Mon histoire commence là où s'arrêtent les pleurs. Seul le ruisseau coule. Il a pris toutes les peines avec lui. Au fond du ruisseau repose la carpe. Elle a plus de cent ans. Les carpes vivent longtemps. La carpe ne se souvient de rien, et c'est tant mieux. De toute façon, si elle se souvenait, la carpe ne parlerait pas, parce que les carpes ne parlent pas. Tout le monde sait cela. La carpe sait que dehors, à la surface, il fait beau et cela lui suffit.
Moun istòri coumenço mounte calon li plour. Soulet lou riéu regolo. Carrejo tóuti li mourbin em'éu. Au founs dóu riéu soumiho l'escarpo. Comto mai de cènt an. Lis escarpo vivon long-tèms. L'escarpo se remèmbro rèn, e es tant miés. De tout biais, emai se souvenguèsse de quicon, l'escarpo quincarié rèn, d'abord que lis escarpo podon pas parla. Lou sabèn tóuti. L'escarpo saup que fai bèu deforo, au fiéu de l'aigo, e acò ié sufis.