du XVIe siècle (controverse connue sus le nom de « Querelle des femmes »).
Le recueil compte 9 pièces en français et 12 en occitan (10 en « lengaige Tolosain », une en « gavatch » et une en « gascon ») : orchestrent l’« effet de polyphonie d’une école poétique en deux idiomes » (Courouau, Gardy).
 
L’ouvrage s’inscrit dans un corpus occitan toulousain dans lequel on relève Las Nomparelhas receptas… et Las Ordonansas et Coustumas del Libre Blanc, œuvres « d’une écriture tout à la fois conforme à l’efflorescence littéraire renaissante française et qui s’en différencie cependant. Les voix féminines, le contrepoint linguistique, sont pour les auteurs autant d’effets de miroir inversé, d’éléments de carnavalisation » (Escudé).

La question des auteur(e)s

La Requeste est une œuvre collective réunissant les pièces  signées de 16 noms féminins (Gabrielle Brunete, Marguerite de bon vouloir, Catherine Fontaine, Françoise Marrie, Glaude Ligoune, Esclarmonde Espinette, Magdaleine princesse, Marie de hault pris, Mondina de Lenvege, Johana Perla, Dona Prouzina Belvengua, Anthonia I., Guillaume Finoy, Andieta Pechayre, Bernarde deu Pin) ou de l’ensemble de leur groupe (les dames de Toulouse) et d’un seul auteur masculin Pierre Trassebot. La Requeste alimentera l’idée mythique d’une « Pléiade toulousaine féminine » construite par Alexandre Du Mège, qui sera réfutée en 1853 par Jean-Baptiste Noulet.

De la controverse des sexes à la controverse des langues

Les objectifs ludiques et polémiques de la guerre des sexes sont doublées par la question linguistique de ce recueil plurilingue : l’occitan domine numériquement, tout en démontrant sa variété face au monolithisme du français. Le dernier poème, le plus long du recueil, prend des accents de manifeste linguistique. Il met en scène les dames toulousaines prenant la parole collectivement pour rédiger une « Epistre en lengaige Tolosain, faicte et composée par les Dames de Tolose, responcive à celle que les Dames de Paris leur avoyent envoyée » dans laquelle elles affirment leur droit à s’exprimer « en nostre bel lengatge » tandis qu’elles moquent l’accent des Parisiennes « car en parlan, semble que machetz Fresas » (car en parlant, il semble que vous mâchiez des fèves) = à l’heure où l’occitan se perd dans les élites, la fiction de l’écriture féminine leur permet d’exprimer sous forme de canular leur nostalgie pour une langue qui n’était pas moins capable que le français d’exprimer les beautés de la poésie.

Édition originale

La Requeste faicte & baillée par les Dames de la Ville de Tolose. Aux messieurs maistres & mainteneurs de la gaye science de Rhethorique, au moys de May,...
Tolosa : Jac. Colomies, 1555, 16 f. (sig. A1-B8) ; 8
[Res. D XVI 1205 (3)]

Le seul exemplaire connu est relié avec :

Las Ordenansas & Coustumas del Libre Blanc, observadas de tota ancianetat, compausadas per las sabias femnas de Tolosa. Et registradas en forma deguda per lor secretary.
Tolosa : Jac. Colomies, 1555, 16 f. (sig. A1-B8) ; 8
[Res. D XVI 1205 (1)]
 
Las nompareilhas Receptas, per fa las Femnas tindentas, rizentas, plasentas, polidas, & bellas. Et aussi per las fa pla cantar, & caminar honestament, & per compas,... Ensemble une Requesta de l'Actor a lencontra de lasditas Femnas.
Tolose : Guyon Boudeville, 1555, 8 f. (sig. A1-B4) ; 4
[Res. D XVI 1205 (2)].

Publication d’extraits commentés

Jean-Baptiste Noulet, De la Prétendue pléiade toulousaine, ou Réfutation de ce qui a été récemment imaginé dans le but d'établir l'existence d'une société littéraire de dames, à Toulouse, au XVIe siècle, Toulouse : impr. de J.-M. Douladoure, 1853.

Édition critique moderne avec traduction et bibliographie

La requeste faicte et baillée par les dames de la ville de Tolose (1555) : textes français et occitans / éd. critique établie par Jean-François Courouau et Philippe Gardy. Toulouse : Presses universitaires du Mirail, 2003.

Postérité

La Requeste et ses œuvres-sœurs constituent les seules oeuvres de création littéraire en occitan de la première moitié du XVIe siècle. Á la fois œuvre en miroir, et œuvre carnavalesque, La Requeste ouvre toutefois le possible d’une renaissance occitane en démontrant que la langue des Toulousains, que les élites abandonnent au même moment, est autant capable d’expression poétique que le français. Toulouse sera un des principaux foyer de cette renaissance avec Pey de Garros puis avec Godolin, stoppée pour un temps par la parenthèse ligueuse.  
La Requeste est « une pierre d’importance dans la compréhension du monde humaniste à Toulouse.
Longtemps introuvable, la Requeste pourra sans nul doute reprendre une place majeure dans l’architecture des tensions de langue, de comportement, d’idées, qui ont fait de Toulouse au milieu du XVIe siècle un lieu capital de l’Europe moderne ». (Pierre Escudé).

Bibliographie

Alexandre Du Mège, « Le Palais de Bernuy ou le Collège Royal de Toulouse », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, III, 1836-1837, p. 10-15.
 
Jean-Baptiste Noulet, De la Prétendue pléiade toulousaine, ou Réfutation de ce qui a été récemment imaginé dans le but d'établir l'existence d'une société littéraire de dames, à Toulouse, au XVIe siècle, Toulouse : impr. de J.-M. Douladoure, 1853. (Extrait des Mémoires de l'Académie impériale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse).

François Pic, « Ourdenansas et coustumas del Libre Blanc, Nompareilhas receptas..., Requeste faicte et baillée par les Dames de la Ville de Tolose : les tribulations de trois textes toulousains du XVIe siècle ou un cas notoire d'inaccessibilité de la littérature occitane moderne » dans : Études romanes dédiées à la mémoire de Jacques Boisgontier, Montpellier, extrait de la Revue des Langues Romanes, 2000 p. 117-145.

Pierre Escudé, « Redécouverte d’un texte majeur de la Renaissance toulousaine », Annales du Midi, 2004, 116, p. 4000-402,
En ligne
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/anami_0003-4398_2004_num_116_247_2865_t1_0400_0000_2


Ressource numérique
http://numerique.bibliotheque.toulouse.fr/ark:/74899/B315556101_RD16_001205_003

 


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Le registre « Potentia » des états de Provence, témoignage de près de trois siècles d'emploi administratif de l'occitan
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Résumé

Le Livre des états de Provence, surnommé Potentia en raison de la potence qui orne sa reliure depuis le XVIe siècle, est un registre d’une cinquantaine de pièces des XIVe, XVe et XVIe siècles reliées à l’activité des états généraux de Provence, forme ancienne des parlements modernes et constituées par les provençaux eux-mêmes, figurant une sorte d’autoadministration de la Provence dans sa langue vulgaire et donc en occitan. Durant cette période, la Provence n’appartient pas encore directement au royaume de France, ce ne sera le cas qu’à partir de 1481, et c’est cette spécificité qui constitue l’un des intérêts principaux du recueil. Il s’agit également de l’une des sources les plus importantes d’autogestion locale pour l’époque et ce pour l’ensemble du territoire national. L'abondance de documentation y est telle que son étude relève à la fois de l’histoire politique, militaire, économique, fiscale, du droit et des institutions.
Le recueil est également un témoignage précieux du type d’utilisation dont l’occitan pouvait être l’objet chez les scribes et les juristes lettrés de cette période.

Autres version du titre :

< livre « Potentia » des États de Provence

Exemplaire conservé

1 exemplaire manuscrit connu :

- Archives départementales des Bouches-du-Rhône (Marseille), cote B 49

Note d’étude

Le registre Potentia est une ressource privilégiée de l’utilisation de l’occitan au sein des catégories sociales lettrées provençales des XIV, XV et XVIe siècles. Durant cette période le français n’y est ni la langue de communication courante, ni la langue administrative, ne commençant à s’imposer que vers la fin du XVe siècle en partie suite au rattachement direct de la Provence au territoire français en 1481. C’est ainsi le témoignage de presque trois siècles d’utilisation administrative de l’occitan qui est inscrit dans ce recueil. Ce témoignage est laissé par les états, non pas généraux ou provinciaux (puisque le territoire n’appartient alors pas pleinement à la France mais à des princes français : les rois de Naples, issus de la « seconde maison d’Anjou » ), mais de Provence.

Ce recueil renseigne ainsi sur l’histoire politique et militaire de la Provence à partir de 1390 et ce jusqu’en 1435 environ, date à laquelle la levée et l’organisation des troupes échappent en grande partie au contrôle des états, témoignant d’une diminution de l’influence de l'institution au profit du souverain.

L’histoire fiscale et administrative du territoire peut également être étudiée au travers de ce recueil, il est évidemment question de l’impôt et de la manière dont celui-ci est prélevé entre 1394 et 1523. Cependant, si ce sont bien les états qui consentent à l’impôt c’est le souverain qui exerce en pratique cette fonction. Il n’est donc pas rare de constater des décalages entre les sommes et tributs théoriquement levés et les sommes et tributs levés en pratique. Ces décalages peuvent d’autant plus se faire ressentir que la question de l’équité et de l’égalité devant l’impôt est souvent le sujet des discussions au sein des états. Cependant, si ces thématiques ne sont pas propres aux états de Provence, leur récurrence signifie très probablement l’insistance et les difficultés des gens du pays à faire respecter leurs ordonnances. Ces difficultés ont également joué de manière certaine un rôle important dans le processus de genèse de l’État moderne qui s’imposera peu de temps après l’abandon des états.

De plus, bien que l'administration du territoire soit ici exercée par des gens « du cru » on ne retrouve pas de manière exacte au sein du registre un occitan tel qu’il pouvait être parlé à l’époque. Ceci s’explique par le fait que le recueil est avant tout rédigé par des scribes ou des notaires lettrés ayant reçu une formation latine. Ainsi, si le recueil témoigne de l’usage de l’occitan administratif de l’époque un certain nombre de formes orales est parfois ignoré (comme cela était souvent le cas dans le langage employé pour les juristes) et la langue écrite s’apparente parfois plus à du latin qu’à de l’occitan : des mots comme redoubtables ou debte sont présents au sein du recueil et notent des lettres pourtant amuïes dans la prononciation et toujours utilisées en latin, témoignant de la notation d’un lexique sous l’influence du latin.

Le registre témoigne donc de l’histoire de la Provence pendant près de trois siècles, d’une époque où un parlement local s’exprimant en langue vulgaire participait à l’administration du territoire et qui verra son influence diminuer petit à petit au profit du souverain et cheminant avec logique vers une protestation en sus de l’ordonnance de Villers-Cotterêts (ou édit de Villers-Cotterêts) en 1539 qui imposera l’usage exclusif du français dans l’administration et la justice.

Editions et traductions

Éditions :

- Gouiran, Gérard. Hébert Michel. Le livre Potentia des états de Provence (1391-1523). Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques, 1997, XCII-535 p. [Cote CIRDÒC CAC 6855] [Accessible sur Gallica]

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Incunables occitans : les premiers livres imprimés en occitan (XVe siècle)
CIRDOC - Institut occitan de cultura

On désigne par « incunable » - du latin incunabula, « le berceau », « le commencement » - les premiers livres imprimés au cours du XVe siècle. Ces premiers livres, dont le plus célèbre est la Bible latine à quarante-deux lignes que Gutenberg imprima à l'aide de caractères mobiles vers 1450 à Mayence, ne ressemblent pas encore aux livres modernes qui apparaîtront, selon les régions, entre le début et le milieu du XVIe siècle. Les incunables conservent encore beaucoup de caractéristiques des manuscrits reliés (codex) du Moyen Âge, sans page de titre, avec une mise en page compacte, sans chapitre et comportant de nombreuses abréviations. Certains étaient même encore enluminés. Mais la caractéristique la plus  marquante de ces « premiers imprimés » est l'utilisation de caractères gothiques. 
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Bien que l’espace occitan voie dès 1475 l’installation des premiers ateliers d’imprimerie à Albi, puis l'année suivante à Toulouse, c’est sur des presses italiennes, à Turin, que fut fabriqué en 1492 le premier livre imprimé en occitan : Lo Compendion de l’Abaco, œuvre du niçois Francés Pelós.  

L'occitan parmi les langues des incunables

L'Incunabula Short Title Catalogue (ISTC), base de données internationale qui recense plus de 30’000 éditions de livres imprimés antérieurs à 1501, révèle que la langue majoritaire des premiers imprimés est le latin. Vient ensuite l’italien avec près de 2’500 titres et le français avec près de 1800 titres. La péninsule ibérique, qui connaît plus tardivement l’arrivée de l'imprimerie, est représentée par 437 éditions recensées en espagnol (castillan) et 138 en catalan. L’ISTC ne recense pour les langues vernaculaires de France, hormis le français, un incunable en breton, le Catholicon de Jehan Lagadeuc, dictionnaire trilingue breton-français-latin destiné à l'instruction « des petits clercs pauvres de Bretagne ou encore des illettrés en latin ». 
Avec trois éditions connues, le corpus des incunables occitans est très faible au regard du corpus francophone, ou même catalonophone et révèle déjà l’état très dégradé du rapport de force entre l’occitan et le français dans la production et la diffusion écrite des savoirs au sortir du Moyen Âge, au large bénéfice du français. Pour autant, la langue occitane, héritière d’une scripta littéraire, scientifique et administrative importante et prestigieuse au Moyen  Âge, demeure encore, à l'orée de l'époque moderne, une langue d’écriture et de diffusion savante. La plupart des autres langues vernaculaires de l’actuel territoire français, voire de l’Europe occidentale, n’ayant aucune édition ancienne.

Les incunables « occitans »

  • Frances PELLOS, [Compendion de lo abaco] : Complida es la opera, ordenada... per noble Frances Pellos,... Impresso in Thaurino..., per meistro Nicolo Benedeti he meistro Jacobino Suigo de Sancto Germano, nel anno 1492, ad di 28 de septembrio.

C’est assez tardivement, dans les toutes dernières années du XVe siècle, qu'apparaissent les premiers incunables en occitan.

Le premier est Lo Compendion de l'Abaco, œuvre d'un « citoyen niçois » (« citadin es de Nisa », f. 80v), Francés Pellos, et imprimé à Turin en 1492. Ce traité de mathématique est issu du milieu du négoce niçois. L'ouvrage est d’un usage pratique, son but est d'apporter les rudiments mathématiques nécessaires au bon exercice du commerce maritime.
C'est sans doute parce qu'il est à destination du monde du commerce maritime qu'il est rédigé et imprimé dans la langue d'usage des marchands et non en latin, langue de la majorité des incunables.
Lo Compendion de l'Abaco, qui figure parmi les premiers traités de calcul imprimés, témoigne de la place qu'occupe la langue occitane dans les échanges commerciaux dans la région niçoise (Nice est décrite « cap de Terra Nova en Provensa » par l'auteur, f. 80v.) à l'aube de la Renaissance.
Les exemplaires conservés sont assez rares, nous en connaissons 7 référencés dans les catalogues de bibliothèques publiques ou universitaires en France et à l'étranger.

En savoir + sur le Compendion de l'Abaco : voir l'article dans l'Enciclopedia d'Occitanica. 
Les deux autres incunables occitans connus concernent le domaine religieux. 
  • Lucchino (Lucain) Bernezzo, Tratat del Rosari de l’intemerada Verge Maria segunt la determination de diverses Dotors, [Nice, 1493] [perdu, aucun exemplaire connu].
  •  Guy de Roye, Lo Doctrinal de la sapiensa en lo lenguatge de Tholosa [Toulouse : Heinrich Mayer, circa 1494]
Le premier, le Tratat del Rosari de l’intemerada Verge Maria segunt la determination de diverses Dotors, serait l'œuvre du frère dominicain Luchino Bernezzo, imprimé à Nice en 1492 ou 1493.  
L'ouvrage semble définitivement perdu, il est connu par une seule mention du XVIIe siècle.

En savoir + sur le Tratat del Rosari de l'intemerada Verge Maria : voir l'article dans l'Enciclopedia d'Occitanica. 

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Le second, Lo Doctrinal de la sapiensa en lo lenguatge de Tholosa, sorti des presses toulousaines d’Henri Mayer en 1494, est une traduction occitane du Doctrinal de sapience ou Doctrinal aux simples gens, œuvre d’explication de la doctrine chrétienne rédigée au milieu du XIVe siècle, et attribuée à Guy de Roye.
Le choix linguistique s’explique ici par la fonction didactique du livre, qui est à destination des prêtres ou des lecteurs ne lisant ni le latin, ni le français.
Lo Doctrinal de sapiensa connaît une seconde édition, toujours  à Toulouse, par l’imprimeur Jean Grandjean (1460-1519), une autre en 1504. Ce dernier, considéré comme le premier imprimeur toulousain, s’installa rue de la Porterie et avait racheté en 1494 l’atelier de Henri Mayer, d’origine allemande.
Cet incunable est à rapprocher du corpus des impressions religieuses toulousaines en occitan du début du XVIe siècle, toutes les traductions de textes à visée didactique. 

En savoir + sur Lo Doctrinal de la sapiensa en lo lenguatge de Tholosa : voir l'article dans l'Enciclopedia d'Occitanica.
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Jaufré, un pastiche de la légende arthurienne
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Résumé

Jaufré est un roman occitan en vers du XIIIe siècle qui se rattache aux romans de chevalerie de ce qu'on appelle la "matière de Bretagne", ensemble de mythes et de légendes du monde celtique, autour de la figure du roi Arthur ou Arthus et de l'enchanteur Merlin. C’est une œuvre particulièrement intéressante en raison de la transposition de cet univers dans les pays d'Oc.
Ce long poème de presque onze mille vers est l’une de œuvre médiévale occitane les plus accessibles notamment gde par sa tonalité épique, à l’humour omniprésent et sa structure travaillée afin de faciliter sa lecture et son écoute.
L’auteur de Jaufré n’est à ce jour pas connu, néanmoins sa dédicace au roi-troubadour Alphonse II d’Aragon laisse à penser à une possible origine catalane ou sud languedocienne. Cette origine possible s’appuie également sur la langue employée au cours du récit, catalane ou du sud de l’ancien Languedoc, selon Clovis Brunel.

Autres versions du titre :

< Jauffré

< Roman de Jaufré

< Gilfred

< Jaufre

Exemplaires conservés

8 exemplaires manuscrits connus :

- Barcelone, Institut municipal d'història. Cote : B-109. 2 feuillets. Date : XIVe siècle

- New York, Morgan Library. Cote : M. 819, feuillets 10a-12c. Date : XIVe siècle. Anciennement ms. Phillipps 8335

- Nîmes, Archives départementales du Gard. Cote : F (001) 083, pièce 3, notaire de Vallerauge. 2 feuillets. Date : XIIIe siècle

- Nîmes, Archives départementales du Gard. Cote : F (001) 083, pièce 4, notaire de Bagnols-sur-Cèze. 1 feuillet. Date : XIIIe siècle

- Nîmes, Archives départementales du Gard. Cote : Balsa de Firmi, 50 J. 2 feuillets. Date : fin XIIIe siècle

- Paris, Bibliothèque nationale de France. Cote : Français 2164, feuillets 1-110. Accéder au manuscrit numérisé

- Paris, Bibliothèque nationale de France, cote : Français 12571, feuillets 1-31. Accéder au manuscrit numérisé

- Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana. Cote : Vaticani latini, 3206, feuillets 84r-99v. Date : fin XIVe siècle

Note d’étude

L’un des principaux intérêts de Jaufré demeure dans sa principale thématique : la légende arthurienne et plus particulièrement le traitement qu’il lui apporte. En effet, Jaufré est un témoignage de l’acclimatation d’au moins une partie de la matière de Bretagne en zone occitanophone.
La matière est ici presque pastichée à travers un humour omniprésent, constituant ainsi un témoignage probable des mœurs de l’époque. Aussi, il convient d’observer la portée de cet humour et la manière avec laquelle il se réapproprie et adapte les topos de la chevalerie arthurienne,  en les abordant sous l'angle de la parodie. Loin de ridiculiser, le traitement parodique des topos ne fait que renforcer leur portée référentielle.

On peut donc supposer que c’est avec une certaine dose de second degré que l’auteur de ce texte, mais également son auditoire, ont pu accueillir les textes de chevalerie. Comme dans tout genre dominant, à toutes les époques, le fait de l'aborder sous l'angle de la parodie fait partie intégrante du traitement de ce genre, et n'est pas propre au domaine d'oc : le Roman de Renart ou les fabliaux, ainsi que certaines oeuvres théâtrales comme le Jeu de Robin et Marion d'Adam de la Halle reprennent des lieux communs soit de la littérature épique, soit de la littérature courtoise, qu'ils mettent en scène de façon burlesque ou décalée, renforçant en cela l'ancrage culturel de ces genres littéraires dans l'univers mental de leur temps. 

Editions et traductions

Éditions :

- Appel, Carl. Provenzalische Chrestomathie mit Abriss der Formenlehre und Glossar. Sechste, verbesserte Auflage, Leipzig, Reisland, 1930, pp. 14-23 [Cote CIRDÒC : CAC 1939]

- Breuer, Hermann. Foerster, Wendelin. Jaufré : ein altprovenzalischer Abenteuerroman des XIII. Jahrhunderts. Göttingen : Gesellschaft für romanische Literatur ; Halle : M. Niemeyer, 1925, LXIII-444 p.

- Brunel, Clovis. Jaufré : roman arthurien du XIIIe siècle en vers provençaux. Paris : Société des anciens textes français, 1943, 2 vol. LXXI-214 p.-[2] f. de pl., XII-255 p.-[1] f. de pl. [Cote CIRDÒC : CAC 4614]

- Delmas, Jean-Jacques. « Un fragment rouergat du Roman de Jaufré » in Romania, 101, 1980, p. 271-277 [Cote CIRDÒC : BK 3]

- Ferrero, Giuseppe Guido. Jaufre : Poema arturiano in lingua d'oc (passi scelti), Torino : Gheroni, 1961, 70 p.

- Lavaud, René. Nelli, René. Les Troubadours. [Paris] : Desclée de Brouwer, impr. 1960, t.1, pp. 621-1021 [Cote CIRDÒC : CAB 1081-1]

- Lee, Charmaine. Jaufre. Roma : Carocci, 2006, 454 p.

- Raynouard, François-Just-Marie. Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours comparée avec les autres langues de l'Europe latine : précédé de nouvelles recherches historiques et philologiques, d'un résumé de la grammaire romane, d'un nouveau choix des poésies originales des troubadours, et d'extraits de poëmes divers. Paris : Silvestre, 1836-1844, t. 1, pp. 48-173 [Cote CIRDÒC : CO-D 272]

Traductions modernes :

en français :

- Brunel, Clovis. Jaufré : Conte de la Table Ronde. Neuchatel : Baconnière, 1950, 153 p.

- Zink, Michel. « Le roman de Jaufré » in La légende arthurienne : Le Graal et la Table ronde. Paris : R. Laffont, cop. 1989, LIX-1206 p.

en anglais :

- Arthur, Ross Gilbert. Jaufré. New York/London : Garland, 1992, LIII-190 p.

en espagnol :

- Gómez Redondo, Fernando. Jaufré. Madrid : Clásicos Medievales, 2, 1996, 314 p.

Ressources bibliographiques

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Les chansonniers occitans, aux sources de la lyrique occitane
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Définition

On désigne par le terme de « chansonnier » (cançonièr en occitan) des recueils manuscrits de « chansons », poésies des troubadours d’expression occitane, compilés et rédigés entre le milieu du XIIIe et le milieu du XIVe siècle.
Les chansonniers occitans - parfois appelés « chansonniers provençaux » selon la tradition philologique du XIXe siècle - forment des recueils de la lyrique occitane des XIIe et XIIIe siècles, ordonnés par un créateur, qui est parfois un troubadour, mais dans la très grande majorité des cas un « collectionneur » ou « compilateur » selon un projet anthologique : le plus souvent par genre (cansos, sirventes, tensos et partimens, etc.) et, à l’intérieur de chaque genre, par troubadour ainsi élevés au rang d’ « auteur », que le compilateur peut présenter par une biographie (vida) et une explication de son poème (razo).
Un chansonnier n’est pas à proprement parler un recueil fidèle de l’art des troubadours mais « constitue une délimitation, voire une organisation particulière du corpus de la poésie lyrique des troubadours, pourvue d’un sens historique et culturel même par rapport à l’ensemble de la tradition1».

Pour autant, les 40 chansonniers occitans conservés, auxquels il faut ajouter les copies et les citations de troubadours dans d’autres œuvres (manuscrits dits « de la tradition indirecte »), constituent le conservatoire de la lyrique occitane des XIIe et XIIIe siècle, ayant transmis 2542 poèmes attribués à 460 troubadours connus auxquels il convient d’ajouter les œuvres anonymes. Le nombre de ces dernières n’est à ce jour pas déterminé, les sources variant d’environ 250 à quelques dizaines.

Autres appellations

< chansonniers provençaux
< chansonniers limousins

La tradition philologique du XIXe siècle fit de « provençal » l’adjectif désignant le domaine de l’ancien occitan dans son ensemble, reprenant l’appellation italienne qui, dès le Moyen Âge la désignait par proensal (provenzale), en référence à la provincia romana (Gaule meridionale). Les termes de « provençal » et « ancien provençal » sont aujourd’hui abandonnés au profit de « occitan » afin de ne pas créer d’ambiguïté avec la région de la Provence historique ou actuelle et avec le dialecte occitan provençal.
Une appellation plus ancienne et moins répandue qualifie également ces chansonniers de « limousins » principalement à cause du nombre important de troubadours issus de cette région. Elle fut néanmoins assez rapidement délaissée.

Caractéristiques matérielles des chansonniers

Les chansonniers occitans forment le plus important corpus littéraire médiéval du domaine occitan avec 40 manuscrits (chansonniers originaux complets ou fragmentaires, et copies de chansonniers perdus), et plus d’une centaine si l’on compte les copies de chansonniers.[imatge id=21645]

Ce corpus présente des documents très divers, souvent sur parchemin (34 sur 40), de formats et de contenus très différents, allant du chansonnier précieux, de grand format, très soigné et miniaturé, contenant un grand nombre de poésies présentées selon une organisation rigoureuse, à des chansonniers de formats plus petits, moins précieux et moins volumineux.

Les chansonniers les plus soignés peuvent contenir des miniatures, souvent des initiales historiées (représentations d’un personnage dans les initiales les plus importantes du texte) contenant le portrait stéréotypé de chaque troubadour représenté d’après sa vida. Ils sont pour la plupart parés d’attributs qui les situent socialement : en arme ou à cheval, en costume noble, clérical ou populaire. On remarque une majorité de troubadours nobles (chansonniers A, I, H et K).

Le chansonnier R suggère une image plus facétieuse de la poésie des troubadours avec ses initiales qui se terminent en tête grotesques de jongleur, d’oiseaux et de chimères.

Les chansonniers musicaux

[imatge id=21646] Quelques chansonniers contiennent également des notations mélodiques. Ces chansons ont pour principal sujet l’amour, exprimé avec magnificence dans le genre de la canso. Cette louange poétique de la femme aimée est magnifiée par le troubadour par sa capacité à « trouver » une ingénieuse combinaison entre mots et musique. De cette poésie chantée, seuls 4 chansonniers ont conservé une notation musicale de la mélodie (1/10e seulement des textes de troubadours comportent une mélodie) : R, BnF fr. 22543 ; G, Milan, Bibl. Ambr., R 71 sup. ; W, BnF fr. 844 ; X, BnF fr. 20050. Dans les chansonniers musicaux, seule la mélodie de la première strophe est notée.

L’ensemble des mélodies des chansonniers a fait l’objet de deux grandes éditions scientifiques. D’abord par Ismael Fernández de la Cuesta et Robert Lafont dans Las cançons dels trobadors édité par l’Institut d’Estudis Occitans en 1979 puis par Hendrik Van der Werf dans The Extant Troubadour Melodies édité par Rochester en 1984.
L’ensemble du corpus des chansons avec notation mélodique a fait l’objet d’un travail de recherche, d’interprétation et d’enregistrement par le Troubadour Art Ensemble dirigé par Gérard Zuchetto. Ce travail, La Tròba, a été publié entre 2006 à 2011.

Datation et provenance

Si les chansonniers occitans ont permis de conserver et transmettre la poésie lyrique des XIIe et XIIIe siècles, influençant la poésie lyrique européenne dans son ensemble et devenant à partir du XVIe siècle (Jean de Nostredame) et surtout du XIXe siècle (Rochegude, Raynouard, Bartsch, Meyer, Jeanroy, etc.) un objet d’étude international, les chansonniers ne reflètent en réalité la lyrique occitane des troubadours qu’avec un certain décalage. [imatge id=11274]

D’abord parce que l’entreprise de compilation a fixé par écrit une poésie qui était chantée et vivante. Elle est le fait d’un compilateur collectionneur de chansons de troubadours, et non des troubadours eux-mêmes à quelques exceptions près. Laura Kendrick a par exemple noté que les poésies du premier des troubadours Guilhem IX duc d’Aquitaine, sans doute jugées trop grivoises, ne sont jamais placées en tête voire ne figurent pas du tout dans les plus anciens chansonniers : « Le rôle des compilateurs des XIIIe et XIVe siècles a été de recadrer d’une manière plus valorisante les images que les troubadours des premières générations ont données d’eux-mêmes et de leur art ». Ainsi, comme le note Jean-Baptiste Camps « chaque chansonnier se veut une redéfinition, voire une recréation, du corpus de la littérature occitane, et porte en lui des traces assez fortes d’un projet. »

Ensuite les chansonniers sont produits avec un décalage chronologique, dans une période comprise entre 1250 et 1350 tandis que les troubadours sont actifs des années 1200 aux années 1300 environ. La lyrique des troubadours est ainsi compilée et mise à l’écrit dans un contexte de déclin, puis de disparition, les chansonniers devenant des livres-conservatoires comme le note Jean-Baptiste Camps : « Pour la plupart rédigés aux dernières heures de gloire de la lyrique occitane, ils fixent et donnent une forme achevée, une interprétation, à ce qui était une tradition vivante, chamarrée, et souvent bien peu sage. Ils en font un objet de connaissance, tandis que cette lyrique devient peu à peu une littérature pour spécialistes, pour érudits. »
Le dernier décalage est lui géographique. En effet, une grande partie des chansonniers conservés est le fruit de la migration des troubadours à la recherche d’un nouveau patronage : Marcabru partira pour la cour de Barcelone, Peire Vidal en Espagne, d’autre en France du Nord. C’est ensuite l’Italie qui au cours du XIIIe siècle recueillera de nombreux troubadours. Raimbaut de Vaqueyras est ainsi le premier à franchir les Alpes, aux alentours de 1191, et à se fixer auprès de Boniface de Montferrat. Nombre l’imiteront, probablement en grande partie en raison de la croisade contre les Albigeois. Parmi les chansonniers modernes plus de la moitié sont ainsi produits en Italie du Nord. François Zufferey a pu noter que ces décalages brouillent considérablement notre perception de la lyrique des troubadours, comme par exemple la koinè, unité linguistique des textes occitans médiévaux quelle que soit l’origine de leur auteur. Celle-ci pourrait ainsi être davantage issue du fait du compilateur.
Selon Laura Kendrick cette théorie pourrait d’ailleurs être prolongée. Pour elle, ces quelques exemples suggèrent que les compilateurs de la poésie des troubadours ont pu prendre modèle sur certaines compilations de textes bibliques classiques pour leur mise en page ainsi que leur appareil visuel.

Classement et sigles

La bibliographie contemporaine des chansonniers occitans médiévaux est établie à partir de deux types de sources. D’une part les manuscrits témoins, qui ne contiennent que les textes lyriques des troubadours, et d’autre part les manuscrits qui citent ces textes comme celui du Breviari d’amour par exemple.
Aussi il fut nécessaire depuis les débuts de l’étude de ce corpus de classer ces manuscrits anciens afin de constituer des ensembles les plus cohérents possible. La première personne a effectuer un travail de ce type est le romaniste Paul Meyer dans Les derniers troubadours de Provence publié en 1871, il y propose un système de classement basé sur le lieu de dépôt des chansonniers mais ce système ne sera pas suivi par ses confrères. C’est en fait l’allemand Karl Bartsch dans son Grundriss zur Geschichte der provenzalischen Literatur publié en 1872 qui pose les jalons de classement contemporain des chansonniers provençaux. Ce premier travail sera plusieurs fois amélioré en suite des progrès de la recherche sur la matière médiévale occitane. D’abord par Alfred Jeanroy dans sa Bibliographie sommaire des chansonniers provençaux parue en 1916, puis par Alfred Pillet et Heny Carstens dans Bibliographie der troubadours en 1933, peu après par Clovis Brunel dans sa Bibliographie des manuscrits littéraires en ancien provençal parue en 1935 et enfin par François Zufferey dans sa Bibliographie des poètes provençaux des XIVe et XVe siècles paru en 1981.

Le corpus défini, l’emploi de sigles a été adopté afin de définir chaque manuscrit spécifiquement. Ceci afin de pallier à l’absence d'appellation sur chaque manuscrit. Nombre d’entre eux ne possédant pas de titre ou n’étant que fragmentaire. Ainsi Karl Bartsch distingue d’abord les manuscrits en fonction de la nature de leur matériau de fabrication, appliquant des appellations par lettre latine majuscule (exemple : manuscrit A) se réfèrent aux manuscrits en parchemin tandis que les appellations par lettre latine minuscule (exemple : manuscrit a) se réfèrent aux manuscrits en papier. Cette proposition de dénomination sera par la suite étoffée par chaque bibliographe et aujourd’hui encore les modifications basées sur ce système sont possible. Néanmoins, il convient de distinguer :
- ces appellations, propres aux romanistes, pouvant parfois être reprises par les établissements de conservation (exemple le chansonnier K de la BNF)
- les appellations employées par les établissements de conservation et qui reprennent parfois les lettres de l’alphabet.

En 1935, Clovis Brunel répertorie par une étude minutieuse 376 manuscrits dans sa Bibliographie des manuscrits littéraires en ancien provençal distinguant ainsi 95 chansonniers, aujourd’hui le classement de François Zufferey recense 40 chansonniers occitans, ceci par la mise à l’écart des copies multiples de certaines pièces, des chansonniers français et catalans et par une définition plus stricte du chansonnier comme émanation de la lyrique des troubadours.

Liste des chansonniers occitans

Cette liste a été établie par François Zufferey dans ses Recherches linguistiques sur les chansonniers provençaux.

Chansonniers en parchemin
:

A = Fin du XIIIe siècle, Vénétie (copistes probablement auvergnats)
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, vat. lat. 5232 -> Voir le manuscrit en ligne
B = Fin du XIIIe siècle, Haute-Auvergne
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 1592 -> Voir le manuscrit en ligne
C = XIVe siècle, région de Narbonne
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 856 -> Voir le manuscrit en ligne
D = 1254, Vénétie
Modène, Biblioteca Estense, α . R. 4. 4 -> Télécharger le .pdf du manuscrit
E = XIVe siècle, région comprise entre Béziers et Montpellier
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 1749 -> Voir le manuscrit en ligne
F = Vénétie
Rome, Biblioteca Chigiana, Chigi L. IV. 106
G = Origine possible : Lombardie
Milan, Biblioteca Ambrosiana, R 71 sup. -> Voir le manuscrit en ligne (accès payant, 5€ pour 24 heures d’accès)
H = Vénétie
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, vat.lat. 3207
I = Début du XIVe siècle, Vénétie
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 854 -> Voir le manuscrit en ligne
J = Réalisé à la fin du XIIIe siècle ou au XIVe siècle, probablement à Nimes
Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, Conv. Sopp. F. IV. 776
K = Début du XIVe siècle, Vénétie
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 12473 -> Voir le manuscrit en ligne
L = origine possible : Lombardie
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, vat. lat. 3206
M = origine possible : Lombardie
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 12474 -> Voir le manuscrit en ligne
N = Origine possible : Mantoue
New York, Pierpont Morgan Library, 819 -> Voir le manuscrit en ligne
O = Vénétie (copistes italiens et Jacques Teissier, de Tarascon)
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, vat. lat. 3208
P = 1310, Vénétie ou Toscane
Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, XLI. 42
Q = Lombardie, peut-être Pavie ou Crémone
Florence, Biblioteca Riccardiana, 2909
R = Début du XIVe siècle, origine possible : Toulouse
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 22543 -> Voir le manuscrit en ligne
S = Origines possibles : Vénétie ou Toscane
Oxford, Bodleian Library , Douce 269
T = XVe siècle, Vénétie
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 15211 -> Voir le manuscrit en ligne
U = Origines possibles : Vénétie ou Toscane
Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, XLI. 43
V = 1268, réalisé en Catalogne ou par des copistes catalans
Venise, Biblioteca Nazionale Marciana, fr. App. cod. XI
Y = XIVe siècle, réalisé par un copiste italien dans le Nord de la France
Copenhague, Bibliothèque Royale, Thott 1087
Z = XIVe siècle, réalisé en Catalogne ou par des copistes catalans, sur un modèle italien
Barcelone, Biblioteca de Catalunya, 146 -> Voir le manuscrit en ligne

Fragments :

A’ = Fin du XIIIe siècle, Vénétie (copistes probablement auvergnats)
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 12474 (fol. 269) [= fol. 71] -> Voir le feuillet en ligne
Ravenne, Biblioteca Classensa, 165 [= fol. 88]
K’ = Début du XIVe, Vénétie
Udine, Biblioteca Arcivescovile, Cod. frag. I, 265
K’’ = Début du XIVe, Vénétie
Paris, Bibliothèque Nationale de France, naf. 23789 -> Voir le manuscrit en ligne
m = Vénétie
La Haye, Bibliothèque Royale, 135 F 28 [= cah. III]
Milan, Biblioteca della Facoltà di Giurisprudenza [= cah. VI]
p = XIIIe ou XIVe siècle, Languedoc oriental ou Provence
Perpignan, Bibliothèque Municipale, 128 -> Voir le manuscrit en ligne
r = Lombardie
Florence, Biblioteca Riccardiana, 294
s = Lombardie
Sienne, Archivio di Stato, C 60 (int. 4)
x = Vénétie
Rome, Biblioteca Nazionale Centrale, Vitt. Em. 1119
y = Vénétie
Sondrio, Archivio di Stato, Romegialli [me, Coll. Paolo Gaffuri]
z = Vénétie
Bologne, Archivio di Stato  

Chansonniers en papier :

c = XVe siècle, origines possibles : Vénétie ou Toscane
Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, XC inf. 26
f = Début du XIVe siècle, Provence, probablement Arles
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 12472 -> Voir le manuscrit en ligne

Copies (en papier) de chansonniers perdus :

a = Manuscrit du XIVe siècle perdu, copie du début du XVIe siècle, faite à Florence par Jacques Teissier, de Tarascon
“chansonnier de Bernart Amoros” reconstitué à l’aide des sources suivantes :
Florence, Biblioteca Riccardiana, 2814 (fol. 1-132)
Modène, Biblioteca Estense, γ. N. 8. 4. 11, 12, 13 -> Télécharger le .pdf du manuscrit
Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, Pal. 1198
b = Manuscrit du XIIIe siècle perdu, copie du XVIe siècle, faite par le copiste Barbieri
chansonnier de Miquel de la Tor reconstitué à l’aide des sources suivantes :
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, Barb. lat. 4087 (fol. 9-53)
Barbieri, Giovanni Maria. Dell'Origine della poesia rimata opera di Giammaria Barbieri... Pubblicata ora per la prima volta e con annotazioni illustrata dal cav. ab. Girolamo Tiraboschi. Modène : Presso la Societa tipografica, 1790
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, Barb. lat. 3965
d = XVIe siècle, origine possible : Vénétie
Berlin, Staatsbibliothek, Phillipps 1910
e = XVIe siècle, origine possible : Lombardie, sur un modèle languedocien occidental
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 7182

1. Stefano Asperti, « Répertoires et attributions : une réflexion sur le système de classification des textes dans le domaine de la poésie des troubadours », dans Contacts de langues, de civilisation et intertextualité. IIIe Congrès international de l’association d’études occitanes, t. II, Montpellier, 1992, p. 592

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Presse et revues anciennes occitanes et catalanes en Languedoc-Roussillon
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Emportées dans un mouvement général de revendications culturelles lié au Printemps des peuples européens, les élites occitanophones et catalonophones de France et d’Espagne animent à partir des années 1850 deux mouvements renaissantistes : la Renaixença en Catalogne espagnole et la Renaissance d’oc dominée par le Félibrige provençal autour de l’écrivain Frédéric Mistral.
Langues-sœurs parfaitement intercompréhensibles, le catalan et l’occitan partagent un brillant héritage littéraire, celui des troubadours et de la littérature courtoise du Moyen-Âge. Face à une relégation officielle des deux langues dans le domaine de l’oralité, les félibres comme les catalanistes vont engager une bataille de l’écrit qui donne lieu à une floraison de publications périodiques : almanachs, revues, journaux, etc.

Les premières revues occitanes du Languedoc-Roussillon



Pour le Félibrige naissant les journaux et revues vont constituer un moyen privilégié de propagation de normes d’écriture, d’une pensée de l’unité de la langue malgré la diversité des dialectes régionaux, de la valeur esthétique et littéraire de l’expression d’oc, de revendications pour la reconnaissance officielle face à une politique “d’éradication des patois” à son apogée sous la IIIe République.
Proche culturellement et linguistiquement de la Provence, c’est Nîmes qui est la première tête de pont de la renaissance félibréenne en Languedoc-Roussillon, et voit paraître dès 1876 un journal hebdomadaire, Dominique qui devient La Cigalo d’or en 1877. Il s’impose comme une des plus importantes revues littéraires occitanes et fait connaître les textes de grandes plumes de la fin du XIXe siècle, comme Théodore Aubanel, le “Musset provençal”, qui y publie pour la première fois les sensuelles Fiho d'Avignoun, qui lui valent une condamnation de l'Église.
Fleurissent également dans toute la région des revues d’intérêt plus local, organes de défense et illustration de chaque “petite patrie” de la grande Occitanie rêvée et chantée par les écrivains de la renaissance occitane. Ces revues qui mêlent littérature, arts et traditions populaires sont aussi les organes d’information des activités du mouvement félibréen, elles sont publiées par des “escolos” (écoles) locales. Pour la région de Montpellier, c’est La Campana de Magalouna, qui publie 437 numéros entre 1892 et 1933. Béziers prend naturellement son animal totémique pour emblème avec Lou Camel créé en 1904 tandis que Narbonne aura de 1911 à 1949 sa Cigalo Narbouneso.
Le Roussillon catalanophone connaît quant à lui la double influence de la Renaixença et de l’activité félibréenne. C’est d’ailleurs dans le plus pur schéma félibréen, que “l’escola del Canigó” (école du Canigou) fonde la revue Montanyes Regalades : revista tradicionalista del rosselló à partir de 1915 en opposition à la Revue catalane, déjà engagée dans le modernisme catalan parti de Barcelone. 

Titre numérisés accessibles sur La Plateforme de la Région Languedoc-Roussillon : 

  • Camel (Lou)

Journal risoulhè è artistiqué, bado cado quinzéno
Lou Camel est un journal bimensuel publié à Béziers de 1904 à 1906 puis de 1922 à 1927. Le journal est publié en occitan, son premier directeur est Laurent Hot, les principaux collaborateurs sont René Fournier, Jean Laurès, Pierre-J. Bédard, Melchior Barthes, Félix Niel.

Emile Barthe (1874-1939), félibre majoral, en devient directeur en 1922 et installe son siège chez lui au Café des félibres sur les allées Paul Riquet.
Lou Camel est le journal humoristique, littéraire et artistique des félibres biterrois. Il contient des chroniques, feuilletons, pièces, actualités, brèves et extraits des œuvres d’auteurs biterrois. Il contient des publicités. Tiré à 300 exemplaires à sa parution, il atteint 3000 au bout de 2 ans.


  • Campana de Magalouna (La) / Lou Souc de Nadau

Journal poupulàri que parei lou 1è e lou 15 de toutes lous meses
Journal bimensuel publié à Montpellier de 1892 à 1933, soit 437 numéros, (avec plusieurs interruptions) par François Dezeuze (1871-1949, dit l’Escoutaïre) et Edouard Marsal (1845-1929). La Campana de Magalouna est un journal populaire, Lou Souc de Nadau est le titre de son supplément de Noël.

Chaque numéro, entièrement rédigé en occitan, contient une chronique, des poèmes, des textes sur l’histoire littéraire de la région, des chansons, des devinettes ainsi que des publicités.
Max Rouquette y publiera son premier texte à l’âge de 19 ans, en 1927, Lou paure ome e la Crous sous le pseudonyme de Max Cantagril.


  • Cigalo narbouneso (La)

Revisto artistico, literario e risouliero
Revue mensuelle publiée à Narbonne de 1911 à 1949 par l’école félibréenne “La Cigalo Narbouneso”. Fondée par Paul Albarel (1873-1929), ses principaux contributeurs sont Charles Pelissier, Etienne Barraillé, Jules Azema.


  • Dominique (devient La Cigalo d’or)

Journau dóu Gai-Sabé espelissént lou dimenche, publica pèr li felibre de l’escolo de Nimes
Journal hebdomadaire publié à Nîmes en 1876, Louis Roumieux (1829-1894) en est le rédacteur en chef. La publication, suspendue pendant plusieurs mois en raison de démêlés avec la censure, reprend en avril 1877 sous un autre nom : La Cigalo d'or. Le journal disparaît en septembre 1877, au bout de 52 numéros, pour des raisons financières. Alcide Blavet et Albert Arnavielle avec le concours de Louis Roumieux remontent La Cigalo d'or en avril 1889. Elle devient alors l'organe officiel des Maintenances de Languedoc et d'Aquitaine et est publiée à Montpellier.

C'est dans la Cigalo d'or que Li Fiho d'Avignoun de Théodore Aubanel parait pour la première fois. De nombreux félibres de renom y collaborèrent. Il contient de la poésie, des contes, pièces de théâtre, des proverbes, des billets d'humour, des chansons, des fables, etc. Des débats émaillent certains numéros entre les partisans de la terminaison provençale en « o » et les partisans de la terminaison languedocienne en « a ». Les principaux contributeurs sont : Louis Roumieux, Albert Arnavielle, Alcide Blavet, Antonin Glaize, Théodore Aubanel.


  • Montanyes Regalades

revista tradicionalista del rosselló
Perpinya, 1915-1923

Publication en catalan et en français de l’Escola del Canigó (école felibréenne)


>> Consultez l'ensemble de ces revues sur la Plateforme Languedoc-Roussillon

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Le chansonnier Méry de Vic, les troubadours vus du XVIIe siècle
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Résumé

Recueil de « cansos », « tensos » et « vidas » de troubadours : copie moderne de textes issus du chansonnier occitan I (BnF, fr. 854).

Autres version du titre

Chansonnier de Béziers (Brunel-Lobrichon, 1987; Hershon, 2010)

Chansonnier Galaup de Chasteuil [forme erronée, attribution fautive]

Manuscrit de Chasteuil-Gallaup (Raynouard, Choix des poésies des troubadours) [forme erronée, attribution fautive]

Description physique

1 vol. ms in f° (335 x 215 mm). p. 1-223 [224-272] p.

Reliure

Reliure vélin XVIIe siècle, portant armoiries dorées au centre. Marque de l’emplacement des deux liens de fermeture (coupés). Dos long compartimenté portant le monogramme « MDSV ».

Les armes (au centre des deux plats) : « écartelé aux 1 et 4 d’azur à la fasce d’or, accompagnée de trois colonnes du même ; aux 2 et 3 de gueules à une foi parée d’argent, en fasce, mouvante des flancs de l’écu » sont celles de Méry de Vic1.

L'intérieur de la reliure est renforcé par un fragment d'imprimé moderne portant le titre : Conclusiones logico-morales... qui pourrait provenir d'une des thèses publiées sous ce titre en 1668-1669. La reliure a donc pu être réalisée, réutilisée ou restaurée après la mort de Méry de Vic.

Papier

Le volume est constitué de 129 feuillets in folio, paginés de la page 1 à la page 223 et non paginés à la suite [224-272], réunis par cahiers de 6 feuillets.

Le relevé des filigranes laisse apparaître cinq marques qui permettent de distinguer deux étapes dans la conception de l'ouvrage: la copie des textes du chansonnier occitan puis la dernière partie du recueil (pages vierges et tables).

Marques d'appartenances

- Méry de Vic (v. 1555-1622) : reliure armoriée

- Fauris de Saint-Vincent (1750-1819) : ex-libris manuscrit

- Henri-Joseph de Thomassin de Mazaugues (1684-1743) : notes manuscrites

- Louis Leconte Libraire expert 73 rue des Saints Pères Paris VIe.

- CIRDÒC-Mediatèca occitana – ms. 13.

Possesseurs

En 1701, Pierre de Galaup de Chasteuil (1644-1727) cite dans son Discours sur les arcs triomphaux dressés en la ville d'Aix...1 : « un manuscrit qu'Hubert de Gallaup, avocat général en ce parlement [d'Aix] mon frère, fit transcrire sur celuy qui est dans la bibliothèque du Louvre, contenant la vie et les œuvres de nos troubadours provençaux... ». Cette mention fit attribuer à Hubert de Galaup de Chasteuil (1624-1679) le manuscrit par les premiers romanistes. Mais la copie Galaup de Chasteuil a été identifiée par M. Bruno Marty au sein des collections de la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras (ms. 376). Bien que signalé par Pierre de Galaup comme une copie directe du chansonnier de la Bibliothèque du Louvre (aujourd’hui I, BnF fr. 854), le ms. 13, s'il a bien appartenu à Méry de Vic, serait antérieur et pourrait avoir servi d'intermédiaire à la copie Galaup de Chasteuil.

1/ Méry de Vic Sarred (1560-1622)

Les armes comme le style de la reliure semblent indiquer que la copie a été réalisée pour Méry de Vic qui aurait été son premier propriétaire. Méry de Vic, né vers 1555/60, de Raymond de Vic et de la comtesse de Sarred, est aussi appelé Méry de Vic Sarred (monogramme au dos du volume : MDVS). Maître des requêtes en 1581, président au Parlement de Toulouse en 1597, conseiller d’État, Intendant de Guyenne, diplomate, Garde des Sceaux en 1622 et grand bibliophile; mort en 1622.

2/ Henri-Joseph de Thomassin de Mazaugues (1684-1743)

Entre le milieu du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle, aucune marque d'appartenance certaine ne nous permet d'identifier les différents possesseurs du manuscrit. Une lettre adressée par Fauris de Saint-Vincens à Raynouard le 20 mars 1816 signale que le manuscrit, qui est alors en sa possession, lui vient d'Henri-Joseph de Thomassin de Mazaugues. Fauris de Saint-Vincens le tenait peut-être de son beau-père Louis de Trimond-Puimichel (Brunel-Lobrichon 141).

Il aurait appartenu auparavant, selon Fauris de Saint-Vincens, à « M. de Galaup de Chasteuil » (Pierre de Galaup de Chasteuil). Raynouard, à sa suite, cite le manuscrit parmi les sources de son Choix de poésies... et attribue le recueil à Galaup de Chasteuil, petit-neveu de Peiresc qui avait entrepris une Histoire de la littérature provençale afin de renouveler l'historiographie de Jean de Nostredame, jugée pleine d'erreurs.

L'écriture de Mazaugues, sous forme de mentions marginales dans le manuscrit (p. 81, 109, 219-223) est relevée par G. Clément-Simon.

3/ Alexandre de Fauris de Saint-Vincens (1750-1819)

C'est Fauris de Saint-Vincens, Président à mortier au Parlement d'Aix et féru de littérature provençale, qui le fait connaître à Raynouard (lettre du 20 mars 1816). La description du manuscrit correspond à celle du ms. 13, exception faite du nombre de Vidas (relevé 97 au lieu de 99 par G Clément-Simon).

Le manuscrit confié à Raynouard resta en sa possession après son décès.

4/ François Just-Marie Raynouard (1761-1836)

Le romaniste Raynouard cite le manuscrit dans son Choix de poèsies originales des troubadours1. Le manuscrit est ensuite considéré comme perdu. On le retrouve en 1908 en possession de Gustave Cément-Simon dans la bibliothèque duquel « il reposait depuis de longues années ».

5/ Gustave Clément-Simon (1833-1937)

Clément-Simon achète le manuscrit au libraire Delaroque qui avait acquis une série de manuscrits provenant de la bibliothèque de Raynouard. Il en publie une étude en 1908 et l'identifie à la copie réalisée par Hubert de Galaup de Chasteuil attestée par son frère dans le Discours sur les arcs triomphaux...

En 1983 le manuscrit est acquis par le CIDO (aujourd'hui CIRDÒC) lors d'une vente aux enchères sous le n°213 (Louis Leconte Libraire expert). Il est aujourd'hui conservé sous la cote ms. 13

Note de contenu

Ce manuscrit est une copie abrégée et dans un ordre un peu différent du chansonnier (I) conservé à la BnF (Fr 854) (Brunel-Lobrichon, 1987).

Textes

Le volume contient deux parties distinctes :

I - une partie écrite, feuillets paginés (p. 1-223)

Pour la première partie, les pages sont numérotées à partir de la première feuille jusqu’à la page 223. Le texte s’organise en 2 parties :

p. 1-60 (60 pages) – contenant 52 Tensos1, s’achevant à la page 60 par l’annonce de « La Table des Tensons » qui n’y figure pas.

p. 61-223 (162 pages) – contenant 97 Vidas2. Les notices comportent une note biographique en occitan accompagnée d’une traduction en français en vis-à-vis (2 colonnes), suivies d’une note historique empruntée à Nostradamus (sur la largeur de la page) et complétée par les chansons dudit troubadour ou troubairitz (1 colonne).

Le texte écrit à plusieurs mains est disposé sur deux colonnes permettant une double écriture (complément ultérieur), ainsi qu’une pliure des pages ou cahiers avant reliure. Il est aéré de colonnes vides et d’emplacements laissés libres pour des illustrations ou commentaires à venir.

II - une partie de pages vierges ou écrites ultérieurement contenant les tables [feuillets non paginés p. 224-272].

Pour la seconde partie [p. 224-272], les feuillets non paginés à la suite du texte contiennent :

– la « Table alphabétique des pièces contenues dans ce manuscrit » (10 pages) écriture début XIXe siècle [p. 251-260]

– la « Table des noms des Troubadours contenus dans ce volume », (6 pages) [p. 263-268]

Illustrations

L’illustration faite de gravures découpées (20) ou dessins (4), rehaussés en couleur puis collés dans le texte qui viennent compléter les notices de certaines Vidas. On compte 24 illustrations, dont 20 de troubadours (musicien pour la première et personnages à cheval pour les autres) et 3 de troubairitz.

Liste des illustrations:

p. 61 – Peire d'Alverne (1)1 - dessin

p. 81 – Perdigon (8)

p. 82 – N'Aymeric de Piguillan (9)

p. 99 – Raymond Jordans Vescoms de Saint-Antoni (18)

p. 103 – Peyre Reimon de Tolosa (20)

p. 106 – Gui d'Usel (22)

p. 109 – Bonifass Calbo (24)

p. 110 – D'en Bertholome Corgi (25)

p. 114 – Guillems Ademars (27)

p. 116 – Guillem de Capestaing (28)

p. 119 – Peire de Maensac (30)

p. 124 – En Blacas (35)

p. 125 – En Blacasset (36)

p. 129 – Bertrand de Allamanon (38)

p. 135 – Guillem de Balaun (43)

p. 137 – Cadenet (45)

p. 139 – Marcabruse [48]

p. 145 – Bertrand del Poiet [51] dessin

p. 160 – Cercamons [62]

p. 167 – Pistoleta [67]

p. 178 – Lo Comte de Peitious [78]

et 3 de troubairitz :

p. 149 – Na Castelosa [55]

p. 171 – N'Asalais de Porcarages [71] dessin

p. 174 – La Comtessa de Dia [74] dessin

Une des illustrations a été arrachée (p. 134).

Note d’étude

Ce manuscrit inachevé a été écrit à plusieurs mains, vraisemblablement par plusieurs copistes qui ont chacun de leur coté, avancé le travail sur des feuillets, pliés pour le transport. Il a été complété et annoté à plusieurs époques. Les marques apparentes de pliures par cahiers ou feuillets d'une même écriture se remarquent alors qu'il n'en existe pas sur la page de garde et sur les pages non numérotées. Une fois rassemblés, les manuscrits des divers copistes ont été rognés et montés sous forme de cahiers cousus en un seul volume incluant pages de garde (p. 1-4) et pages d'attente pour les cahiers vierges en fin de volume [p. 224-272].

Dans la première partie:

– Pour les Tensos, chacun des copistes a relevé la numérotation des pièces transcrites, en chiffre romain de I à LII. Les feuillets ont été paginés par la suite. On relève la présence irrégulière (suivant les copistes) de réclames de fin de colonnes ou de fin de pages.

– Les Vidas ont été numérotées jusqu'à la p. 136 (n.44). Les feuillets de cette seconde partie ont été paginés à une date ultérieure par la main1 qui relève la Table des noms (II-D) en fin du volume La numérotation des Vidas suivantes sera complétée au XXe siècle (n.45-97).

Dans la seconde partie:

– La « Table alphabétique des pièces contenues dans ce manuscrit » est relevée au début du XIXe siècle dans l'espace restant [p. 251-260 ].

– La « Table des noms des Troubadours... » est vraisemblablement relevée au XVIIIe siècle en fin de volume [p. 263-268].

Les textes des Tensos plus homogènes2 semblent réalisés en un premier temps par plusieurs mains. L’annonce de la table qui n’y figure pas indique que la rédaction est incomplète.

Dans les Vidas, indépendamment des strates d'écritures contemporaines qui proviennent d'écriture partagées, on relève des annotations dans le texte qui datent à la fois du XVIIIe1, du XIXe et du XXe2 siècles.

Nous observons quelques variantes qui s’éloignent de la description donnée par G. Clément-Simon (p. 33)

Au titre des Tensons : « que an » pour « quan » (p.5)

Au titre des Vidas : « que son en aquest libre » pour « qui sont en a quest libre » (p. 61)

Dans les Vidas 99 articles sont mentionnés pour 97 relevés dans le texte.

Editions et traductions

- HERSHON, Cyril P., "Le chansonnier de Béziers, édition semi-diplomatique", La France Latine, n.150, 2010, p.5-298 ; n.152, 2011, p.7-184.

Ressources bibliographiques

- RAYNOUARD, François J.M., Choix des poésies originales des troubadours... Paris, Firmin Didot, 1816, Tome Premier, p. 440 (Cote CIRDOC : CAC 5260-1)

- CHABANEAU, Camille, Notes sur quelques manuscrits provençaux perdus ou égarés suivies de deux lettres inédites de Pierre de Chasteuil-Gallaup, Paris, Maisonneuve, 1886, 112 p. (p. 30-36) (Cote CIRDOC : CBO 1).

- CLEMENT-SIMON, Gustave, « Notice de quelques manuscrits d'une bibliothèque limousine », Bulletin de la Société Scientifique, Historique et Archéologique de la Corrèze, T. XV, 1908 (Cote CIRDOC : CBC 563).

- PIROT, François, « Sur quelques chansonniers provençaux perdus ou égarés » dans : Mélanges de philologie romane dédiés à la mémoire de Jean Boutière (1899-1967) édités par Irénée Cluzel et François Pirot, Liège, 1971, p. 476-477. (Cote CIRDOC : CMC 18-1).

- BRUNEL-LOBRICHION, Geneviève, "Le chansonnier provençal conservé à Béziers", dans : Actes du premier congrès international de l'Association internationale d'études occitanes  éd. Peter T. Ricketts, London, A.I.E.O, 1987, p. 139-147. (Cote CIRDOC : CMC 173).

Patrimoine des bibliothèques de France, volume 7, Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Paris, Payot, 1995, (Béziers, p. 58-65). (Cote CIRDOC : CUP 284-7).

- HERSHON, Cyril P., "Le chansonnier de Béziers, édition semi-diplomatique", La France Latine, n.150, 2010, p.5-298 ; n.152, 2011, p.7-184. (Cote CIRDOC : PER_E2).

Ressources numériques

- Chansons des troubadours [Chansonnier Méry de Vic], manuscrit 13 conservé au CIRDÒC

- Recueil des poésies des troubadours - BnF, Département des manuscrits, Français 854 sur Gallica

- CHABANEAU, Camille, Notes sur quelques manuscrits provençaux perdus ou égarés suivies de deux lettres inédites de Pierre de Chasteuil-Gallaup, Paris, Maisonneuve, 1886, 112 p. (p. 30-36) sur Gallica

- CLEMENT-SIMON, Gustave, « Notice de quelques manuscrits d'une bibliothèque limousine », Bulletin de la Société Scientifique, Historique et Archéologique de la Corrèze, T. XV, 1908, sur Occitanica

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La Cirurgia, médecine et occitan au XIVe siècle
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Résumé

Au Moyen Âge la médecine et la chirurgie sont encore balbutiantes lorsque Abu Al-Qasim (v. 940-v. 1013), Albucasis en occident, débute la rédaction de son grand-œuvre, Al-Tasrif (nom complet : Kitab al-Tasrif li man 'ajaza 'ani at-T'aleef). Cet ouvrage, somme du savoir médical et chirurgical de son temps, bénéficie des recherches et expériences menées par le médecin d'Al-Andalus. Al-Tasrif va constituer durant des siècles une source de référence dans le milieu médical et universitaire, bien au-delà des frontières de la péninsule ibérique.

Page frontispice contenant les armes ainsi que la devise de Gaston Fébus en bas de page. <br> Extrait du ms. H 95, feuillet 1 de la Bibliothèque de la faculté de médecine de Montpellier

Les collections de la Bibliothèque interuniversitaire de Montpellier, ville à la longue tradition universitaire et médicale, conservent deux exemplaires de l'ouvrage, l'un dans sa version latine (le manuscrit H89), le second en occitan (le manuscrit H95), unique manuscrit de l'ouvrage d'Albucasis connu dans cette langue.

Le manuscrit H95 riche de 215 planches illustrées représentant quelques-uns des instruments chirurgicaux de l'époque, est un document précieux pour l'histoire et la linguistique occitanes. Sa paternité demeure pourtant source de questionnements. La commande de cet ouvrage serait attribuée à Gaston III de Foix-Béarn, plus connu sous le nom de Gaston Fébus ; à son père, Gaston II de Foix-Béarn ou bien à sa mère durant la quasi regence qu'elle administra après la mort de son mari. Ces hypothèses s'appuient sur les différentes marques produites sur le document et les inventaires de leurs héritiers.

Autres versions du titre :

< La Chirurgie d'Albucasis
< La Cyrurgia
< La Cirurgia
< L'Albucasis

Présentation du contenu

Manuscrit en parchemin de 70 feuillets à 2 colonnes, précédés et suivis de 3 feuillets de garde en papier moderne.

Daté de la seconde moitié du XIVe siècle, le manuscrit présente au bas de sa première page, un écusson aux armes de Foix et de Béarn, ainsi qu'une banderole portant le cri de guerre du comte Gaston III de Foix-Béarn (1343-1391).

Description complète : notice Calames http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=D01040719

Accéder au document numérisé : http://occitanica.eu/omeka/items/show/11898

Histoire du manuscrit et possesseurs successifs

Les origines du manuscrit H95, unique exemplaire connu d'Al-Tasrif en occitan, aujourd'hui conservé par la Bibliothèque interuniversitaire de Montpellier, demeurent sujettes à caution.
La liste suivante, qui indique l'histoire du manuscrit sur la base des études les plus récentes, est donc susceptible d'évoluer.

1/ Les vicomtes de Foix-Béarn, Gaston II et Gaston III

Divers éléments concourent à attribuer la paternité du manuscrit H95 aux vicomtes de Béarn : Gaston II (1308-1343) ou plus probablement son fils Gaston III (1343-1391), plus connu sous le nom de Gaston Fébus.

Daté de la seconde moitié du XIVe siècle, le manuscrit présente au bas de sa première page un écusson aux armes de Foix et de Béarn ainsi qu'une banderole portant le cri de guerre du comte Gaston III de Foix-Béarn (1343-1391).

Les collections de la Bibliothèque Sainte-Geneviève conservent par ailleurs un exemplaire de l'Elucidari (Ms. 1029), traduction occitane du De proprietatibus rerum de Barthélémy l’Anglais, qui semble le fait du même mécène que le manuscrit H95 de Montpellier. Or, l’exemplaire de l'Elucidari présente en prologue quelques vers qui indiquent que l'entreprise de traduction avait été lancée pour un jeune comte de Foix nommé Gaston, ce qui suggère une commande de la Chirurgie par la même famille.

Fébus et un écuyer (en bas à droite) portent devant le trône de Dieu le haume au cimier du comte de Foix. <br> Extrait du ms. 1029 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris, feuillet 1

2/ La famille d'Albret

Les archives départementales des Pyrénées-Atlantiques conservent différents inventaires mobiliers de la famille d'Albret, vicomtes de Béarn à partir du XVe siècle, attestant la présence dans leurs collections de différentes traductions en occitan des œuvres d'Albucasis.

Enfin l'étude des inventaires mobiliers de la famille d'Albret, lointains héritiers de Gaston Fébus, révèle une présence tant de l'Elucidari que de la Chirurgie dans les bibliothèques béarnaises. Des manuscrits entrés bien avant le règne des Albret sur la vicomté. L'inventaire de 1533, du temps d'Henri II d'Albret, porte ainsi sous le numéro 14 la mention suivante : "Autre livre commensant : Les paroles de "Albucassin, en mauvais langaige"; ou selon les indications données plus loin à l'article 18 de l'inventaire établi par le maître d'hôtel Jehannot de Laborde, « en langage du midi de la France ». Telle est en tout cas la déduction faite par Charles Rahlenbeck en 1882, lors de la publication de l'inventaire de Pau. Poursuivant son analyse du document, il note la présence à l'article 15, d'un ouvrage intitulé "Le palays de Sagesse, escript en parchemin", dans lequel il pense identifier « l'Elucidari de las proprietatz de totas res naturals », compilation encyclopédique débutant par une pièce allégorique dont voici les premiers vers : "Comensa le palaytz de Savieza, fayt a istancia del noble princep Guasto, compte de Foysh."

3/ La Bibliothèque interuniversitaire de Montpellier

Le manuscrit H95 a tout naturellement trouvé sa place dans les collections de la Bibliothèque interuniversitaire de Montpellier, riche d'une longue tradition universitaire et scientifique. La capitale héraultaise constitue en effet avec la Sorbonne l'une des plus anciennes universités de l'Hexagone, sa fondation remontant au début du XIIIe siècle. La médecine figure au titre de ses enseignements, les traces de sa pratique étant d'ailleurs ici plus précoces encore. Elle est en effet attestée dès 1137 à Montpellier.

Si Rahlenbeck voit dans l'exemplaire occitan de la Chirurgie présent dans les collections de la famille de Navarre, le manuscrit H95 aujourd'hui conservé à Montpellier, le parcours exact des deux ouvrages, Chirurgie comme Elucidari, entre le XVIe siècle et leur lieu de conservation actuel n'est pas à ce jour connu. Leur trace se perd ainsi au début du XVIIe siècle. Poursuivant son analyse des inventaires de la famille de Navarre, Rahlenbeck souligne ainsi que durant les premiers mois de l'année 1621, alors que la vicomté de Béarn est définitivement rattachée au royaume de France et que Louis XIII règne sur le royaume depuis Paris, l'ancienne cour des rois de Navarre et notamment leur bibliothèque, font l'objet d'une série de pillages.

Note de contenu

Le manuscrit comporte sur le premier feuillet les armes et la devise de Gaston Fébus « Febus avant » . Il reprend le dernier volume de l'ouvrage original et se divise en trois livres abordant chacun une thématique selon le plan suivant :
- la cautérisation
- les opérations de taille
- fractures et luxations

Note d'étude

Scène de diagnostic et d'échange soigneur/soigné, un des apports fondamentaux d'Albucasis à la médecine. <br> Extrait du ms. H 95, feuillet 95recto, Montpellier, Bibliothèque de la faculté de médecine.

1/ L'auteur et le contexte de rédaction

L’auteur du traité Abū al-Qāsim Khalaf ibn Abbās al-Zahrāwī, est né aux alentours de 936 après Jésus-Christ (940 pour certaines sources), Albucasis vit dans la banlieue de la capitale cordouane d'Al-Andalus, dans la ville d'El Zahra et officie en tant que médecin et chirurgien à la cour califale. Cordoue est alors une capitale rayonnante. Bien que placée à l'extrémité ouest du monde musulman et qu'ayant pris progressivement son indépendance vis-à-vis des califes de Bagdad ; Al-Andalus demeure au cœur d'un important réseau de relations avec les Orients arabes. À compter du Xe siècle, Cordoue est ainsi un centre de confluence des savoirs grâce au soutien porté par les souverains Omeyyades en faveur des arts, sciences et lettres. Leur règne représente dans ces différents domaines un véritable âge d'or. Sous Abd-ar-Rahman III (891-961), la ville voit émerger une nouvelle tradition médicale et accueille l'une des grandes écoles de médecine de ce temps, face aux capitales arabes de Bagdad, d'Ispahan, du Caire...

C'est dans ce contexte, alors qu'il officie à la cour d'Al-Hakam II, qu'Albucasis rédige l'un des ouvrages scientifiques médiévaux majeurs de son époque, le Kitab Al-Tasrif li man 'ajaza 'ani at-T'aleef, aussi connu sous le nom d'Al-Tasrif. Véritable encyclopédie médicale en 30 volumes et 1500 pages, l'ouvrage rassemble l'ensemble des connaissances de l'époque sur la question, ainsi que les récentes découvertes chirurgicales faites par Albucasis suite à ses recherches et travaux de dissection. Afin d'illustrer son propos, il insère dans son traité de chirurgie des schémas explicatifs décrivant notamment les instruments inventés par ses soins, ce qui constitue pour l'époque une démarche innovante. Le traité offre également une place plus importante au rapport soigneur/soigné préfigurant davantage une sorte de phase assez proche du diagnostic moderne. L'ensemble connaît très vite un grand succès, tout particulièrement le dernier tome. La renommée et les idées de la Chirurgie vont en effet progressivement dépasser les frontières d'Al-Andalus, suite à la traduction latine de l'ouvrage.

Représentation iconographique des instruments chirurgicaux inventés par Albucasis. <br> Montpellier, Bibliothèque de la faculté de médecine. ms. H 95, feuillet 20verso

2/ Diffusion de l’œuvre au Moyen Âge

La Reconquista
débute dès 722 dans le nord de la péninsule ibérique. En 1085, Tolède tombe aux mains des troupes du roi Alphonse VI de León et Castille. Les chrétiens découvrent sur place une activité intellectuelle solidement établie ainsi qu'une importante communauté mozarabe (les chrétiens d'Al-andalus) qui va faciliter la transmission des savoirs. La tradition culturelle et scientifique de Tolède se perpétue des siècles après la Reconquista, et tout au long des XIIIe et XIVe siècles, on ne cesse de copier et de traduire des manuscrits arabes. C'est dans ce contexte que Gérard de Crémone venu de Lombardie, s'installe dans la cité castillane et réalise la traduction en latin de nombreux manuscrits arabes. Le lombard produit ainsi le manuscrit 0 du traité d'Albucasis.

La traduction latine favorise la diffusion de l'ouvrage en Occident où son succès ne se démentit pas durant tout le Moyen Âge. D''éminents médecins et chirurgiens comme Pietro Argallata, mais également Guy de Chauliac, Roger de Parme, Guillaume de Salicet... usent et citent les travaux de leur prestigieux prédécesseur. Durant près de cinq siècles, le traité d'Albucasis figure aux programmes des Universités de Salerne et de Montpellier.

3/ La langue de l'Albucasis

Rédigé dans la variante languedocienne de l'occitan, probablement celle du parler de Foix, le manuscrit H95 semble être le fruit d'une traduction littérale à partir, non pas du texte original en arabe, mais de l'une des traductions latines de la Chirurgie, possiblement le second manuscrit conservé à Montpellier (cote H89ter). Le recours à l'occitan, langue maternelle du commanditaire de la traduction, ouvrit au XIVe siècle de nouvelles perspectives à la production occitane écrite, l'invitant à explorer de nouveaux territoires, notamment dans le domaine lexical.

Éditions et traductions

Éditions

- Tourtoulon, Charles de. « La Chirurgie d'Albucasis traduite en dialecte toulousain (bas pays de Foix) du XIVe siècle », Revue des langues romanes, 1, 1870, p. 3-17 et 301-307.

- La Chirurgie d'Albucasis (ou Albucasim), texte occitan du XIVe siècle, éd. Jean Grimaud et Robert Lafont, Montpellier, Centre d'études occitanes de l'Université Paul-Valéry, 1985, 284 p.    

- Abū'l Qāsim Halaf Ibn 'Abbās al-Zahrāvi detto Albucasis, La chirurgia. Versione occitanica della prima metà del Trecento, Firenze, Malesci, 1992.

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