Etudes et éditions des correspondances de Valère Bernard et Frédéric Mistral
Etudes et éditions des correspondances d'Ulysse Boissier et Frédéric Mistral
Etudes et éditions des correspondances de Prosper Estieu et Frédéric Mistral
Etudes et éditions des correspondances d'Auguste Fourès et Frédéric Mistral
Etudes et éditions des correspondances de Charles Guérin et Frédéric Mistral
Etudes et éditions des correspondances de Raoul Lafagette et Frédéric Mistral
Etudes et éditions des correspondances de Ludovic Legré et Frédéric Mistral
Etudes et éditions des correspondances de Charles-Amédé Mager et Frédéric Mistral
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Etudes et éditions des correspondances d'Achille Mir et Frédéric Mistral
Etudes et éditions des correspondances de Joséphin Péladan et Frédéric Mistral
Etudes et éditions des correspondances de Philadelphe de Gerde et Frédéric Mistral
Statue de Frédéric Mistral
Provence-Alpes-Côte d'Azur
Bouches-du-Rhône
Arles (13200)
Place du Forum
La statue fut inaugurée le 30 mai 1909, place du Forum, à l'occasion des commémorations du cinquantenaire de Mirèio en Arles et en présence de Frédéric Mistral. La veille était inauguré le Museon Arlaten, musée ethnographique dont le projet fut porté par le félibre de Maillane. La réalisation de cette statue fit l'objet d'une souscription nationale et internationale, à laquelle participèrent les plus hautes personnalités intellectuelles, culturelles et politiques de l'époque, ainsi que, et à sa demande, les amis du poète.
Mistral semble en effet avoir éprouvé vis-à-vis de cette attention de son vivant, une certaine gêne dont il s'ouvrit dans sa correspondance à J.Chevalier : "D'autro part, em tant de gènt, e de brávi gènt, que vendran à-n-Arles, pèr me touca la man, sènte que lou fais vai m'aclapa e mandariéu tout au diable, se m'èro permès... (Letttre du 13/04/1909), mentionnée dans l'ouvrage BOSQUI, Mireille, Mistral, Palais du Roure (Avignon); Equinoxe, 1994. P.93).
Durant trois jours en ce mois de mai 1909, Arles fête Mistral et son oeuvre. Le 30 mai au matin, en présence de nombreux officiels, Jules Charles-Roux président du Comité de patronage, le prince Cantacuzène de Roumanie ou le Consul de Suède à Marseille, Mistral découvre la statue qui lui est dédiée, dont l'attitude fera dire à l'auteur "Manco la valiso !" / "Il manque la valise", comparant la pose à celle d'un voyageur en attente. Le même jour, il reçoit des mains de M.Dujardin-Beaumetz, représentant le gouvernement en place, le ruban de Commandeur de la Légion d'Honneur.
Cette statue, en bronze, manqua être fondue sous l'occupation allemande en 1943. Les versions divergent concernant les événements qui conduisirent à la préservation de la statue, due pour certains à l'intervention d'un ferrailleur local, pour d'autres, à l'intervention de trois félibres menés par Paul Ricard. L'industriel, occitaniste, accompagné de Georges Reboul et Raymond Latil aurait alors procédé au démontèlement de la statue, qui fut ensuite stockée et cachée jusqu'à la fin de la guerre. Elle fut finalement réinstallée sur son socle le 3 juillet 1948, en présence de la reine d'Arles, Maryse d'Orgeas. Une dernière version enfin, indique que, manquante, la tête fut recrée à partir du modèle de plâtre laissé par Théodore Rivière. La figure du co-fondateur du Félibrige, acteur de la sauvegarde et de la renaissance de la langue et des traditions, notamment provençales, est d'ailleurs aujourd'hui encore associée à la Fête annuelle des gardians, au début du mois de mai. Un bouquet de salardelle est alors déposé aux pieds de la statue.
Début XXe siècle
Inauguration le 30 mai 1909
Théodore Rivière (1857-1912) – sculpteur, auteur de la statue
Claude-André Férigoule (1863-1946) – sculpteur, auteur du socle
Le monument est le fait de deux artistes, Théodore Rivière, auteur de la statue, et Charles Férigoule, à qui nous devons le socle, et plus particulièrement le médaillon de plâtre à l'effigie de Mireille, personnage emblèmatique de l'ouvrage éponyme de Frédéric Mistral.
Une première version en plâtre date de 1902, semble avoir été à l'origine créée par Théodore Rivière en vue d'orner une cheminée.
Un bronze du même sculpteur, Théodore Rivière, peut-être modèle de la statue d'Arles, se trouve actuellement dans les collections du Palais du Roure (Avignon).
Sculpture
Bronze – statue
Plâtre – médaillon
Statue : 2,5m de haut environ.
Statue : 2,5m de haut environ. Socle : 2m environ de haut.
La statue se présente de pied. Le poète de Maillane porte sur son chef un chapeau et sur le bras gauche son manteau. La main droite est appuyée sur la canne de l'auteur.
Le socle s'articule face par face, en divers enseignements concernant l'oeuvre et la vie de l'auteur commémoré. La face principale porte les mots "Canto uno chato de Prouvènço" / "Je chante une jeune fille de Provence". Le côté droit donne lieu à la liste des personnalités présentes lors de l'inauguration du 30 mai 1909, ainsi que les noms des membres du Comité de patronage ayant porté la démarche de souscription. Au côté gauche, figure une liste des titres des principales œuvres de Frédéric Mistral. La dernière face présente pour sa part le médaillon de la main de Férigoule représentant Mireille.
Notons enfin la grille de fer forgé qui encadre la statue, dont le motif reprend celui des tridents des gardians.
Inscription à l'Inventaire des Monuments historiques depuis le 23/07/2009.
La première rencontre des félibres, le jour de la Sainte-Estelle, reste le symbole de l'association et ce jour marque depuis le rendez-vous annuel des félibres, sous le nom de fête de la Santo Estello ou "félibrée". En 1855, moins d'un an après leur première rencontre, paraît le premier volume de l'Armana prouvençau adouba e publica de la man di felibre, almanach qui porte encore de nos jours la parole des poètes de langue d'oc.
En vertu de ses statuts officiels de 1876, le félibrige est dirigé par un Capoulié (de cap, tête ou chef), assisté d'un chancelier et d'un Consistoire de félibres Majoraux (assemblée) dont le nombre est fixé à cinquante. Les félibres Majoraux se distinguent par la Cigalo (cigale d'or) qu'ils arborent à la boutonnière. Celle-ci, qui a valeur de titre et d’appellation, se rattache le plus souvent à un qualificatif régional ou symbolique et se transmet à leur mort à la suite d'élections2.
Le premier des Capoulié, Frédéric Mistral, sera élu en 1876. C'est le Capoulié qui porte à la boutonnière l'étoile à sept branches3 ainsi que la Coupo4 et qui préside le Consistoire5. Tous les sept ans, les félibres se donnent une reine qui est choisie par le poète lauréat des Jeux Floraux du félibrige6.
La cellule de base de l'organisation félibréenne est l'Escolo (École), dirigée par un Capiscol. Les Escolo sont regroupées au sein de Maintenances, sortes de divisions administratives qui correspondent aux grandes composantes dialectales de la langue d’oc (Prouvènço et Coumtat, Dóufinat, Lengadò, Roussihoun, Guiano, Gascougno, Limousin e Auvergno, Bearn e Fouis)7.
L’association qui voit le jour dans la seconde moitié du XIXe siècle réunit peu à peu un grand nombre de personnalités du Midi et de sympathisants animés par l’idée de refaire de la langue d’oc la grande langue de création littéraire qu’elle avait été au temps des troubadours. Le succès rencontré par le poème Mirèio, de Frédéric Mistral, en 1859, et le prix Nobel de littérature qui lui est attribué en 1904, ainsi que l’impact de l’ensemble de son œuvre permettent au félibrige d’accéder à une notoriété nationale et internationale. Peu à peu, le projet félibréen dépasse l’aventure littéraire pour investir le champ politique et historique.
Le félibrige de 1854 (date de sa création) pose les bases d’une institution originale qui évolue autour du personnage de Mistral et de son œuvre. Mistral, à la fois instigateur et modèle du mouvement en tant que penseur et écrivain, en est également le théoricien par son œuvre de lexicographe. Par la publication en 1876 du dictionnaire Lou Tresor dóu Felibrige, fruit du collectage et de la compilation des parlers des pays de langue d’oc, il propose un outil pour l’usage de la langue (graphie dite "mistralienne" ou "félibréenne"). Frédéric Mistral et ses amis posent le problème de la reconnaissance d’une diversité linguistique et au-delà de la décentralisation et du fédéralisme.
L'institution regroupe des hommes d'opinions différentes aussi bien du point de vue politique (de l'extrême-droite à l'extrême-gauche) ou religieux qu'en ce qui concerne ce que doit être le but de l'action félibréenne (purement culturel, ou déjà politique, autour de la revendication fédéraliste), d'où des débats parfois vifs au cours de son histoire Les questions de choix linguistique, de pédagogie, d’enseignement, de politique sont au cœur des débats. Volontairement détaché des questions politiques, Mistral maintient avec difficulté cette position de neutralité face à l’ampleur du mouvement confronté au centralisme français et aux tentations de revendications fédéralistes ou nationalistes.
Le félibrige réuni quelques centaines d'adhérents, puis quelques milliers pendant l'entre-deux-guerres, majoritairement issus des classes moyennes. Il est à l’origine d’une importante production littéraire qui marque un déclin à partir de 1914, année de la disparition de Mistral et début de la première guerre mondiale, facteur d'érosion des forces vives de la nation. Son influence diminue au lendemain de la seconde guerre mondiale avec l’apparition officielle de l’Institut d’Estudis Occitans (IEO), né à la libération (1945) qui se détache du modèle et des personnalités du félibrige pour proposer un nouveau mode d’action et d’écriture (graphie normalisée dite alibertine du nom du linguiste Louis Alibert).
1 René Jouveau, Histoire du félibrige. 1854-1876, Aix en Provence, 1984, p. 76.
2 Comme les fauteuils pour les Académiciens de l’Académie française.
3 Étoile à sept branches symbole du félibrige en mémoire des sept félibres fondateurs. Cartabèu de de Santo Estello, 1877, p. 11.
4 Coupo félibrenco, coupe d’argent donnée par les Catalans aux poètes provençaux qui en offrent une semblable aux poètes catalans en 1878 et qui a inspiré la chanson de la Coupo Santo (Trésor p. 637).
5 Assemblée des félibres Majoraux.
6 Les concours littéraires organisés par le félibrige ont pris le nom de Grand Jo Flourau dóu Felibrige et Jo Flourau de Mantenènço.
7 Cartabèu de santo estello recuei dis ate ouficuiau dóu felibrige pèr la pountannado de 1877-1882, p. 7, 104.