Explorer les documents (41 total)

El-Aubrac-Pigue_extrait-film-Un-coin-d-Aveyron-ds-la-Pampa.jpg
Pigüé : une communauté occitane dans La Pampa argentine
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

En 2012, le retrait de la présidente Cristina Kirchner pour raisons médicales, conduisait le vice-président Amado Boudou aux plus hautes fonctions de l'État argentin. Comme son patronyme le laisse supposer, l'homonyme du célèbre auteur occitan Jean Boudou possède bien des racines aveyronnaises. Il est l’un des descendants des colons de Pigüé, ville fondée par des migrants aveyronnais en 1884. 

L’identité pigüense, aujourd'hui argentine mais encore fortement matinée de culture aveyronnaise (expressions et toponymie occitane, gastronomie, culture, etc.) nous rappelle que l’Occitanie fut autant terre d’immigration que d’émigration au cours de son histoire. De ces migrations d’occitanes demeure une diaspora qui conserve une part de son occitanité, ici en Argentine ou là en Calabre. 

L'Eldorado argentin

Au XIXe siècle, les problèmes que connaît la viticulture aveyronnaise conduit de nombreux habitants à rechercher des cieux plus cléments en France, en Europe ou à l'étranger. L'Argentine et ses grands espaces constituent une terre d'élection pour les migrants, dont l'installation est d'ailleurs favorisée par le tout jeune État.

Ancien militaire français ayant participé à des campagnes en Argentine, l'aveyronnais Clément Cabanettes fait partie des pionniers de la colonisation. Fondateur de la première compagnie téléphonique du pays, ce natif de Lassouts fait l'achat de terrains au lieu-dit Pigüe, en plein cœur de la pampa argentine. Des terres qui aux alentours de 1880, sont encore à l'état sauvage, et qu'il lui faut dès lors valoriser.

Faisant la traversée jusqu'à son pays natal, il convainc sur place plusieurs dizaines de familles de quitter un quotidien particulièrement difficile pour tenter l'aventure de l'Eldorado argentin. Après trois mois de voyage, une quarantaine de familles aveyronnaises s'installent ainsi le 4 décembre 1884 à Pigüé.

La jeune colonie prend place dans une zone semi-désertique, ancienne terre des Indiens mapuches à l'origine de son nom. C'est donc dans un espace vierge de l'influence espagnole que les premiers colons aveyronnais fondent leur cité nouvelle. Les débuts s’avèrent particulièrement difficiles. Les colons découvrent des conditions climatiques et de culture très différentes de celles qu'ils connaissaient en Aveyron. Mais ces obstacles ne freinent pas l'arrivée continue de nouveaux migrants attirés par les promesses du Nouveau Monde, et la population croît de façon exponentielle. La situation des habitants de Pigüé va par ailleurs s'améliorer dès les débuts du XXe siècle.


Pigüe l'occitane ?

Les premières décennies de Pigüé sont marquées par une forte endogamie au sein de la communauté aveyronnaise. Celle-ci favorise d'autant la transmission de la culture et de la langue occitanes, encore confortée par le flux constant de nouveaux migrants aveyronnais jusqu'au début du XXe siècle. Les veillées, cérémonies et réunions de famille sont autant d'occasion de se remémorer le pays quitté, à travers récits et chansons en occitan, au rythme de la bourrée. La présence d'une paroisse et d'une institutrice françaises dès les premiers temps de la fondation puis, la création d'associations viennent conforter la permanence de cette langue et, dans une moindre mesure, celle de l'occitan.

La langue d'oc est en effet la première victime de l'assimilation progressive à la société argentine des colons aveyronnais, tout particulièrement celle des seconde et troisième générations. Une acculturation favorisée par de nombreux facteurs : politique assimilatrice de l'État argentin sous la présidence Sarniento, proximité linguistique, mais également, ici comme ailleurs, rejet plus ou moins conscient des jeunes générations d'un « patois domestique »  jugé incompatible avec la progression sociale dont bénéficient peu à peu la plupart des Pigüenses.

Cartes de l'Aveyron et de Pigüé sur un mur de la ville. Photographie de Jiròni B. CC-BY-SAAvant même la rupture provoquée par la première guerre mondiale entre colons de Pigüe et leurs familles demeurées en France – la réussite affichée par les cousins argentins mais surtout la démobilisation lors du conflit sont alors sources d'amertume - l'occitan va progressivement être abandonné par les Rouergats au profit d'abord du français puis du castillan. Ainsi, si la langue perdure quelques années encore dans la sphère publique, apparaissant çà et là dans la presse locale qui publie ponctuellement mais de plus en plus rarement des textes en occitan (cf. El Independentie du 13 octobre 1901, « Fraire Bourtoumiéu de Louiset »), elle est progressivement reléguée aux grands temps de la vie familiale et fêtes traditionnelles, sans disparaître complètement.

Dans les années 1970, une équipe de chercheurs toulousains se rend à Pigüé pour se pencher sur l'histoire et l'évolution de cette ancienne enclave aveyronnaise en Argentine. L'ancienne colonie est depuis devenue une ville et compte alors près de 12 000 habitants, dont 30 à 40% attestent des origines aveyronnaises. Surtout, près de 90 ans après sa fondation, une grande part de la population de Pigüé parle encore l'occitan (12% - une tranche uniquement composée d'individus de plus de soixante ans) et beaucoup la comprennent (70%).(cf. Les Aveyronnais dans la pampa, fondation, développement et vie de la colonie aveyronnaise de Pigüé de 1884 à 1992, Éditions Privat, Toulouse, 1977, p.265).

Pigüe et la France

Pigüé n'est plus aujourd'hui à proprement parler une enclave occitane ou même française. Les liens entre la France et ses « cousins » d'Amérique, demeurent malgré tout étroits, en dépit de la parenthèse de l'entre-deux-guerres. En 1984, un groupe d'Aveyronnais se rend ainsi à Pigüé pour célébrer les cent ans de sa création par ces colons originaires de leur département, et dont le rôle est aujourd'hui encore inscrit dans la pierre, sur les plaques de rue comme celle de la « C. de Rodez ».

Si les exemples de migrants de pays d'oc installés en Argentine sont légions, Béarnais et Mazamétains notamment, Pigüé demeure un exemple rare d'une colonie occitane organisée au cœur de la pampa.

Arbouno_Arbona_source-Saperepopolare.jpg
Le parler occitan d'Arbouno (Arbona), commune de Castelmagno, Val Grana, dans les vallées occitanes d'Italie
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)
Votre question : Que sait-on sur le parler occitan du hameau d'Arbouno ([N]Arbona) en Val Grana ?

Vignette d'illustration : Arbouno encore habité, source : http://www.saperepopolare.com

Notre réponse :
Arbouno (Arbona en occitan graphie normalisée, parfois Narbona) est un hameau de montagne inoccupé depuis les années 1960, situé dans la commune de Castelmagno (Chastelmanh en occitan), en Val Grana, au centre des « Vallées occitanes d’Italie ». Castelmagno est emblématique de l’évolution de la civilisation montagnarde alpine, marquée par un important mouvement de dépeuplement au cours de la seconde moitié du XXe siècle au profit des régions industrielles de Turin et de Rhône-Alpes en France.
Arbouno fait d’ailleurs l’objet d’un travail de recherche et de valorisation patrimoniale autour du projet éco-muséal « Una casa per Narbona » (voir liens ci-dessous). Sur la même commune de Castelmagno, à Valliera, un autre village abandonné par ses habitants au cours du XXe siècle, fait aujourd'hui l’objet d’un projet de développement économique, culturel et écologique dont l’étude est consultable en ligne (consulter l'étude sur le projet de Valliera).

L’occitan parlé à Arbouno : que sait-on ?

Sur le plan linguistique, le village d’Arbouno est connu des linguistes pour le parler de ses habitants, qui aurait eu des spécificités locales, et dont la forme se rapprocherait de l’ancien occitan (occitan du Moyen Âge). Sans que l'on en connaisse les raisons, il semblerait qu'Arbouno ait pu être peuplé par des immigrants au Moyen Âge, et que les formes de leur parler occitan d'origine se soit maintenu du fait de l'isolement et de la relative autonomie de la communauté. 
Les particularités linguistiques et phonétiques de l'occitan parlé à Arbouno et ses similitudes avec le parler de deux vallées des Pyrénées ariégeoises (La vallée de Bethmale et la vallée de Bellongue) ont été étudiées et ont fait l'objet de deux publications, toutes deux accessibles en consultation sur place au CIRDOC ou disponibles via nos services de documentation à distance (plus d’infos et contacts sur www.locirdoc.fr) :
- LOMBARDO, Renato, « Appunti sulle peculiarità del dialetto occitano di l'Arboùna », Novel temp, n° 18, 1982, p. 26-34.
- BRONZAT, Franco, « Un fenomene de conservacion fonetica en qualque endreit de las Alpas e dals Pireneus e son enterpretacion grafica », Actes du IV Congrès International de l'AIEO, 1993, pp. 685-700.

En savoir plus sur Arbouno et sa région : Quelques ressources et documents :

Projets et actualités culturelles :

- Le projet « Una Casa per Narbona » (actualité du projet de recherche et valorisation, nombreuses photos du site) : http://unacasapernarbona.tumblr.com 
- Projet agrotouristique « Des Martin » (revivification d’un bourg de montagne sur la commune de Castelmagno) : http://www.desmartin.it
- Association de promotion de la culture occitane de Castelmagno : Centro Occitano di Cultura « Detto Dalmastro » : http://www.lavousdechastelmanh.it/centrocc/centroc.htm
- Castelmagno occitan : site d’information et de promotion « Castelmagno / Chastelmanh, país occitan » : http://www.castelmagno-oc.com
- Site officiel de la commune de Castelmagno : http://www.comune.castelmagno.cn.it 
- Une vidéo pour découvrir « Castelmagno / Chastelmanh, terre d’oc » : voir la vidéo sur youtube 

Histoire de Castelmagno et de sa région :

L’historien de Castelmagno est un certain Bernardino Galaverna, prêtre qui officiait dans la commune dans les années 1890-1900. Ses publications sont particulièrement riches sur les rites et traditions festives de Castelmagno.
- GALAVERNA Bernardino, Cenni storico-tradizionali intorno a S. Magno Martire Tebeo ed al Paese e Santuario di Castelmagno, Cuneo, Fratelli Isoardi, 1894.
- GALAVERNA Bernardino, Le Quarantore nella parrocchia di S. Ambrogio in Castelmagno ..., Cuneo, Tip. F.lli Isoardi, 1907
Revue d'histoire et de culture locales :
La Vous de Chastelmanh, revue d’histoire et de culture locales de Castelmagno : Fondée par Gianni De Matteis, ce bulletin est publié régulièrement depuis 1970 par le Centro Occitano di cultura « Detto Dalmastro ». Gratuit et tiré à 1200 exemplaires, il est le lien et le porte-parole de la petite communauté de Chastelmanh, il contient des articles sur l’histoire et sur la culture occitanes.
Le CIRDOC conserve une collection de ce bulletin (de 1979 à 2009), disponible en consultation sur place.
Les numéros publiés depuis 2002 sont disponibles en ligne sur le site du Centro Occitano di cultura « Detto Dalmastro » : consulter la revue en ligne.  

Patrimoine culturel immatériel : La Baìo di Castelmagno

La Baìo est le rite festif le plus emblématique et important des vallées occitanes d'Italie. La commune de Castelmagno a également sa Baìo. De nombreuses informations sur le site castelmagno-oc.com : http://www.castelmagno-oc.com/eventi/baia_storia.htm

vignette_paratge.jpg
Quelle est la signification du mot « Paratge » ?
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Votre question : Quelle est la signification du mot « Paratge » ?

Notre réponse :

Le terme d'ancien occitan « paratge » est relativement fréquent dans la poésie des troubadours où il revêt tour à tour le sens premier de « noblesse de sang » et le sens plus original de « noblesse de cœur » ou « de mérite ». Il est surtout connu par son emploi dans la Canso de la Crozada (ou « Chanson de la Croisade contre les Albigeois », XIIIe siècle), dont il représente la valeur centrale et qui continue de fasciner de nombreux auteurs contemporains pour son sens « patriotique ». La redécouverte du texte de la Canso au XIXe siècle – dans le contexte de l'éveil des nationalités en Europe et des premiers mouvements renaissantistes occitans – et surtout dans la seconde moitié du XXe siècle, a rendu le terme paratge très courant dans les discours occitanistes et chez les écrivains et artistes d'expression occitane.

Fol. 231 du manuscrit de la<i> Canso de la crosada</i>. Ce manuscrit contient un nombre très important d'occurences du mot « Paratge ». Bibliothèque nationale de France, manuscrit Français 25425

Le terme est réputé « intraduisible »1. Il donne lieu à des interprétations qui en ont fait évoluer le sens2. Paratge n'aurait donc pas d'équivalent dans d'autres langues : soit parce que le concept incarne les valeurs spécifiques à la civilisation occitane du Moyen Âge (définition idéologique), soit parce qu'il s'agit d'une invention littéraire liée à une œuvre en particulier (définition historique).

Si le terme échappe à une définition claire – ou du moins unique – c'est qu'il connaît une évolution dans son emploi. En partant des sources littéraires, le terme occitan est, à l'origine, assez proche du français « parage »3 avec lequel il partage l'étymologie latine par- (= pair, égal). Mais son emploi littéraire par les troubadours occitans fait évoluer le paratge occitan de façon originale : de qualité de naissance, le terme évolue dans sa signification pour désigner une vertu morale, celle de « noblesse d'âme » pourrait-on dire.
Enfin, une œuvre particulière – tardive sur le plan de la littérature courtoise occitane et à bien des égards exceptionnelle dans l'histoire de la littérature occitane du Moyen Âge –, la Canso de la Crozada (deuxième partie du texte, dite de l'Anonyme ou du Continuateur) utilise le terme paratge à une fréquence extraordinaire dans le poème. S'il désigne la qualité morale essentiellement attachée au jeune comte de Toulouse, paratge est également utilisé comme allégorie de la ville et de ses habitants, voire en valeur universelle. De façon surprenante, le poème du XIIIe siècle revêt une connotation patriotique pour ses lecteurs du XIXe et XXe siècle. Dans la Canso, le comte de Toulouse, son allié le roi d'Aragon, la chevalerie languedocienne en général, puis la population tout entière semblent se battre pour paratge érigé en valeur suprême et partagée.
Plus qu'un concept moral qu'il serait difficile de définir tant son emploi varie dans le poème, le terme devient davantage une forme « d'étendard ». La redécouverte et les interprétations patriotiques, voire identitaires, du poème de la Canso eurent une grande influence sur l'ensemble des mouvements de renaissance culturelle ou de revendication occitans (Félibrige, occitanisme d'après-guerre ou contemporain). Il est aujourd'hui courant dans le discours des promoteurs de la langue occitane au même titre que convivencia ou larguesa qui connaissent toutefois des origines et des significations distinctes mais font écho aux thèmes de vivre-ensemble, de laïcité, de tolérance.

1/ Définitions et interprétations de « paratge »

1-1/ Définitions historiques

  • François-Just-Marie RAYNOUARD, Lexique roman : ou dictionnaire de la langue des troubadours..., à Paris, chez Silvestre, tome quatrième, 1842 :
    « PARATGE, s. m., parage, extraction, rang, qualité. »

  • Paul FABRE, Petit dictionnaire de la littérature occitane du Moyen-Age : auteurs, œuvres, lexique, Montpellier, Centre d'études occitanes, 2006, Lo Gat Ros :
    « En ancien occitan, ce mot signifie 'noblesse, haute naissance' ; il désigne aussi l'ensemble des nobles. Dans la langue des troubadours, il a pris également le sens de 'noblesse de cœur' ».

  • Charles ROSTAING, « Le vocabulaire courtois dans la deuxième partie de la « Chanson de la Croisade des Albigeois », dans Mélanges de linguistique, de philologie et de littérature offerts à Monsieur Albert Henry, Strasbourg, 1970 :
    « Le sens de paratge est donc très clair : de l'idée de 'famille noble' on est passé à celle de 'noblesse', d'abord la noblesse de la naissance, puis celle de l'esprit ou de l'âme : c'est dans cette dernière acception que le mot est pris dans la Chanson. »

  • Linda PATERSON, Le Monde des troubadours : la société médiévale occitane de 1100 à 1300, Montpellier, Les presses du Languedoc, 1999 :
    « Paratge constitue évidemment l'éthique dominante du poème, et il y a fort peu d'exemple d'ailleurs que le concept de chevalerie transcende son aspect purement fonctionnel et militaire ; au contraire, ici la chevalerie semble prendre une valeur éthique. La meilleure définition de Paratge est peut-être ici le droit à son propre héritage : un droit qui n'est pas seulement celui d'un lignage noble, mais aussi de toute une société. L'éthique consiste à lutter pour ses droits propres et ceux de ses alliés, une différence notable avec l'éthique du vasselage dans les sources françaises de Flori. »

  • Robert LAFONT, La geste de Roland, tome 2 : Espaces, textes, pouvoirs, Paris, l'Harmattan, 1991 :
    « Étymologiquement paratge est formé sur par 'égal'. Il marque l'entente d'hommes qui se reconnaissent égaux entre eux. Le terme est d'origine aristocratique : il est apparu entre personnes 'de haut parage'. Il désigne la noblesse de sang et par suite d'âme. Mais il n'est pas généralement une qualité morale spécifique qui envahit la société, l'organise, lui donne un sens. Ce qu'il devient dans la seconde partie de la Chanson de la Croisade. »

  • Robert LAFONT, Prémices de l'Europe, Arles, Sulliver, 2007, Coll. Archéologie de la modernité :
    « C'est donc une valeur d'abord aristocratique, mais si elle signifie une égalité de rang en une classe, c'est dans la mesure où l'âme mérite la naissance. On reconnaît là l'idéal de la chevalerie dans sa pureté conquise, accessible à tout homme qui consacre sa vie à le servir. »

  • Miquèla STENTA, Larguesa : un art du don dans l'Occitanie médiévale, Montpellier, CRDP de l'Académie de Montpellier, 2011.
    « Paratge, c'est la noblesse de rang et d'esprit qui, dans ce cas, n'exclut pas la reconnaissance par le mérite, comme pairs, d'hommes d'origine humble. »

  • Miquèla STENTA, Les valeurs de la société de Cortesia : en pays d'Oc aux XIIe et XIIIe siècles, Meuzac, lo Chamin de Sent-Jaume, 2011. (à propos du concept de paratge dans le poème de la Canso)
    « Si paratge est cette noblesse de cœur, il est aussi un sentiment patriotique-national. (…) On se bat pour le défendre ou le rétablir ; il représente toute une civilisation. Il faut sauver paratge comme une patrie. »

  • Eliza MIRUNA GHIL, L’Âge de Parage : essai sur le poétique et le politique en Occitanie au XIIIe siècle, New York-Bern-Frankfurt am Main-Paris, Peter Lang, 1989.
    « Le terme de 'paratge' appartient à l'origine au vocabulaire du droit vassalique et nomme l'institution féodale qui règle l'héritage et le morcellement des fiefs. Il s'emploie, par exemple, pour préciser les obligations du fils aîné dans la famille noble à l'égard de son seigneur et de ses frères cadets. Dans la poésie courtoise le terme prend des connotations plus générales de valeur personnelle – par exemple, lorsqu'il est employé pour décrire la dame aimée dans la canso d'amour, qui est alors 'de gran paratge', 'd'aut paratge' ou lorsqu'il est employé par référence au sujet lyrique, dans le cas d'une trobairitz ('mos paratges', dit la comtesse de Dia). Il peut s'appliquer aussi, dans le sirventes, aux membres de la société courtoise qui partagent les valeurs morales chères aux troubadours et qui reçoivent l'appellation de 'om de paratge'.  Cette qualité n'est pourtant pas considérée comme essentielle, car c'est la noblesse de cœur (surtout amoureux) qui fait la valeur de l'individu et non pas celle de naissance. La fin'amor promeut ainsi, aux yeux d'une société différenciée hiérarchiquement, la possibilité morale d'une 'méritocratie'. »

1-2/ Définitions idéologiques

Qu'elles soient réellement fantasmées par les auteurs ou pensées dans l'idée légitime de bâtir une culture occitane contemporaine à partir de son héritage littéraire, les définitions que nous appelons par commodité « idéologiques » - sans jugement de valeur - affirment l'existence du concept de « paratge » au sein d'une partie de la société contemporaine, le terme fonctionnant comme un lieu de mémoire. Le terme est à ce titre fréquent dans la création artistique (littéraire, musicale, etc.). Parmi cette production idéologique, on peut signaler le texte célèbre de la philosophe Simone Weil : « L'agonie d'une civilisation vue à travers un poème épique » publiée en 19434.

  • Émile NOVIS (pseudonyme de Simone WEIL), « L'agonie d'une civilisation », dans Le Génie d'oc et l'homme méditerranéen : études et poèmes, les Cahiers du Sud, 1943 :
    « Le poète de Toulouse [l'auteur anonyme de la deuxième partie de la Canso] sent très vivement la valeur spirituelle de la civilisation attaquée ; il l'évoque continuellement ; mais il semble impuissant à l'exprimer, et emploie toujours les mêmes mots, Prix et Parage, parfois Parage et Merci. Ces mots, sans équivalents aujourd'hui, désignent des valeurs chevaleresques. Et pourtant, c'est une cité, c'est Toulouse qui vit dans le poème, et elle y palpite tout entière, sans aucune distinction de classes. Le comte ne fait rien sans consulter toute la cité, 'li cavalier el borgez e la cuminaltatz', et il ne lui donne pas d'ordres, il lui demande son appui ; cet appui, tous l'accordent, artisans, marchands, chevaliers, avec le même dévouement joyeux et complet. C'est un membre du Capitole qui harangue devant Muret l'armée opposée aux croisés ; et ce que ces artisans, ces marchands, ces citoyens d'une ville – on ne saurait leur appliquer le terme de bourgeois – voulaient sauver au prix de leur vie, c'était Joie et parage, c'était une civilisation chevaleresque. »

  • Fernand Niel, Albigeois et cathares, Paris, Presses universitaires de France, 1955, Que sais-je ?
    « Paratge (signifie) honneur, droiture, égalité, négation du droit du plus fort, respect de la personne humaine pour soi et pour les autres. Le paratge s'applique dans tous les domaines, politique, religieux, sentimental. Il ne s'adresse pas seulement à une nation ou à une catégorie sociale, mais à tous les hommes, quelles que soient leur condition et leurs idées. »

  • Paul OURLIAC, « Réalité ou imaginaire : la féodalité toulousaine », dans Religion, société et politique : mélanges en l'honneur de Jacques Ethel, Paris, Presses universitaires de France, 1983 :
    « L'unité du Languedoc existe par sa langue mais plus encore dans cette communauté d'idéal qu'exprime le « Paratge » : un idéal qui est fait de loyauté, d'équité, de fidélité, de respect du droit, tout ce qui oppose le Midi aux chevaliers croisés. »

1-3/ Sur l'importance de paratge dans la Canso de la Crozada

  • Yves DOSSAT, « La croisade vue par les chroniqueurs », dans Paix de Dieu et Guerre sainte en Languedoc au XIIIe siècle, Toulouse, Privat, Cahiers de Fanjeaux, n° 4, 1969.
    « L'auteur de la seconde partie de la Chanson est un adversaire résolu de la croisade et pour tout dire un partisan. Bien qu'il ne l'exprime pas ouvertement, il n'est certainement pas loin d'admettre que les croisés sont des suppôts de Satan. Pour traduire sa pensée, le continuateur introduit dans la Chanson des allégories qui représentent les qualités et les vertus des uns, les vices et les tares des autres.
    D'un côté se trouvent Paratge, la noblesse d'âme, le sentiment de l'honneur, les vertus d'un cœur généreux, inséparable de Pretz, le mérite personnel, qu'accompagnent le bon droit, Dreitz, la justice de la cause, Dreitura, la loyauté, Lialtatz. De l'autre l'orgueil, Orgolhs, l'esprit de démesure, Desmesura, la fourberie, Engans, la mauvaise foi, Falhimens. »

  • Philippe MARTEL, Les cathares et l'histoire : le drame cathare devant ses historiens : 1820-1992, Toulouse, Privat, 2002, coll. Catharisme.
    « En face [de l'Historia albigensis de Pierre des Vaux-de-Cenay], il y a la Chanson de la croisade, tout aussi engagée, surtout dans sa seconde partie, rédigée en occitan vers 1228 et qui est en fait un appel aux sujets du comte de Toulouse, au moment du dernier grand choc avec les croisés de Louis VIII. Ici encore, il serait vain d'attendre de notre auteur trop de nuances : les croisés sont des imposteurs et des usurpateurs, à l'ambition démesurée. Les seigneurs occitans, et notamment le jeune comte Raimond VII, représentent les valeurs courtoises – l'intraduisible Paratge par exemple – valeurs proposées à toute une population en guide d'idéologie « nationale » : l'état des liens féodo-vassaliques en pays d'oc ne permettant pas au poète-popagandiste de jouer uniquement de cette corde ('Nous suivons le comte parce qu'il est notre seigneur'), il faut compléter : 'Nous le suivons parce qu'il respecte les usages et valeurs du pays, et que ceux d'en face ne les suivent pas.' »

2/ Occurrences et emplois du terme

La Concordance de l'Occitan médiéval5 permet d'effectuer des recherches lexicales dans l'ensemble du corpus des textes littéraires en ancien occitan (corpus des Troubadours, corpus des textes narratifs en vers). La COM relève plus de 200 occurrences du terme paratge dans le corpus littéraire en ancien occitan (par comparaison « prètz » a plus de 2'300 occurrences sur le même corpus, larguesa ou dreitura, une centaine). À noter que le terme paratge apparaît 48 fois dans la seule Canso de la Crozada.

Assez fréquent chez le troubadours sans représenter pour autant une valeur centrale, l'expression « de (bon) paratge » désigne la qualité de naissance de la dame noble du poème au même titre que « de bon aire » ou « de bon linhatge ». Il s'applique de même pour qualifier la noblesse d'un chevalier, et par extension, la famille noble, la noblesse. Il prend également chez certains troubadours le sens de noblesse de cœur et de mérite. Il est surtout le concept essentiel de la Canso de la Crozada ou il peut désigner le comte de Toulouse et ses alliés, être une allégorie de la ville de Toulouse, résumer l'ensemble des valeurs morales positives à défendre et « à restaurer » face aux croisés.

Comtesse de Dia
Valer mi deu mos prètz e mos paratges
E ma beutatz, e plus mos fis coratges
« Mon mérite, ma haute naissance, ma beauté et plus encore mon cœur fidèle doivent me faire valoir. »

Girard de Roussillon
N'a baron chevaler de nul parage
N'i aie perdut home de son lignage
« Il n'y a pas de noble chevalier d'aucune famille qui n'ait perdu [dans la bataille] homme de sa parenté »

Guiraut de Bornelh 
Mot era dous e plazens
lo temps gay cant fon eslitz
paraties, et establitz ;
que.ls drechuriers conoissens
lials, francx, de ric coraties
plazens, larcx, de bona fe
vertadiers, de gran merce
establi hom de paratie
per cui fo servir trobatz
cortz e domneis e donars
amors et totz benestars
d'onor e gran drechura
« Il était doux et plaisant le temps joyeux où la noblesse fut choisie et créée ; car paratge fut conféré à ceux qui étaient justes et sages, loyaux, francs, au cœur noble, plaisants, généreux, de bonne foi, sincères, compatissants. C'est grâce à de tels hommes qu'on été inventés le service courtois, le domnei, la largesse, l'amour et toutes les coutumes agréables, selon l'honneur et le droit. »

Dans l'Ensenhamen d'Arnaut de Mareuil
Li borzes eissamens
An pretz diversamens ;
Li un son de paratge
E fan faitz d'agradatge
« Les bourgeois, de même, ont du prix diversement, les uns sont de grande famille, et agissent de manière agréable. »

La Vida de Peire Cardenal
Peire Cardinal si fo de Veillac, de la siutat del Puei Nostra Domna ; e fo d'onradas gens de paratge, e fo filz de cavallier e de domna...
« Pierre Cardenal était du Velay, de la cité du Puy-Notre-Dame ; il était d'une honorable famille de la noblesse, fils d'un chevalier et d'une dame... »

Canso de la Crozada : discours par lequel le troubadour Gui de Cavalhon accueille le jeune comte de Toulouse sur le chemin d'Avignon (laisse 154, vv.6-17)
Mons Guis de Cavalhon desobr'un caval ros
A dig al comte jove : « Òimais es la sasos
Que a grands òbs Paratges que siatz mals e bos, Car lo coms de Montfòrt que destrui los baros
E la Glèisa de Roma e la predicacios
Fa estar tot Paratge aunit e vergonhós,
Qu'enaissí es Paratges tornats de sus en jos
Que si per vos no.s lèva per tostemps es rescos.
E si Prèsts e Paratges no.s restaura per vos,
Doncs es lo mòrts Paratges e tots lo mons en vos,
E pòs de tot Paratge ètz vera sospeiços,
O tots Paratges mòria o vos que siats pros ! »
« Messire Gui de Cavalhon, monté sur un cheval roux, / a dit au comte jeune : « Voici le moment / où Paratge a besoin que vous soyez belliqueux et brave, / car le comte de Montfort qui détruit les barons / et l'Eglise de Rome et ses prédicateurs / couvrent Paratge de honte et d'ignominie / au point que Paratge est tellement tombé à la renverse / que s'il ne se redresse pas grâce à vous, il disparaîtra pour toujours. / Et si vous ne restaurez pas Mérite et Paratge / alors, par votre faute, sont morts Paratge et tout l'univers ; / et puisque de tout Paratge vous êtes la véritable espérance, / il faut que tout Paratge meure ou que vous soyez vaillant »

 

-----------------------------------------------------------

 

Notes : 

1. Philippe MARTEL, Les cathares et l'histoire : le drame cathare devant ses historiens : 1820­-1992, Toulouse, Privat, 2002, coll. Catharisme.

2. Sur l'évolution de l'interprétation de la Canso de la Crozada au XIXe et au XXe siècle, voir Philippe MARTEL, op. cit. : « Pour Mary­-Lafon et Peyrat, les valeurs de la civilisation occitane médiévale existaient d'abord par leur caractère démocratique et progressiste : elles annonçaient celles qui triomphent en France après la Révolution. Chez nos auteurs du XXe, ce caractère démocratique est second. Joi et Paratge définissent une éthique abstraite, pas un comportement social. Et surtout, ces valeurs sont immanentes, ancrées presque biologiquement dans l'homme d'oc, et échappent donc à l'histoire. »

3. « Qualité, extraction, haute naissance. » (TLFI) ; la parage est également un concept de droit féodal réglant les partages entre aînés et puînés.

4. « La civilisation qui constitue le sujet du poème n'a pas laissé d'autres traces que ce poème même, quelques chants de troubadours, de rares textes concernant les cathares, et quelques merveilleuses églises. Le reste a disparu ; nous pouvons seulement tenter de deviner ce que fut cette civilisation que les armes ont tuées, dont les armes ont détruit les œuvres. Avec si peu de données, on ne peut espérer qu'en retrouver l'esprit ; c'est pourquoi, si le poème en donne un tableau embelli, il n'en est pas par là un moins bon guide ; car c'est l'esprit même d'une civilisation qui s'exprime dans les tableaux qu'en donnent ses poètes. (...) Chaque civilisation, comme chaque homme, a la totalité des notions morales à sa disposition, et choisit. (...) Si l'intolérance l'emporta, c'est seulement parce que les épées de ceux qui avaient choisi l'intolérance furent victorieuses (...) L’Europe n'a plus jamais retrouvé au même degré la liberté spirituelle perdue par l'effet de cette guerre. »

5. Peter T. RICKETTS (éd.), Concordance de l'Occitan médiéval : Les troubadours. Les textes narratifs en vers [CD ROM], Brepols.



-----------------------------------------------------------


CIRDOC-reserves.jpg.jpg
Statistiques de la production éditoriale occitane actuelle
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)
Votre question : Je souhaite obtenir des statistiques sur la production éditoriale en langue occitane.

Notre réponse :
À la différence d’une production nationale qui peut être évaluée à partir de statistiques officielles exploitant des données réglementaires (dépôt légal, déclarations obligatoires des éditeurs et producteurs, ISBN, etc.), réunies dans des fichiers contrôlés, la production d’expression occitane, qui ne se définit pas par un pays ou une région administrative unique de production mais par la langue de publication, n’a pas de fichier d’information spécifique : elle est comptabilisée dans les productions nationales des différents pays, et régionales des différentes régions, au sein desquels des éditeurs et producteurs publient des productions d’expression occitane.

Comment nous évaluons la production d’expression occitane ?
Le CIRDÒC, dans le cadre de ses missions de bibliothèque publique de référence et pôle associé de la Bibliothèque nationale de France, acquiert l’ensemble de la production d’expression occitane (livres, CD, DVD, partitions, revues, etc.) qui paraît en France et à l’étranger. Les bases de données d’information documentaire du CIRDÒC permettent donc de faire une évaluation de la production éditoriale occitane contemporaine. Si l’exhaustivité est difficilement atteignable, des comparaisons ont été faites avec différentes bases de données documentaires, et il apparaît que les productions d’expression occitane contemporaines absentes des collections du CIRDOC sont relativement rares. Pour autant, ces chiffres ne constituent pas une statistique officielle, mais ils peuvent donner une image globale de l’état de la production occitane actuelle.

Période prise en compte pour l’établissement des données :
Les données ci-dessous ont été produites sur des moyennes annuelles sur une période de quinze ans allant de 2000 à 2014 (point 1.).
Pour les titres de journaux, revues et publications périodiques, les données concernent les années 2002 et 2015 (point 2.).

1. Nombre de produits d’expression occitane édités en moyenne chaque année :

(tous supports : livres, K7 ou CD, VHS ou DVD, partitions, CD-Rom et docs multimédia, etc. à l’exception des journaux et revues).
233 productions d’expression occitane sont référencées en moyenne chaque année dans les bases du CIRDOC. Sur la période de 2000 à 2014, on ne repère pas d’évolution majeure, les données sont relativement stables contrairement au nombre de publications périodiques (voir point 2.)

Répartition des productions par type (moyenne annuelle 2000-2014) :

- Livres : 166
- Supports sonores : 58 (CD en majorité) ;
- Supports vidéos : 8 (DVD en majorité) ;
- Autres (partitions musicales) : 1. 

Répartition des publications par genre :

(Tous supports confondus)
- Œuvres de fiction : 51 % ;
- Essais, œuvres scientifiques et documentaires : 30 % ;
- Œuvres musicales et sonores : 19 %.

Répartition des œuvres de fiction par genre :

- Romans et nouvelles : 35 % ;
- Poésie : 30 % ;
- Contes et fables : 25 % ;
- Théâtre : 6 % ;
- Humour : 3 % ;
- Autres (bandes dessinées et films de fiction) : 1 %.

Répartition des essais et documentaires par domaines :

- Langue et linguistique : 34 % ;
- Études et histoire littéraire : 32 % ;
- Sciences humaines et sociales, histoire, essais politiques, etc. : 18 % ;
- Autres domaines (sciences et techniques, arts, loisirs) : 16 %.

Répartition des œuvres musicales et sonores par genre :

- Musiques actuelles : 41 % ;
- Musiques traditionnelles régionales : 41 % ;
- Musiques anciennes et savantes : 11 % ;
- Autres genres (textes lus, collectages et mémoire sonore, etc.) : 7 %.

2. Nombre de journaux, revues et publications périodiques d’expression occitane (comparatif 2002-2015) :

En 2002, le CIRDÒC avait identifié 89 titres vivants de publications périodiques d’expression occitane (revues, journaux, almanachs, bulletins d’information, etc.). Il n’y en aurait plus que 50 en 2015, indiquant une importante baisse des parutions périodiques imprimées au cours de la décennie, explicable en partie par le mouvement général de diminution des périodiques imprimés au profit de sites et publications numériques.
generique_febuslight.jpg
Gaston Fébus : un prince occitan
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)
ACCÉDER À L'EXPOSITION 

Gaston III comte de Foix et Vicomte de Béarn est entré dans la légende sous le nom et la graphie occitane de Febus.
Dans le contexte tumultueux de la Guerre de Cent Ans (1337-1453) qui oppose royaumes de France et d'Angleterre, il marque son temps par son sens aigu de la politique et son amour des arts et des lettres. Si l'on retient surtout les faits d'armes de ce stratège militaire, le faste de sa cour et les débordements de son caractère, Fébus eut également un rôle prépondérant sur le développement de la langue et de la culture occitanes au XIVe siècle.
Fin connaisseur de l'occitan dans sa variante béarnaise comme de l'occitan littéraire forgé par les troubadours, il fait de sa langue maternelle un outil politique lui permettant d'asseoir son pouvoir sur l'ensemble de la population de ses domaines. La langue occitane est également pour lui un agent de développement culturel, notamment dans le domaine scientifique.

 

Rapaton-affiche-rapatonadas-2015_IEO-15_vignette.jpg
Je cherche des informations sur le « rapatanàs », sorte de créature effrayante dont j’entendais parler dans mon enfance, dans la région d’Albi.
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)
Votre question : Je cherche des informations sur le « rapatanàs », sorte de créature effrayante dont j’entendais parler dans mon enfance, dans la région d’Albi.

Notre réponse :
Parmi tous les êtres fantastiques qui peuplent l’imaginaire populaire en pays occitans, on trouve un grand nombre de créatures maléfiques dont les parents usent pour faire peur aux enfants et leur signifier dangers et interdits. Ces « croque-mitaines » présents dans les imaginaires du monde entier, prennent des formes, des aspects et des appellations différentes selon les langues, les cultures et les régions.

Image d’Épinal (Le véritable Croquemitaine, Maison Pellerin, 1856 ; détail). En ligne sur gallica.bnf.fr, Collection Bibliothèque nationale de France. « Monsieur Croquemitaine emporte deux petits vauriens dans sa prison »

Dans l’espace occitan :

Parmi les êtres maléfiques les plus connus on trouve lo babau, la babarauda, la babaronha, la babòta, la baragonha, lo barban, la bofatina, la cata-ferrada, la faramauca, la garramauda, la granhauda, la marrochina, la mecosa, lo palhassa, la paparaunha, la patatualha, lo pelomàs, lo pelharòt ou encore la romeca.

Dans le Tarn :

Les nombreuses enquêtes menées par le CORDAE-La Talvera sous la direction de Daniel Loddo font du Tarn une région particulièrement bien documentée sur les imaginaires populaires et les éléments du patrimoine culturel immatériel. Sont attestées notamment la cachavièlha, la garramacha, la bèstia ramacha, la pantaramacha, lo badaluc, la catamiauna, la tataraunha, la cata ramagèla.
Dans le registre des peurs enfantines on retrouve aussi fréquemment des personnages de fées, fadarèlas ou fachilièiras, et les créatures sauvages, la salvatja, la salimonda ou la saurimonda.

Nous n’avons pas trouvé dans la documentation le personnage du « rapatanàs » mais on peut penser qu’il s’agit d’une variante du fameux rapaton, petit diable ou « diable de 2e classe » (Charles Mouly, voir bibliographie ci-dessous). En occitan, le suffixe -às, très courant, est employé comme augmentatif. Le rapatonàs (se prononce « rapatounas ») désigne donc une sorte de gros diable.

Le « rapaton » est l’emblème du festival des « Rapatonadas » (IEO 15). Affiche de l’édition 2015


Le rapaton quant à lui, plus espiègle que véritablement maléfique, a donné son nom au festival des contes et de l’oralité du Cantal, les « Rapatonadas », organisé chaque année par l’Institut d’Etudes occitanes du Cantal.

Pour en savoir plus, quelques conseils de lecture :

- LODDO, Daniel, PELEN, Jean-Noël, Êtres fantastiques des régions de France : actes du colloque de Gaillac, 5, 6, 7 décembre 1997, L'Harmattan, 2001.

- Les croquemitaines : faire peur et éduquer, Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, 1998.

- Êtres fantastiques dans les Alpes : recueil d'études et de documents en mémoire de Charles Joisten (1936-1981), Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, 1992.

- PINIES, Jean-Pierre, Croyances populaires des pays d'Oc, Rivages, 1984.

Enquêtes ethnographiques du CORDAE-La Talvera :

- LODDO, Daniel, Gents del país gresinhòl : canton de Castelnau-de-Montmiral (Tarn), CORDAE/La Talvera, 2010.

- LODDO, Daniel, Legendas d'Occitània : Albigeois, Montagne Noire, Quercy, Rouergue, CORDAE-La Talvera, 2005.

- LODDO, Daniel, Gents del Segalar : cantons de Carmaux, Monestiès, Pampelonne, Valdériès, Valence : Tarn, C.O.R.D.A.E./La Talvera, 2002.

Consulter le catalogue du centre de documentation du CORDAE-La Talvera : Site CORDAE/La Talvera


Contes avec le personnage de Rapaton :

- MOULY, Charles, « La légende du pont Valentré de Cahors en Quercy », dans : Mon sabot de verre : Contes et légendes des Pays d’Oc, éditions du Raffut, 2008.

- PERBOSC, Antonin, « Polichinelle et Rapatou », dans Contes de Gascogne, éditions Erasme, 1954.
vignette.jpg
Foires et marchés de Noël en Occitanie
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)
Si les « marchés de Noël » évoquent plutôt les traditions d’Alsace et des pays germaniques, l’Occitanie n’est cependant pas en reste avec de nombreuses fièiras (foires) qui avaient lieu au temps de Noël.
Partout en Occitanie, les rites familiaux qui accompagnent la célébration de Noël nécessitaient un approvisionnement en produits parfois très particuliers suscitant marchés et foires plus ou moins importants. Il s’agissait en particulier de se procurer les ingrédients et mets pour le repas de la veille de Noël, le gròs sopar (gros souper) en Provence, repas en réalité « maigre » et la merluça (morue) était répandue dans tous les pays d’Oc. En Provence, c’est surtout pour les fameux treize desserts que l’on va s’approvisionner à la foire, dont les nogats (nougats) vendus par les nogatièras (marchandes de nougats). Bref, comme le note Arnold Van Gennep : « en Provence, le gros souper était une affaire importante ».  
Il fallait aussi se procurer les objets et instruments des rites domestiques, complémentaires du rite religieux de la messe de minuit : des chandelles - les « candelas calendalas » (chandelles de Noël) évoquées par Mistral dans le Tresor dóu Felibrige - les santons de la Nativitat (la crèche) et bien sûr les étrennes que l’on offre aux enfants.
Si la Provence a ses marchés de Noël emblématiques qui existent pour certains depuis le XIXe siècle et qui sont très actifs aujourd’hui autour des foires aux santons et des ingrédients nécessaires aux treize desserts, l’ouest occitan a quant à lui ses « foires aux gras », qui se tiennent traditionnellement autour de la  fête de la Saint Martin (11 novembre), la période d’avant Noël étant aussi celle de la tualha du cochon ou des volailles grasses.

Quelques foires de Noël anciennes

La fièra dei santons de Marseille :
La plus ancienne et célèbre foire aux santons est celle de Marseille qui se tenait le premier dimanche de l’Avent. La première s’est tenue en 1803 sur les Allées de Meilhan, puis devant le succès remporté par cette exposition, elle a été déplacée en 1808 sur le cours Belsunce.
Aux étals des marchands de santons se mêlaient des baraques de confiseurs, des étalages de plantes, papiers de couleur et toutes sortes d’accessoires servant à la confection de la crèche familiale.
L’écrivain provençal Joseph Desanat (1796-1873) a donné une longue description de cette foire des santons de Marseille dans son journal Lou Bouil-Abaïsso (n° 47, 17 décembre 1841 : « Marsio. Leis crèchos et leis santouns doou cous » : Marseille. Les crèches et les santons du Cours).

Foire des santons à Marseille d'après un croquis de Ch. Parot, Gravure, La Presse illustrée, 25 décembre 1869« Lou pople marsies de touto counditien
Aimo renouvella seis vieios traditien ;
(...)
Soou que dessus lou Cous dins de barraquo estrecho
Troubara de santoun et de fres roumanieon
Verduro, papié blu, pooussiero d’or, agneou.
Saou que su de gradin à pleno canestrello
Li vendoun de souleou, de ciel eme d’estello
La Viergi, san Joousé, l’establé, l’ai, lou buou,
De mitroun, de paysano eme sies paniés d’uou. »

« Le peuple marseillais de toutes conditions
Aime à renouveler ses vieilles traditions ;
(...)
Il sait que sur le Cours dans des baraques étroites
Il trouvera des santons et du romarin frais
Verdure, papier bleu, poussière d’or, agneaux.
Il sait que sur des gradins à pleines corbeilles
Il se vend des soleils, des ciels avec étoiles
La Vierge, saint Joseph, l’étable, l’âne, le bœuf,
Des mitrons, des paysannes avec leurs paniers d’œufs. »
Lire le texte complet sur Gallica

Actualités de la Foire aux santons de Marseille :
http://www.foire-aux-santons-de-marseille.fr

Riez (Alpes-de-Haute-Provence), de la « foire froide » au « marché calendal » :
Ce marché de noël existe encore de nos jours, c’est le « marché calendal » de Riez. La foire de Riez, dite « foire froide » est déjà signalée par Arnold van Gennep dans son Manuel de folklore français ou encore Marcel Provence en 1936 : « Jadis, avant Noël, on allait à Riez, à la foire du 21 décembre, la foire froide, acheter les figues, les dattes, les nougats, les produits nécessaires aux treize desserts de la Noël. » (« le Folklore de Moustiers » dans : Annales des Basses-Alpes : bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes, t. XXVI, 171, 1936. Article consultable en ligne sur Gallica :
 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5665757v/f257)

« Lo bon diluns » d’Alais (Alès, Gard) :
Grand marché qui avait lieu le lundi avant Noël (cité par F. Mistral, Tresor dóu Félibrige)

« La fièira de las femnas gròssas » de Verfeil (Tarn-et-Garonne)
Verfeil avait sa foire de Noël, que certains appelaient « fièira de las femnas gròssas » : « parce qu'il y avait peu de monde et les grosses femmes pouvaient facilement circuler. »
source : CORDAE-La Talvera : Enquête : Mémoires de Castanet / Informateur Ardourel, Berthe ; Enquêteur Bedel, Christian-Pierre ; Enquêteur Loddo, Daniel.
http://cordae-talvera-documentation.kentika.fr/Record.htm?idlist=6&record=19153023124919712059
tema_diccionari-desvolopament-durable.jpg
Petit dictionnaire occitan du développement durable / CFPO-MP - CIRDÒC
CFPO Miègjorn-Pirenèus
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)
Ce petit dictionnaire vous propose de découvrir en occitan (languedocien) les principaux termes et concepts liés au développement durable.

Coproduit par le CFPO Midi-Pyrénées et le CIRDÒC.
Alouette et calandre. Buffon, Georges Louis Leclerc; Daubenton, Edme-Louis; Martinet, Francois Nicolas / Planches enluminées d'histoire naturelle / 1765-1783?
Que signifie le mot « Calandreta » ?
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Calandreta [kalɑ̃'dretɔ] est le nom donné par ses fondateurs à la première école associative et immersive occitane qui ouvre à Pau le 5 janvier 1980. Dans le même temps, un projet similaire mené à Béziers, sans concertation avec le premier, aboutit à la création d’une autre école en septembre de la même année. Le terme Calandreta est adopté à Béziers, fédérant les deux établissements : la Calandreta Paulina (« paloise ») et la Calandreta l’Ametlièr (« l’amandier ») sont nées.1 

Qu'est-ce qu'une « calandreta »

Utilisé sur tout l’espace occitan méditerranéen, des Alpes aux Pyrénées, le terme ”calandra” ou “calandreta” (sous sa forme diminutive) désigne en occitan une espèce particulière d’alouette : les alouettes calandre (Melanocorypha calandra) et calandrelle (Calandrella brachydactyla). Par extension, le terme peut désigner aussi l'alouette de manière générique. 

Le mot « calandre », outre le mâle de la « calandra », désigne par ailleurs un apprenti. 2

« Calandrons » et « calandrins »

Comme l’indique l’emploi du suffixe diminitutif “-on” (au féminin “-ona”), que l’on retrouve par exemple dans « pichon », le calandron est un oisillon, le petit de la calandra ; en plus d’un élève de Calandreta, le terme est aussi employé pour désigner un poupon. 3

Le calandrin est, quant à lui, une jeune alouette. C’est aussi le nom donné aux futurs regents lors de leur année de formation à l’établissement d’enseignement supérieur occitan Aprene (“apprendre”). 

Dans un tout autre registre, le calandrin est par ailleurs le nom occitan du caladrius ou caladre, créature légendaire décrite dans maints bestiaires médiévaux sous les traits d’un oiseau, souvent blanc, au chant mélodieux et aux pouvoirs guérisseurs et divinatoires. Ainsi apprend-on dans Aiso son las naturas d'alcus auzels e d'alcunas bestias, imitation anonyme du XIIIe siècle, en occitan, du Bestiaire d'amour de Richard de Fournival :

« S’òm pòrta un calandrin davant un òme qu’es malaut et qu’òm lo gete sus son lièch, se lo Calandrin agacha l’òme a la fàcia, aquò’s signe qu’es per garir mas se virala coa, aquò’s s senhal de mòrt. »4

[« Si l’on porte un calandrin devant un homme qui est malade et qu’on le jette sur son lit, si le calandrin regarde l’homme en face, c’est signe qu’il va guérir mais s’il tourne la queue, c’est signal de mort. »]

Noms de famille

En occitan, l’alouette porte différents noms d’oiseau. 
On emploie pour désigner les membres de cette famille des Alaudidés (familha dels Alaudidats) les termes génériques lausa, alausa, alauda ou lauseta et les variantes alauseta, laudeta...
Mais ces termes peuvent aussi caractériser particulièrement l'alouette des champs (Alauda arvensis).
L'alouette calandre (Melanocorypha calandra) porte aussi le nom de gratisset (n.m.) ou de torrolha (n.f.).
Le cochevis huppé (Galerida cristata) est appelée la cauquilhada, la capurlada.
L’alouette lulu (Lullula arborea) est nommée, quant à elle, lo cotoliu,  la cotolina ou la bedoïda.
Enfin, l'alouette hausse-col (Eremophilia alpestris) a pour nom occitan la calandra mejancièra.

En chansons

À l’instar de la “gentille alouette” de la comptine française, la calandreta figure en bonne place dans le répertoire musical occitan avec le chant traditionnel de la vallée d’Ossau Au verdurèr (« Dans le jardin ») repris et adapté par le groupe Nadau sous le titre Pengabelòt :

Au verdurèr je me n’entrè
Tres arrosetas m’i trobè
Aussau ! Mas amoretas
Aussau ! Jo me n’i vau !
Tres arrosetas m’i trobè
Que las copé, que las ligué
A mas amors las enviarè
Mes qui serà lo messatgèr ?
La calandreta o l’espervèr ?
La calandreta ei cap-leugèr
E l’esparvèr qu’ei mensongèr.
Jo medisheta i anirè !

Dans le jardin je suis entré
Trois petites roses j’y ai trouvées
Ossau ! Mes amourettes
Ossau ! Je viens à vous !
Trois petites roses j’y ai trouvées
Je les ai coupées, je les ai liées
À mes amours je les enverrai
Mais qui sera le messager ?
L’alouette ou l’épervier ?
L’alouette est tête-en-l’air
Et l’épervier est menteur
Je m’en irai moi-même !

Le chanteur gascon Marcel Amont a quant à lui consacré une comptine à la calandreta et aux écoles qui en portent le nom.

(...) Mainadets, qu’avetz tot sabut
Sus l’emplumat e lo pelut
L’esgarrapiaire e lo cornut
Cercam en aqueste coplet
Qui vaden tots los poquets :
Canhòts, porins, anherets
(...)
E que hè la calandreta ?
Calandreta, calandreta
Ausereta valenteta
Pones beròis calandrons
Per Pau, Ortès, Auloron (...)
 (...) Les enfants, vous avez tout su
Sur l’emplumé et le poilu
Le griffu et le cornu.
Cherchons dans ce couplet
Comment naissent tous les petits :
Chiots, poulains, agnelets 
(...)
Et que fait la calandrette ?
Calandrette, calandrette
Petit oiseau vaillant
Tu ponds de jolis « calandrons »
À Pau, Orthez, Oloron (...)5

Et ailleurs ?

Si les écoles associatives occitanes ont choisi un oiseau pour emblème, leurs homologues bretonnes se sont placées sous le signe de la terre en jetant leur dévolu sur le nom de Diwan, qui signifie « germer ». Les Basques de la fédération d'écoles « Seaska » et les Catalans des écoles « Bressolas » ont quant à eux opté pour la symbolique du « berceau ».

 


1. cf. BACCOU, Patrice. L'aventure des Calandretas. In Confederacion occitana de las escòlas laicas Calandretas. Calandreta : 30 ans de creacions pedagogicas. Montpelhièr : La Poesia : Confederacion occitana de las escòlas laïcas Calandretas, 2010. 366p. ISBN : 978-2-914243-14-8. pp.358-362

2. MISTRAL, Frédéric, Lou tresor dóu Felibrige, ou Dictionnaire provençal-français embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne. Aix-en-Provence : J. Remondet-Aubin ; Avignon : Roumanille ; Paris : H. Champion, [1878-1886]. 2 vol. (1196, 1165 p.). ISBN : 2-86673-113-1.

3. Ibid.

4. Chansonnier dit La Vallière. BnF, ms français 22543. Transcription et traduction française : Yves Rouquette pour l'exposition De la natura de quauquas bèstias illustrée par des œuvres originales de Pierre François (collections CIRDÒC).

5. Lou Cèu de Pau, Lous Mandragòts, LABARRÈRE, André. Chants du Béarn. Pau : Lou Cèu de Pau, 1984. 137 p.


 

Numériser, transmettre : 2e Journée professionnelle du réseau Occitanica
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Affiche de la 2ème Journée Occitanica

Présentation de la journée :

Depuis la fin des années 1990, la numérisation du patrimoine documentaire a représenté un objectif stratégique des politiques publiques aux niveaux national et européen.
Après deux décennies de numérisation et de diffusion des documents au sein des bibliothèques numériques et portails culturels territoriaux ou thématiques se pose maintenant la question de l'exploitation de ces immenses gisements de ressources et de données afin de répondre aux nouvelles pratiques culturelles, éducatives. informationnelles des publics, voire d'inscrire la numérisation du patrimoine dans des stratégies globales de croissance économique (innovation technologique, tourisme, marketing, médias, etc.)
L'enjeu de l'exploitation des données documentaires et patrimoniales produites par les programmes de numérisation est particulièrement important pour les acteurs engagés dans des politiques de promotion et de transmission des langues de France. Si elles sont aujourd'hui officiellement reconnues comme une des richesses du patrimoine national et européen, elles n'en constituent pas moins un patrimoine linguistique vivant particulièrement fragile, confronté à des impératifs de sauvegarde d'urgence, classées pour beaucoup d'entre elles par l'Unesco parmi les langues en danger.



La journée « Numériser, transmettre : la numérisation du patrimoine pour la transmission des langues de France » est organisée avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication - « Appel à projets national patrimoine écrit », de la Région Languedoc-Roussillon, de Languedoc-Roussillon Livre et Lecture et de l'ensemble des partenaires du portail interrégional www.occitanica.eu

Appel à Projet Patrimoine Écrit (Ministère de la Culture et de la Communication)

 

sur 5